
Afrique du Sud: demande de libération conditionnelle refusée pour Oscar Pistorius

Oscar Pistorius en 2016 à sa sortie de la Haute Cour de Pretoria. - KAREL PRINSLOO / AFP
Ce vendredi, l'ancien athlète sud-africain Oscar Pistorius, condamné pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, ne sortira pas de prison. Sa demande de libération conditionnelle a été refusée, a appris l'AFP auprès de l'avocate de la famille de la victime.
"Je ne sais pas pour quels motifs la demande a été refusée, on nous a seulement informés qu'elle avait été refusée et qu'elle serait réexaminée dans un an", a affirmé à l'AFP Tania Koen. Une audience devant une commission ad hoc s'était tenue dans la matinée à la prison d'Atteridgeville, où il est actuellement détenu.
En Afrique du Sud, les détenus sont automatiquement éligibles à une libération conditionnelle après avoir purgé la moitié de leur peine. Les services pénitentiaires ont informé, à la surprise générale et dans un bref communiqué, que le refus était lié au fait que le condamné n'avait pas encore purgé une partie suffisante de sa peine pour pouvoir obtenir une libération anticipée.
"Le détenu n'a pas terminé la période de détention minimale, comme l'a décidé la Cour suprême d'appel", soit la dernière instance à avoir condamné Pistorius en 2017 après de multiples appels, affirme le communiqué. Dans un bref mémo obtenu par l'AFP, et daté de mardi, cette cour explique considérer que la peine infligée débute à partir de la date de sa condamnation en 2017 et non à partir de sa première condamnation en 2014.
"La demande a été refusée" et "sera réexaminée dans un an", a précisé auprès de l'AFP l'avocate de la famille de la victime, Me Tania Koen, saluant la décision. Le porte-parole des services pénitentiaires, Singabakho Nxumalo, a précisé devant la presse qu'Oscar Pistorius n'aura complété le minimum requis qu'en août 2024, date à laquelle il pourra redemander une libération anticipée.
Condamné à 13 ans de prison
Le destin de l'ancien champion avait basculé il y a dix ans, dans la nuit du 13 au 14 février 2013. À travers la porte fermée des toilettes de sa chambre, Pistorius tire quatre coups de fusil sur sa compagne, qui passait la nuit chez lui à Pretoria. Alors qu'il affirme "avoir cru faire feu sur un cambrioleur", la machine médiatique s'empare de l'affaire. "Blade Runner", en référence à ses prothèses de carbone en forme de pattes de félin, entame sa déchéance.
Lors d'un procès en première instance, les faiblesses de l'idole déchue sont scrutées. Colérique, parfois au bord de la paranoïa, l'homme révèle des failles, notamment sa passion pour les armes. La justice enquête sur des incidents: cette fois où il a tiré par erreur en manipulant une arme dans un restaurant ou encore cette autre fois où par agacement, il a tiré à travers le toit ouvrant d'une voiture.
Le procès s'étale de mars à octobre 2014. L'ex-champion fond en larmes et vomit à plusieurs reprises. Adoptant une attitude butée, il répète n'avoir jamais eu l'intention de tuer Reeva Steenkamp. Puis, effondré, il s'excuse auprès des parents de la victime. À la barre en juin 2016, un psychologue mandaté en appel par la défense décrit "un homme brisé", atteint d'un syndrome sévère de dépression. L'ancien athlète défile, sur ses moignons, devant la juge pour tenter de gagner sa sympathie.
Lâché par ses sponsors, privé de revenus sportifs, Pistorius écope finalement en appel, en 2017, d'une peine de prison de 13 ans et 5 mois. Ruiné, il vend sa maison pour payer ses avocats.