
XV de France: les clés du match face à l’Irlande, la "finale" du Tournoi
Contrer le jeu irlandais
Que de chemin parcouru en l’espace de quelques mois pour le XV de France de Fabien Galthié, qui sera en capacité ce samedi (21h05) de jouer la victoire finale dans le Tournoi, après des succès convaincants contre l’Angleterre et le pays de Galles. Rendez-vous compte, le sélectionneur commentait pour la télévision le dernier match des Bleus contre l’Irlande dans le Tournoi. C’était en mars 2019, et il avait assisté, comme chacun d’entre nous, impuissant, au récital irlandais. A la débâcle française. Les Bleus de Jacques Brunel s’étaient fait marcher dessus par le XV du Trèfle dans des proportions qu’un score assez flatteur (14-26) ne reflétaient que très partiellement.
Il faudra empêcher cette fois la charnière Murray-Sexton de répéter ses gammes, de déplacer le jeu comme elle sait si bien le faire, avec cette maîtrise du combo conquête jeu au pied de pression, et cette agressivité qu’elle met sur les premières passes pour faire avancer l’équipe et développer son jeu. Les Français devront exceller collectivement à la retombée des ballons hauts, dans l’exercice des rucks également, être les premiers au ras du gazon pour faciliter la sortie du ballon et favoriser la continuité du jeu autour des animateurs que sont Antoine Dupont et Romain Ntamack. Ils sont inspirés. Autant en profiter.
Le replacement de Fickou à l’aile, un choix stratégique
Le XV du Trèfle a infligé une jolie correction (50-17) à une faible équipe d’Italie en inscrivant de très beaux essais, sept au total, à Rome, le week-end dernier. Mais il y a fort à parier que les joueurs du sélectionneur Andy Farrell aborderons cette rencontre face à une équipe de France autrement plus dangereuse avec un plan de jeu en tête assez différent.
Fabien Galthié s’y est préparé en alignant finalement Gaël Fickou à l’aile, alors que le Rochelais Arthur Retière, présent sur la feuille de match, était attendu pour débuter à la place de Teddy Thomas. Galthié a avancé plusieurs éléments pour justifier son choix cette semaine comme “la notion d'expérience collective essentielle au niveau international”. Arthur Vincent et Virimi Vakatawa ont un vécu au centre et Gaël Fickou a déjà été aligné à l’aile, contre les Gallois. Le troisième élément est plus stratégique.
“C’est par rapport à la stratégie de l’équipe d’Irlande, son animation offensive, son jeu de droite à gauche et de gauche à droite, et le pied droit de Jonathan Sexton. Il utilise énormément son pied de gauche à droite pour mettre la pression de manière tendue ou avec un jeu au pied très élevé sur notre aile. Fickou a cette expérience puisqu’on avait dû gérer le même problème face au pays de Galles au Millenium."
Corriger notre indiscipline
Si l’équipe de France a passé cinq essais aux Gallois pour renouer avec une dynamique de victoire bienvenue, elle a, pendant longtemps, eu toutes les peines du monde à installer son jeu. La performance collective très insuffisante a été entachée par un gros point noir: l’indiscipline.
Les Bleus ont récolté un total de 16 pénalités (contre 4 pour le pays de Galles), qui aurait dû les empêcher de remporter ce match. Heureusement, Dan Biggar a laissé huit points en route face aux perches alors qu’il avait réussi pendant très longtemps à mettre les Bleus sous pression avec son jeu au pied. On ne pourra pas toujours compter là-dessus.
"Nous avons travaillé pour voir comment diminuer ces pénalités. On a identifié un secteur de jeu, un seul, où il faut un peu lever le pied", a expliqué le sélectionneur Fabien Galthié. Il pense que son équipe a encore des marges de manoeuvre dans ce Tournoi, et des cartes à distribuer. "On n'a pas pu exploiter tout ce que l'on aurait pu faire. Et il y a des options que l'on n'a pas sorties. Tant mieux, on le fera plus tard."
Réaliser une meilleure entame
Un essai en première main, conséquence directe d’un énorme en-avant sur le coup d’envoi après moins de deux minutes de jeu, les Bleus ne pouvaient pas réaliser pire entame contre les Gallois. Certes, cela ne leur a pas porté préjudice au coup de sifflet final, mais les Bleus seraient cette fois bien inspirés de ne pas rééditer l’expérience, sous peine de subir face à une équipe qui se nourrit des erreurs adverses.
D’autant que l’entame catastrophique des Bleus, incapables d’enchaîner plusieurs temps de jeu, ne s’est pas résumée à cette scorie. Elle s’est prolongée pendant 20-30 minutes au cours desquelles les coéquipiers de Romain Ntamack ont manqué d’intensité et de rythme, de vitesse et de réactivité autour des rucks. Heureusement, cette équipe reste capable de marquer à tout moment. Le talent a compensé les flottements, mais l'équipe de France aura besoin de cohérence collective pour dominer l'Irlande.
"L’enjeu que nous devons relever aussi, c’est que nous devons être réguliers. Jusqu’à présent, nous avons performé contre l’Angleterre, puis moyen contre l’Italie ; performé au Pays de Galles, battu en Écosse ; performé pour nos retrouvailles face au Pays de Galles, point d’interrogation samedi. Ce que nous voulons, c’est de la consistance, de la régularité. C’est l’objectif."