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Guerre en Ukraine: comment l'ancien boxeur Vitali Klitschko, maire de Kiev, s'est retrouvé au coeur du conflit

Maire de Kiev depuis huit ans, l'ancien champion du monde des poids lourds Vitali Klitschko est aujourd'hui plongé dans la guerre en Ukraine, avec une ville de près de trois millions d'habitants à défendre.

Il y a près de dix ans, il disputait son dernier combat avec la ceinture de champion du monde WBC des poids lourds. Aujourd'hui, il compte les blessés de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Autrefois champion de boxe, Vitali Klitschko est aujourd'hui le maire de Kiev, la ville que l'armée russe menace de faire tomber à coups de missiles.

Au deuxième jour de l'offensive de l'armée russe en Ukraine, vendredi, des tirs ont éclaté dans le nord de la capitale et des interceptions de missiles russes ont réveillé les résidents. Au petit matin, Vitali Klitschko, en dévoilant la photo d'un bâtiment détruit et en proie au feu, révélait que trois personnes avaient été blessés, dont une grièvement, dans un quartier résidentiel du sud-est de la ville. L'intensification des combats fait évidemment craindre des bilans bien plus lourds dans les prochains jours.

"Je défendrai Kiev, les armes à la main"

Derrière le président Volodymyr Zelensky, Vitali Klitschko apparaît aujourd'hui comme la deuxième figure politique la plus importante d'Ukraine. Au cours des dernières semaines, l'homme de 50 ans, a préparé sa ville, la plus grande du pays. En temps normal, ce sont près de trois millions d'habitants qui sont sous sa responsabilité. "Je défendrai Kiev, les armes à la main", a-t-il promis aux habitants au début du mois, après avoir passé en revue les plans de défense et d'évacuation partielle avec l'armée. Il leur a aussi garanti 5.000 abris contre les bombardements.

Devenu champion d'Europe de boxe en 1998, avant d'enchaîner les titres mondiaux dans les années 2000 et d'afficher un bilan remarquable de 45 victoires (dont 41 KO) en 47 combats, Vitali Klitschko a dominé son sport avec son frère Wladimir. Sa notoriété lui permet de devenir un acteur de la politique ukrainienne et de s'octroyer un siège de député en 2012. Né en territoire kyrgyze à l'époque de l'Union soviétique, "Ironfist" - son surnom de boxeur - a pourtant passé une bonne partie de sa vie en Allemagne, d'où il a construit sa carrière sportive. Son regard différent ne l'a pas desservi, bien au contraire.

Leader du mouvement Euromaïdan

Son destin bascule avec Euromaïdan, les manifestations et révoltes qui ont secoué l'Ukraine en 2013. Comme le rapportait Le Monde, l'imposant opposant de 2,01 mètres est alors le dirigeant politique le plus écouté de ce mouvement pro-européen qui réclamait le départ du pouvoir en place. Il ne passe pas non plus inaperçu à l'international. Laurent Fabius, à l'époque ministre français des Affaires étrangères, l'invite à Paris et salue un "homme singulier et réputé incorruptible". Ce qui lui ouvre les portes de la mairie, en 2014. Sa popularité est grande: son score de réélection, l'année suivante, soit quelques mois après l'annexion russe de la Crimée, atteint 66%.

"C'est plus facile d'être champion du monde des poids lourds que maire", relativisait-il en 2018. En politique, il n'y a pas de règles. On vous frappe dans le dos, sous la ceinture. C'est très dur. Et vous êtes responsable 24h/24, 7 jours sur 7". Dans cette même interview, au Guardian, Klitschko disait: "Vous devez savoir exactement où aller. Il faut avoir la volonté et le courage d'y arriver".

Nonobstant cette force tranquille qui le caractérise, Vitali Klitschko dit aujourd'hui être prêt à prendre les armes pour aller au front: "Je m'entraîne tout le temps, je fais des formations en tant qu'ancien officier et chef de la défense territoriale. Je n'ai pas perdu mes acquis, je me perfectionne tout le temps. Je sais tirer avec presque toutes les armes. (...) Tout agresseur doit le savoir : ce ne sera pas une balade, cela va lui coûter cher, nous ne nous rendrons pas".

https://twitter.com/julien_absalon Julien Absalon Journaliste RMC Sport