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XV de France - Papé : "Les joueurs sont les derniers écoutés"

Pascal Papé

Pascal Papé - AFP

EXCLU RMC SPORT - Invité de Direct Laporte ce lundi, Pascal Papé, néo-retraité international, a pointé du doigt les incohérences de la politique des instances du rugby français. Il pousse un coup de gueule pour la refonte du système en faveur de la sélection afin éviter que le fossé se creuse davantage avec les autres nations du rugby.

Pascal, les joueurs expérimentés n’auraient-ils pas dû aller au rapport de force avec les instances lors des quatre dernières années ?

C’est un sentiment bizarre. Près de la majorité de l’équipe pensait que les joueurs du XV de France étaient les derniers écoutés. On passe en dernier. C’est compliqué de demander à des mecs qui font des « guerres de tranchées » tous les week-ends de devenir champions du monde en se préparant seulement quatre mois. Plein de petites choses font que l’équipe de France, ce n’est plus ce que c’était. On est en train de prendre énormément de retard par rapport à des nations que l’on survolait avant comme l’Ecosse ou le pays de Galles. On n’est plus capables de les battre aujourd’hui. C’est facile pour moi parce que j’ai fini. J’ai envie de donner l’alerte pour mes plus jeunes coéquipiers du XV de France. A un moment, je me suis régalé durant ma carrière en Bleu. Si les institutions actuelles restent en place, les Bleus ne se régaleront plus, c’est une certitude.

Sentiez-vous vraiment que vous pouviez devenir champions du monde ?

Bien sûr qu’on y croit. On se dit qu’il y a quatre mois de préparation physique et qu’on peut faire un truc énorme. En 2011, même en perdant deux matches, on n’est pas loin de gagner. Ça été un pansement parce que personne ne s’est remis en question derrière. On est des compétiteurs et on s’est dit qu’on y allait pour gagner. Depuis 2010, avec les dispositions dans lesquelles on est, c’est compliqué de demander à des joueurs de devenir champions du monde.

Votre communication donnait l’impression que vous y croyiez. Vous êtes-vous trompés ?

A un moment, on ne s’est peut-être pas assez remis en question. On n’a pas osé donner notre avis haut et fort comme je le fais aujourd’hui. Il y a des moments où il vaut mieux fermer sa gueule.

« Jamais rien n’a bougé »

Philippe Saint-André est montré du doigt. Est-il le principal responsable de cet échec ?

Philippe est montré du doigt mais les premiers fautifs sont ceux qui étaient sur le terrain. Il faut vraiment qu’il y ait une discussion entre toutes les institutions qui organisent notre rugby en France. Ce n’est plus possible. Les joueurs se retrouvent au milieu sans pouvoir donner leur avis. On s’aperçoit que toutes les autres nations évoluent et que nous, on fait marche arrière. Tout le monde est fautif. Si on fait la politique de l’autruche… Il n’y aura pas de magiciens en équipe de France. Le XV de France, c’est la vitrine du rugby. Il faut le mettre en avant, sinon ce sera la même histoire dans quatre ans. Ça fait trop longtemps que ça dure, il faut que ça bouge. On a fait une Coupe du monde catastrophique parce que c’est le pire résultat depuis 1991.

Cette défaite peut-elle permettre aux institutions de se réveiller ?

J’ai envie d’être optimiste. On a déjà vécu ce genre de situations et jamais rien n’a bougé. Au contraire, les dirigeants font le dos rond et ça passe. De temps en temps, il y a un petit miracle avec une victoire « à l’arrache » de deux points face à l’Australie et tout est reparti. Il faut écouter les joueurs. Ce sont eux qui sont sur le pré. Avec l’organisation du rugby français aujourd’hui, c’est impossible de gagner une Coupe du monde.

N’auriez-vous pas dû monter au créneau il y a deux ans ?

Je suis assez d’accord. Mais quand tu es à l’intérieur du groupe, tu ne t’en aperçois pas forcément. C’est vraiment quand tu prends une grosse baffe dans la gueule que tu te dis : « on est con ».

Pierre Camou, le président de la FFR, se dit ouvert aux contrats fédéraux. Est-ce une solution selon vous ?

Je suis joueur, je ne contrôle pas tout. La structure du championnat anglais ne me parait pas incohérente, elle me semble meilleure que la nôtre. Il faudrait organiser un système dans ce style-là.