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Super Bowl : Douze choses à savoir sur Richard Sherman

Richard Sherman

Richard Sherman - -

Star de la défense de fer des Seattle Seahawks, Richard Sherman tentera de remporter le Super Bowl (0h30 dans la nuit de dimanche à lundi) face à l’attaque explosive des Denver Broncos. Découverte d’un provocateur-showman au parcours hors normes.

Il ne faut pas le chercher

Finale de la conférence NFC, mi-janvier. A 22 secondes de la fin, Richard Sherman dévie une passe adressée à Michael Crabtree. Interception. Ses Seattle Seahawks éliminent les San Francisco 49ers (23-17) et disputeront le Super Bowl. Encore dans l’adrénaline, le cornerback (chargé de défendre sur les receveurs qui s’éloignent le plus du passeur) se plie au jeu de l’interview post-match. Entre explosion de colère et jubilation provocatrice : « Quand vous me testez avec un receveur médiocre comme Crabtree, c’est le résultat que vous allez avoir ! (...) N’ouvrez pas votre bouche à propos du meilleur ou je vais vous la fermer très vite ! » En quelques minutes, les réseaux sociaux explosent. « Dingue », « gangster », les commentaires se déchaînent. Avec parfois des relents racistes. Et quelques créations humoristiques. Depuis, le débat s’est invité dans tous les talk-shows sportifs. Même le sérieux Forbes y va de son analyse : « On critique les déclarations inintéressantes et dès qu’un sportif dit ce qu’il pense, on dit qu’il manque de classe. »

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Il est diplômé de Stanford

L’interview polémique a poussé certains à évoquer son « manque d’éducation ». Tout faux. « J’ai toujours bien travaillé en classe et j’étais bon en sport, se souvient-il. Quand vous êtes comme ça, les gens vous trouvent bizarre. » Originaire de Compton, en Californie, ville surtout connue pour ses ghettos et ses guerres de gangs, Richard a terminé deuxième de sa promotion au lycée Dominguez, battu d’un dixième de point. « Y penser me fait toujours mal », s’amuse le cornerback de Seattle. Courtisé par la prestigieuse université locale USC, alors coachée par Pete Carroll, qui le dirige aujourd’hui aux Seahawks, Sherman accepte la bourse de la prestigieuse Stanford tel un défi. « Je devais prouver que c’était possible : de Compton à Stanford », raconte-t-il. Il en sort diplômé en communication. Il tient aujourd’hui une chronique sur la NFL sur MMQB, site affilié à Sports Illustrated, où il s’est notamment expliqué sur son interview polémique.

Il connaît son code wifi par cœur

Doté d’une mémoire quasi photographique, Richard Sherman peut réciter les 18 lettres et chiffres du code wifi de sa maison. Une intelligence que le cornerback, qui garde des notes fournies sur les receveurs adverses sur sa tablette, met au service de ses qualités défensives. Ancien receveur au lycée et à l’université, Sherman utilise ses connaissances du poste pour prévoir les tactiques adverses. « Quand je vois un alignement ou une formation, je sais ce qui arrive. C’est pour ça que je dis aux quarterbacks de lancer dans ma direction. Je sais où la balle va aller. C’est presque de la triche. »

Il se douche dans le noir pour préparer les matches

Avant chaque match, Sherman ne déroge pas à son rituel : avaler un paquet de bonbons Fruit Gushers et prendre une douche dans le noir. Puis le show débute. Dans le vestiaire, il rappe. Le long de la ligne de touche, il danse. Sur le terrain, il provoque. Dans les médias ou sur Twitter, il critique et chambre adversaires comme journalistes/consultants. En octobre 2012, après une victoire face à New England, il tweete une photo de lui, s’en prenant vocalement au quarterback des Patriots Tom Brady, avec ce commentaire : « T’es fâché, mon pote ? ». La phrase - « U mad, bro ? » - finira sur des t-shirts. En plein match, il incite les quarterbacks adverses à lancer dans sa direction : « N’aie pas peur. » Sans oublier ses « good game » (« bon match ») au visage d’un rival après une victoire qui lui vaudront un... coup de poing de Trent Williams (Washington Redskins) en janvier 2013. « Je parle fort parce que je joue fort. Je réveille le géant, le claque, le rend fou et le met à terre », explique Sherman. Qui en reconnaît l’intérêt pour des Seahawks peu médiatisés : « Ce n’est pas de la folie. Cela fait partie d’un plan pour attirer l’attention sur Seattle. »

