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"La France marche sur la planète rugby", selon Camille Lopez, ancien ouvreur des Bleus

Recruté par Bayonne l’été dernier, Camille Lopez (33 ans) signe une saison étincelante dans le Pays basque. L’ancien ouvreur du XV de France (28 sélections) s’est confié à RMC Sport sur cette renaissance, l’objectif de décrocher le Top 6 mais aussi les performances des Bleus qu’il voit signer une grande Coupe du monde.

Camille Lopez, vous attendiez-vous à une telle réussite pour votre retour au Pays basque?
Non, on ne va pas se mentir. Lorsque j’ai signé à Bayonne (à l’été 2022, ndlr), qui remontait de Pro D2, je m’attendais à galérer et à lutter pour le maintien mais en aucun cas à batailler pour une place qualificative dans le Top 6 (l’Aviron est actuellement 6e du Top 14). Mais les résultats de début de saison et la confiance que l’on a engrangée ici à Jean-Dauger nous ont permis d’être là où nous sommes aujourd’hui.

A quoi attribuez-vous cette réussite?
Quand tu travailles dans le positif et la bonne humeur, c’est toujours plus facile d’avancer et de performer. Le groupe s’est construit comme ça. Et on a aussi eu une bonne étoile sur certains matchs que l’on aurait dû perdre et que l’on a gagnés. On peut donc considérer que l’on est béni des Dieux.

L’objectif, à six journées de la fin de la saison régulière, c’est une qualification pour les phases finales du championnat?
En considérant que le maintien en Top 14 est acquis à 99%, on ne peut plus se cacher même si pour l’évolution de l’Aviron, je considère que l’on a franchi l’étape un peu trop vite. Mais maintenant que l’on y est (dans cette course à la qualification), on va tout faire pour la décrocher. Et, à mon âge avancé (il aura 34 ans le 3 avril), les occasions risquent de ne pas se représenter tous les ans.

Vous aviez signé un contrat (deux ans plus une année supplémentaire en option) en arrivant à l’été 2022. Au vu de vos performances (Lopez étant considéré comme l’un des meilleurs ouvreurs cette saison en Top 14), peut-on s’attendre à ce que vous prolongiez votre bail à Bayonne?
C’est l’avenir qui le dira. Aujourd’hui, ça se passe très bien mais c’est un sport énergivore qui demande beaucoup de sacrifices physiques et mentaux. Une chose est sure, tant que la passion m’animera, je continuerai même si je ne suis pas le seul décideur.

Vous en avez parlé avec votre président Philippe Tayeb?
Non pas encore. On en rigole, on se met quelques pièces mais, ça s’arrête là pour l’instant. On verra avec le temps ce qui se présente.

Pour la reprise du Top 14 ce week-end, l’Aviron va recevoir la Section Paloise à Anoeta (le stade de football où réside la Real Sociedad de San Sebastian), considérez-vous cette affiche comme un derby?
Non, je ne considère pas ce match comme un derby même si les deux clubs sont issus du même Département, celui des Pyrénées-Atlantiques, et distant d’une petite centaine de kilomètres. Mais d’après ce que j’ai pu entendre ici et là, le seul derby qui existe, c’est celui entre Bayonne et Biarritz.

"Ntamack s’est fondu dans le moule avant de littéralement exploser "

Cet Aviron-Section, délocalisé en Espagne à San Sebastian à 60 kilomètres de Bayonne, va se jouer à guichet fermé. Cela annonce une énorme fête en perspective, non?
Ce sera forcément un événement particulier, surtout pour l’Aviron, qui a choisi de délocaliser cette rencontre et d’amener avec lui ses 35.000 supporters à la frontière espagnole. Mais la fête ne sera belle que si il y a victoire au bout.

N’y a-t-il pas un risque sportif pour Bayonne de délocaliser ce match, au vu de la domination qu’il exerce cette saison à Jean-Dauger avec dix victoires en dix matchs?
Un risque mesuré à mes yeux. Nous n’aurons certes pas les mêmes repères qu’à domicile, mais nous pourrons compter sur tout le peuple basque pour nous soutenir à Anoeta (35.500 Basques sont annoncés pour 4.000 Béarnais)

L’équipe de France vient de terminer à la deuxième place du Tournoi des 6 Nations derrière l’Irlande et s’avance comme l’une des favorites pour le Mondial en France à l’automne prochain. Etes-vous bluffé par sa réussite?
Non car depuis deux saisons elle marche sur la planète rugby et continue de progresser. Et avec le Mondial en ligne de mire, je pense qu’elle sera au rendez-vous. C’est tout le mal que je lui souhaite.

Le mot de la fin sur la charnière Antoine Dupont-Romain Ntamack qui vient de battre le record de longévité en sélection. Cela constitue-t-il une surprise pour ces deux pépites du rugby tricolore?
Ce sont deux immenses joueurs à des postes stratégiques qui risquent d’être là pendant pas mal d’années. Concernant Romain Ntamack, que j’ai côtoyé à ses débuts en équipe de France (en février 2019), c’est un mec hyper respectueux et agréable, qui s’est fondu dans le moule avant de littéralement exploser. Je lui souhaite donc le meilleur pour la suite de sa carrière avec les Bleus.

Paul Laffite