
XV de France : le buteur aura les clés

Camille Lopez sera-t-il maintenu face à l'Italie ? - AFP
Si des changements devraient intervenir dans le XV de départ pour affronter l’Italie, la question de la composition de la charnière va une nouvelle fois faire débat. Ou pas. Au poste de demi de mêlée, en l’absence de Morgan Parra, blessé et absent pour trois mois, Sébastien Tillous-Borde devrait logiquement être préféré à Rory Kockott qui revient de blessure. A l’ouverture, la question est de savoir si Philippe Saint-André va maintenir sa confiance à Camille Lopez. « Quand tu es à 50% au pied, c’est compliqué de gagner » avait lancé le sélectionneur à chaud après la défaite face aux Gallois (13-20). Lopez, peu inspiré au pied, va-t-il payer sa maladresse dans l’exercice des tirs au but, mais aussi dans la conduite du jeu ? C’est possible, même si sa présence dans la liste des trente laisse à penser que PSA va lui maintenir sa confiance. Alain Penaud, ex ouvreur international (32 sélections), mise sur la paire Tillous-Borde – Lopez : « Pourquoi changer ? Je n’ai pas l’impression que le problème vienne des individus. Je considère que Lopez est l’ouvreur qui apporte le plus de garanties individuelles. Il faut l’installer jusqu’à la Coupe du monde. » Un sentiment partagé par Pierre Berbizier : « On a déjà beaucoup changé de charnière ces quatre dernières années. Mais je dirais qu’il faut d’abord définir un plan de jeu et choisir la charnière la plus à même de l’assumer. Mais on a peut-être oublié dans la définition des principes de haut niveau qu’il fallait un buteur. On se croyait trop fort pour penser qu’on avait besoin d’un buteur fiable. »
Pas de buteur de classe mondiale
Voilà peut-être le principal casse-tête pour Philippe Saint-André : trouver un buteur de classe mondiale d’ici la Coupe du monde ou plutôt, dans l’urgence, un buteur fiable. Contre l'Irlande (défaite 18-11), Lopez a raté cinq points au pied qui aurait permis aux Bleus d’avoir comme option le drop en fin de rencontre pour arracher la victoire. Sans les neuf points laissés en route par Parra et le même Lopez face au Pays de Galles (défaite 20-13), les Bleus l’auraient emporté. Camille Lopez (8 sélections) ne semble pas avoir le vécu pour endosser ce rôle de buteur providentiel. En Top 14, à Clermont, il n’est que le buteur n°2 derrière Brock James (98 points contre 101). Qui peut endosser ce rôle jusqu’au Mondial ? « Morgan Parra a été un buteur de niveau international, mais il ne bute plus » juge Pierre Berbizier. Le Clermontois (59 sélections) compte 325 points en Bleu. C’est d’ailleurs le troisième meilleur réalisateur de l’histoire de l’équipe de France derrière Christophe Lamaison (380 points) et Frédéric Michalak (377 points). Concernant les autres buteurs potentiels du groupe France, on est loin du compte. Si on compare avec les principales nations du rugby mondial, la France ne bute pas dans la même catégorie et explique peut-être les déconvenues. La Nouvelle-Zélande a Carter (1457 points, record mondial), l’Angleterre avait Wilkinson (1246), l’Irlande O’Gara (1083) et Sexton (457 en cours), le Pays de Galles Jenkins (1090) et Jones (970), l’Afrique du Sud Montgomery (893), l’Australie Lynagh (911) et Giteau (684), l’Argentine Porta (651), etc. Lamaison et ses 380 points n’arrivent qu’en 36e position…
Berbizier : « Lopez a peu d'expérience »
Quel joueur pourrait assumer cette responsabilité et par la même occasion prendre les clés du camion Bleu ? « Lopez a peu d’expérience, idem pour Kockott qui a peu de vécu ou Machenaud qui vient de s’y mettre » estime Pierre Berbizier. Les autres candidats sont Jules Plisson, qui ne bute que depuis deux ans, mais s’est affirmé au Stade Français. Pierre Bernard est un buteur régulier, mais ne compte aucune sélection. On pourrait penser à Gaïtan Germain, l’arrière de Brive, inclus dans la liste élargie de PSA en septembre, ou Jonathan Wisniewski, meilleur réalisateur du Top 14 (227 points). Mais une fois encore, ils n’ont aucune expérience au niveau international. Toujours appelé dans le groupe France depuis 2013, Rémi Talès (15 sélections) n’entre pas dans le débat puisqu’il ne bute ni en Bleu (0 point en équipe de France), ni en club, ce qui pourrait à terme le condamner. Enfin, du côté des blessés, il y a aussi Trinh-Duc qui s’y est mis sur le tard. Reste Frédéric Michalak qui à la prochaine pénalité deviendra le co-meilleur réalisateur de l’histoire des Bleus…