
Guerre en Ukraine - Badminton: "Mon entraîneur m’a dit que c’était mieux de me battre avec la raquette et le volant", raconte le numéro 1 ukrainien
Arrivé lundi 7 mars à l’INSEP, le badiste ukrainien Danylo Bosniuk, découvre petit à petit son nouveau terrain de jeu, apprécie "ses excellents partenaires de jeu" parmi lesquels Thomas Rouxel – 3e Français et 41e joueur mondial – et savoure les infrastructures du centre national français du 12e arrondissement de Paris.
>> Guerre en Ukraine: les conséquences pour le sport en direct
Licencié depuis 2017 au BC Rostrenen dans les Côtes-d’Armor, l’athlète de 21 ans était en Ouganda, pour un tournoi, lorsque l’armée russe a envahi son pays le 24 février dernier. Depuis, il est en contact permanent avec sa famille dont une partie est à Dnipro. "C'est un endroit sûr. Les Russes ne l'attaquent pas, ils ne bombardent pas la ville et ses alentours. Les membres de ma famille se réveillent à 6h du matin et essaient de se rendre dans les magasins pour acheter de la nourriture. Il y a un rationnement, on ne peut pas acheter beaucoup de pain, etc..."
"Très en colère", le jeune ukrainien affirme d’abord avoir voulu retourner dans son pays pour combattre l’armée russe et "faire de l’aide alimentaire ou cuisiner". Car Danylo Bosniuk connaît la guerre, il l’a vécue en 2014, dans la région du Donbass où il a grandi. "J'étais dans un abri souterrain pendant plus d'une semaine. J’étais effrayé, fatigué mentalement, détruit. J’étais content de me réveiller en vie, de savoir que ma maison n'était pas détruite", confie-t-il. Mais son entourage "l’en a empêché" et l’a convaincu de rester en France pour continuer sa carrière de sportif professionnel. "Mon entraîneur et mon directeur technique national m'ont dit que c'était mieux de se battre sur le circuit international de badminton avec la raquette et le volant. J'ai aussi pris cette décision avec toute ma famille et mes proches."
Les badistes ukrainiens soutenus par la Fédération française
A 21 ans, le numéro un ukrainien, a récemment intégré le top 100 mondial (97e) et a l’objectif de devenir "un des tous meilleurs de sa discipline". "La guerre a commencé et avec mon entourage nous avons essayé de trouver un endroit où je pourrai m'entraîner en vue des prochains tournois parce qu'à Rostrenen, les installations ne sont pas suffisantes", avance-t-il. La Fédération française de badminton, qui avait soutenu dès le 24 février les 35 badistes qui évoluent sur le sol français, a accepté, comme l’INSEP et le ministère des Sports, la demande portée par la Fédération ukrainienne. "Il va pouvoir s'entraîner le temps que durera le conflit sans doute. En tout cas pour l'instant on n'a pas mis de limite. Il pourra s'entraîner avec l'équipe de France et les meilleurs Français ici", confirme Cyrille Gombrowicz, responsable du pôle France badminton de l’INSEP.
Seul à Paris, Danylo Bosniuk peut compter sur le soutien et la compagnie de sa petite amie Jane Paksiutova. Licenciée dans le même club que son compagnon, elle a réussi à fuir l’Ukraine et à retrouver les terres bretonnes. Avant son prochain match officiel le 19 mars à Rostrenen, Danylo Bosniuk essaie en attendant la fin du conflit de "focaliser toute son attention sur le badminton" et de "représenter le drapeau ukrainien sur les terrains".