Il a nagé dans la piscine du rappeur Dr Dre

A Compton et dans le sud de Los Angeles, les rappeurs connus ne manquent pas. Sherman, star locale dès le lycée, où il brillait également en triple saut, a rencontré et côtoyé Nate Dogg, Warren G. et Dr. Dre. Sherman raconte avoir nagé dans la piscine de ce dernier, alors sponsor de l’équipe du frère de Richard, Branton. Ancien membre de gang, le père, Kevin, montrera ses blessures par balle à ses fils pour les inciter à filer droit. Sans oublier d’instaurer des règles peu compréhensibles de notre côté de l’Atlantique. Richard et Branton ne pouvaient pas porter de rouge, couleur des Bloods, l’un des deux gros gangs rivaux de L.A. Le bleu des Crips était autorisé, mais seulement marié à une couleur neutre comme le vert. Et seules les casquettes des Lakers (NBA), franchise qui fait l'unanimité auprès de toute la ville, avaient droit de se poser sur les crânes.

Il a plaqué très fort le fils de son coach actuel

Aujourd’hui sous la houlette de coach Pete Carroll à Seattle, Richard Sherman avait déjà croisé sa route à plusieurs reprises dans le passé. Au lycée, en demi-finale du championnat d’Etat, celui qui joue alors en attaque comme en défense réalise un énorme plaquage sur un receveur nommé... Nate Carroll. « Il a gueulé sur les arbitres, il était tellement énervé », se souvient Sherman avec malice. Alors coach de la prestigieuse université locale USC, Carroll tentera de recruter Richard pour sa fac. Ce dernier le fera attendre deux heures et demie lors de sa visite au lycée Dominguez pour ne pas rater un cours ! Et c’est un ancien assistant de Carroll aux New Englands Patriots, Ron Lynn, qui a aidé Sherman à abandonner le poste de receveur pour se consacrer à la défense à Stanford. A croire que les deux étaient faits pour se retrouver un jour.

Il mettait du sable dans sa tenue pour se grossir

Fils d’un éboueur et d’une travailleuse sociale pour enfants, Kevin et Beverly, Sherman a appris les valeurs du travail et du respect en accompagnant son père sur des tournées et en faisant des maths et des jeux avec les enfants handicapés dont s’occupait sa mère. Côté football, le paternel avait en charge l’équipe de jeunes, dans laquelle évoluait Richard. Trop maigre, le futur cornerback des Seahawks doit mettre des poches de sable dans sa tenue pour se grossir. Il menacera plusieurs fois d’arrêter par peur du contact. Frustré, son père finira par le plaquer avec force à l’entraînement. « Après ça, j’étais sans peur », reconnaît Sherman. Son côté provocateur, lui, se développe vite. Son frère, Branton, le motive en inventant de supposés insultes des adversaires. En première année de lycée, il donne de la voix même lorsque les plus âgés le martyrisent physiquement : « Je ne sais pas pourquoi vous essayez. Vous ne pouvez pas m’arrêter. » Déjà un doux dingue.

