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NFL : Les guerriers de l’extrême

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Pluie, vent, neige et/ou froid polaire, les matches de NFL se disputent parfois, comme en ce moment, dans des conditions dantesques. Une météo qui se fait encore ressentir lors des playoffs, dont le deuxième tour se dispute ce week-end.

Il y a le plus célèbre, le « Ice Bowl » du 31 décembre 1967 entre les Green Bay Packers et les Dallas Cowboys. Les joueurs et les 50.000 spectateurs de Lambeau Field, antre des Packers, plongés dans l’atmosphère polaire du réveillon le plus froid de la ville du Wisconsin sur un terrain au système de chauffage défaillant : -26°C au coup d’envoi, le vent qui porte la température ressentie moyenne à -44°C avec des pointes inhumaines à -57°C. Joe Connel, l’un des arbitres assistants, qui voit son sifflet, collé par le froid, lui arracher une partie de la lèvre quand il tente de le retirer après avoir donné le coup d’envoi. Le sang aura juste le temps d’atteindre son menton avant de geler. Un homme âgé qui meurt en tribunes au cours de la rencontre. L’un des receveurs des Cowboys, Bobby Hayes, qui laisse ses mains dans son pantalon lors des actions où il n’est pas supposé recevoir le cuir. Les glissades par dizaines sur un sol glacé façon patinoire. Vince Lombardi, le coach de Green Bay, qui interdit à ses joueurs de porter des gants. Le match à la température dans l’air la plus froide depuis les débuts de la NFL. Légendaire.

L'histoire du Ice Bowl Packers-Cowboys de 1967 :

Il y a aussi le Cincinnati Bengals-San Diego Chargers du 10 janvier 1982, -23°C au thermomètre, -51°C en température ressentie. Plus près de nous, cette saison, il y a le premier tour de playoffs Packers-San Francisco 49ers, dimanche dernier, avec des -16°C et -26° dans lesquelles Colin Kaepernick, quarterback des 49ers, a préféré évoluer... sans manches longues. Ou encore la semaine 14 de la saison régulière, quand une tempête de neige viendra napper plusieurs matches de couches de neige allant jusqu’à 15 centimètres. Avec un sport souvent joué en extérieur (même si les toits et autres dômes se multiplient) et une ligue dont les phases finales se disputent en hiver, l’histoire de la NFL regorge de matches disputés dans des conditions homériques. Froid, pluie, neige, vent, les forces de la nature du football américain affrontent parfois tout autant les éléments que les adversaires.

Un Super Bowl sous conditions dantesques ?

Sans oublier leurs conséquences : difficultés à la réception avec des ballons durs comme la pierre, lancers rendus compliqués par le vent, potentiel de blessures graves plus élevé, courses trop glissantes pour être bien maîtrisées, impossibilité à garder le corps « chaud » entre les actions. Si les franchises concernées ont investi dans des équipements pour protéger les terrains, impossible d’empêcher le froid, la neige, la pluie ou le vent en cours de match. L’hiver et les playoffs venus, tout déplacement dans le stade découvert d’une équipe d’un Etat à climat froid se mue en chemin de croix. Et la chose a forcément un impact, notamment sur les quarterbacks, maîtres et distributeurs du jeu (voir encadré). Un élément à prendre en compte lors des playoffs actuels, disputés alors que les Etats-Unis sont touchés par une terrible vague de froid. Ce week-end, au moins trois des quatre matches du deuxième tour se joueront sous des températures assez basses (Denver, New England, Seattle) et plusieurs risquent de voir la pluie et le vent s’inviter dans la danse.

Les highlights des matches sous la neige de la semaine 14 cette saison :

Même le Super Bowl pourrait se parer de blanc. Pour la première fois de son histoire, la NFL organise la 48e édition de sa grand-messe dans un stade extérieur d’un Etat froid à cette période de l’année, le MetLife Stadium, dans le New Jersey, près de New York. Si les conditions se révélaient trop dantesques, avec un risque de porter tort au show, la ligue a même déclaré se réserver le droit de déplacer le match prévu le dimanche 2 février au samedi ou au lundi. Les fans de foot US sont plutôt contre. Trop envie de vivre un Super Bowl avec le potentiel de rentrer à jamais dans la légende.

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Le titre de l'encadré ici

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DANGER SUR DENVER ?

Les playoffs NFL rentrent dans le vif du sujet avec le très attendu deuxième tour ou divisional round. Réputé pour ses ratés en phase finale (bilan de 9-11), Peyton Manning se retrouve sous pression avec les Denver Broncos. Tête de série numéro 1 de la conférence AFC comme la saison dernière, la franchise du Colorado souhaite éviter de revivre une élimination à la maison au même stade de la compétition que l’an passé. Pour cela, il faudra écarter les San Diego Chargers de Philip Rivers, « Cendrillon » des playoffs avec une qualification quasi miraculeuse mais une confiance au zénith qui en fait un sérieux outsider. Mais San Diego est la seule équipe à avoir battu les Broncos chez eux cette saison. S’il ne veut pas gâcher une saison où il a battu moult records, le quadruple MVP de la NFL – et bientôt quintuple – devra aussi affronter un élément dont beaucoup disent qu’il n’est pas friand : le froid. Manning affiche un bilan de 0-4 en playoffs dans des matches joués en-dessous de 4°C. Et en janvier, à Denver, où les Broncos accueilleront aussi la finale de la conférence AFC le week-end prochain en cas de succès sur les Chargers, le thermomètre ne monte pas haut. Ce dimanche (22h40 en France), il n’affichera affiche plus de… 4°C.

Le titre de l'encadré ici

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Le froid, d’autres quarterbacks auront aussi à le gérer. Mais certains le maîtrisent mieux. Tom Brady, par exemple. Un triple vainqueur du Super Bowl qui tentera, ce samedi (2h15), de mener ses New England Patriots en finale de conférence avec la réception des Indianapolis Colts du brillant quarterback de deuxième année Andrew Luck. De quoi rappeler des souvenirs aux nostalgiques de la rivalité Colts-Pats au milieu des années 2000. Dans l’autre conférence, la NFC, les Seattle Seahawks de Russell Wilson pourront compter sur leurs multiples armes offensives et défensives mais aussi sur la ferveur inégalée de leurs supporters pour justifier leur statut de favoris, ce samedi (22h35), face aux New Orleans Saints de Drew Brees. Et les San Francisco 49ers de Colin Kaepernick, forts d’une série de sept victoires de rang, se déplaceront dimanche (19h05) sur le terrain des Carolina Panthers du dangereux Cam Newton pour garder l’espoir de devenir la première équipe à remporter le titre un an après avoir été battu lors du Super Bowl depuis les Miami Dolphins de 1971-72.

Alexandre Herbinet