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NFL: des règles drastiques contre les non-vaccinés

Interdiction de sortir de l’hôtel en déplacement et de manger avec ses coéquipiers, masque dans le centre d’entraînement, mais aussi de quoi coûter une défaite et des sous à son équipe: la NFL a dévoilé dans un mémo ses règles pour les joueurs non-vaccinés contre le Covid en vue de la saison à venir. La grande ligue de football américain souhaite clairement leur rendre la vie difficile pour inciter à la vaccination.

Avec les discussions autour du pass sanitaire, les libertés accordées aux non-vaccinés contre le Covid sont au cœur des débats. Du côté de la NFL, on a tranché. Et on n’y va pas avec le dos de la cuillère. Si la grande ligue de football américain n’a pas imposé la vaccination obligatoire aux joueurs et aux staffs des différentes franchises, tout est fait pour les inciter à franchir le pas. Alors que la prochaine saison doit débuter le 9 septembre dans le stade des Tampa Bay Buccaneers, champions sortants, et que la plupart des camps d’entraînement vont débuter dans quelques jours, un mémo adressé aux responsables (dont les managers et les coaches) de toutes les équipes par le patron de la NFL, Roger Goodell, a donné la marche à suivre pour l’exercice à venir.

Au programme? Un protocole qui oblige les non-vaccinés à être testés tous les jours. Ils devront également porter un masque à chaque fois qu’ils seront dans leur centre d’entraînement (à part sur le terrain, bien sûr) et ne pourront pas quitter leur hôtel en déplacement ou manger avec leurs coéquipiers vaccinés, qui pourront eux se rassasier ensemble et se balader sans masque dans le centre. Mais leur refus de l’aiguille pourrait aussi avoir des conséquences collectives. Si une rencontre devait être annulée à cause de cas de Covid chez des non-vaccinés et ne pouvait être reportée durant les dix-huit semaines qui formeront la saison régulière (les franchises joueront désormais dix-sept matches avant les playoffs contre seize jusqu’ici), l’équipe "coupable" sera forfait et recevra une défaite dans son bilan.

"Nous ne prévoyons pas de rajouter une dix-neuvième semaine pour organiser les matches qui ne pourraient pas être reportés dans le calendrier prévu, précise le mémo. (…) Chaque équipe est obligée d’être prête à jouer au lieu et à la date prévus." Le club responsable devra également prendre en charge les pertes financières dues à l’annulation – dont celles pour l’adversaire – et pourrait recevoir des sanctions supplémentaires de la ligue. A l’inverse, si une annulation vient de cas décelés chez des vaccinés, la NFL "fera tout pour minimiser l’impact économique sur les deux équipes concernées".

Pas de salaire pour les deux équipes

Les joueurs vaccinés qui seront testés positifs mais qui seront asymptomatiques pourront revenir au jeu dès qu’ils auront pu fournir deux tests négatifs à vingt-quatre heures d’écart. Les non-vaccinés dans le même cas, eux, devront toujours respecter une isolation obligatoire de dix jours comme tout joueur positif devait le faire la saison dernière. Enfin, et c’est sans doute la menace la plus parlante, une annulation d’un match à cause de cas de Covid dans ce cadre résultera en une absence de salaire pour cette semaine-là pour… les joueurs des deux équipes! Le mémo précise que 78% des joueurs de la NFL sont au moins partiellement vaccinés. La moitié des équipes ont déjà atteint le seuil de 85% de vaccinés réclamé par la ligue. Mais selon un chiffre donné par l’agence AP la semaine dernière, quatre d’entre elles n’ont également pas atteint les 50% de vaccinés.

Parmi elles, les Arizona Cardinals du receveur star DeAndre Hopkins. Qui a lancé le débat suite à ces nouvelles règles pour dénoncer l’acharnement contre les non-vaccinés et menacer de se retirer du jeu en conséquence. "Je n’aurais jamais pensé dire ça, a-t-il écrit sur Twitter, mais être en position de faire mal à mon équipe car je ne veux pas prendre part à la vaccination me fait me poser des questions sur mon avenir en NFL." Un tweet vite effacé avant d’en republier un au message plus court mais dans la même veine: "Liberté?" Si on demande tout de même à voir si Hopkins joindra la parole aux actes en s’éloignant d’un contrat qui lui garantit plusieurs dizaines de millions de dollars, d’autres semblent enclins à suivre ce mouvement.

"Je ne me traiterai pas pour le Covid avant de l'avoir"

Après avoir déclaré il y a quelques semaines qu’il n’allait "pas soigner une jambe qui n’est pas cassée" et qu’il acceptait de mourir du Covid "car (il) préfér(ait) mourir en vivant normalement", Cole Beasley, receveur pour les Buffalo Bills, la joue version provocation: "Je me ferai vacciner et je pousserai pour que les gens le fassent si le labo Pfizer donne un pourcentage de ce qu’il va gagner grâce au vaccin à ma femme". Ce qui a poussé Mark Cuban, le richissime propriétaire des Dallas Cowboys en NBA, a lui proposer d’acheter une action Pfizer à sa femme s’il se faisait vacciner et le montrait sur les réseaux sociaux.

Taylor Decker, bloqueur offensif gauche des Detroit Lions, avait également annoncé en avril sa volonté de ne pas recevoir le vaccin. Une ligne suivie par Montez Sweat, defensive end (ligne défensive) de Washington, qui expliquait début juin attendre d’avoir "plus d’informations" sur le vaccin avant de se l’injecter: "Je ne me traiterai pas pour le Covid avant d’avoir le Covid". Il a le droit de faire son choix, personnel. Mais il va devoir s’habituer à rester dans sa chambre d’hôtel et à ne pas manger avec ses coéquipiers. La NFL n'est pas la seule à agir en faveur de la vaccination dans le sport US: le Club de Foot Montréal, ex-Impact, a par exemple transféré un joueur en partie parce qu'il ne s'était pas fait vacciner.

https://twitter.com/LexaB Alexandre Herbinet Journaliste RMC Sport