Il a pris Ali comme modèle

Si sa mère, Beverly, a renforcé son goût de l’école d’une façon simple et intéressée (5$ pour chaque A, 3$ pour chaque B), Sherman doit sa motivation sportive, sa propension à l’ouvrir et son immense confiance en lui à l’un des plus grands noms de l’histoire : Mohamed Ali. « J’ai vu un documentaire sur lui quand j’avais 12 ans. Il avait compris comment manipuler son monde. Il avait créé un personnage. C’était un leader, un showman, mais il savait comment battre les autres sur le ring. Je voulais être comme Ali. » De quoi un peu mieux comprendre sa personnalité.

Il a la photo d'un rival sur sa cheminée

S’il adore provoquer ses adversaires pour les faire déjouer, Sherman sait aussi les respecter. Par admiration pour Larry Fitzgerald, Richard a posé une photo de lui défendant sur le receveur star des Arizona Cardinals sur sa cheminée. « Quand vous apprenez à le connaître, vous voyez ce qu’il y a en lui et vous réalisez que c’est vraiment quelqu’un de bien », juge Fitzgerald. Qui serait finalement bien plus en réponse explosive qu’en provocation gratuite. « Il ne me dit rien, avoue Fitzgerald. Mais je ne lui parle pas non plus. » Et Doug Baldwin, receveur des Seahawks, de valider la théorie : « Si vous ne lui dites rien, il fera de même. Mais si vous lui parlez, ça part dans tous les sens. »

Il a une revanche à prendre sur la draft

Snobé par de nombreuses franchises, Sherman n’a été sélectionné qu’en 154e place, au cinquième tour, de la draft (sélection des joueurs universitaires par les franchises de NFL) 2011. « Je peux vous réciter les noms de ceux qui jouent à mon poste et qui ont été pris avant », jure-t-il. Celui qui n’était cette saison que le 35e salaire de son équipe (600,606$ avec les bonus) n’a pas tardé à faire regretter ceux qui l’ont oublié. Aux quatre interceptions de sa première saison, il en rajoute huit la deuxième (troisième de la NFL) et encore huit cette année (leader de la Ligue). Avec ses trois partenaires de la « Legion of Boom » (Brandon Browner, Kan Chancellor et Earl Thomas), défenseurs de la zone secondaire qui partent en vacances ensemble et ont déposé leur surnom pour en faire une marque, ce gaillard (1,92 m, 89 kilos) a participé à faire des Seahawks la meilleure défense de la ligue ces deux dernières saisons. Sans oublier deux sélections pour Sherman dans la meilleure équipe défensive de l’année en NFL. Le duel tant attendu avec les Denver Broncos de Peyton Manning, quarterback qui a battu les records de yards (5477) et de touchdowns (55) dans l’équipe qui a marqué le plus de points en une saison (606) dans l’histoire, promet des étincelles.

Il a échappé à un contrôle positif

Grosse ombre au tableau, comme sur quelques Seahawks et de nombreux joueurs NFL (lutte antidopage minimale oblige), Sherman a été contrôlé positif en novembre 2012 à l’amphétamine contenue dans le médicament Adderrall, utilisé pour le traitement du trouble de déficit de l’attention. Mais sa suspension prévue de quatre matches, soit un quart de la saison, a été annulée par la NFL quand le cornerback a pu prouver un vice de forme. Le flacon dans lequel son échantillon d’urine a été collecté se serait fendu et l’agent contrôleur en aurait utilisé un autre sans respecter le protocole en vigueur. Sherman a plaidé une contamination par ce second flacon et a pu échapper à la sanction. Il n’a cessé de plaider son innocence dans cette affaire.

Il a piégé des fans en interview

Showman, Sherman n’hésite pas à se mettre en scène pour les médias. Avant le Super Bowl de l’an dernier à la Nouvelle-Orléans, Bleacher Report lui a confié un micro et une caméra. Direction Bourbon Street pour demander à des fans qui est le meilleur cornerback de la NFL entre Darrelle Revis (Tampa Bay Buccaneers) et... Richard Sherman ? Quelques surprises au rendez-vous quand les interviewés réalisent qui vient de leur poser la question.

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Alexandre Herbinet