
Gymnastique: un responsable du pôle France de Marseille jugé pour harcèlement moral
Brimades, remarques sur le poids, moqueries: le procès pour harcèlement moral d'un responsable du pôle France de gymnastique de Marseille, une structure de haut niveau, visé par les plaintes de cinq jeunes sportives, a débuté ce vendredi.
Les cinq jeunes filles, toutes mineures au moment des faits et dont trois étaient présentes à l'audience vendredi devant la tribunal correctionnel de Marseille, n'ont pas toutes évolué au Pôle France au même moment mais elles décrivent les mêmes brimades, exercices humiliants, blessures (ces "steaks", quand la chair des mains est à vif à force de frottements), régimes drastiques, piques blessantes et propos vulgaires.
Des cadres du pôle France de Marseille devant la justice
Vincent Pateau, directeur technique du pôle France de Marseille, en polo bleu marine, cheveux courts et barbe de trois jours est également présent à l'audience mais n'a pas fait de déclaration avant d'entrer dans la salle. Après son procès, un autre entraîneur de cette structure, Pierre Ettel, aujourd'hui responsable d'un centre de formation pour éducateurs sportifs, doit comparaître dans l'après-midi. Il devra lui aussi répondre de harcèlement moral car une des jeunes filles ayant porté plainte contre M. Pateau a également porté plainte contre lui. Les cas des deux hommes n'ont pas été joints par la justice.
Leurs procès font écho aux nombreux scandales qui ont secoué la gymnastique au niveau mondial au cours des dernières années, dont le plus retentissant a éclaté autour de Larry Nassar, du nom de l'ex-médecin de l'équipe américaine. En 2018, cet ancien ostéopathe et thérapeute a été reconnu coupable d'avoir agressé sexuellement au moins 265 gymnastes de haut niveau et a été condamné à des peines cumulées d'au moins 140 ans de prison.
Des gymnastes du monde entier prennent la parole pour dénoncer une culture toxique
Depuis cette affaire, sans commune mesure avec celle jugée à Marseille vendredi notamment, des gymnastes du monde entier ont pris la parole pour dénoncer des pratiques abusives, mettant au jour une culture toxique au sein de leur discipline. En janvier par exemple, la directrice technique de l'équipe nationale italienne de gymnastique rythmique Emanuela Maccarani a été suspendue par sa fédération, quelques mois après les témoignages de plusieurs ex-gymnastes dénonçant des pressions et humiliations liées à leur régime alimentaire et leur poids.
Ces affaires de maltraitance ont pris une telle ampleur que la Fédération internationale de gymnastique s'est dotée d'un nouveau code de conduite en juin pour protéger les gymnastes contre les pratiques abusives.