
XV de France: "Je ne suis pas vieux", le doyen Le Roux continue de rêver chez les Bleus
Bernard Le Roux, comment vous sentez-vous à l’approche de ce Tournoi des VI Nations?
Cela fait énormément plaisir de retrouver l’équipe de France. J’ai toujours rêvé de porter ce maillot, et c’est encore le cas. Je veux continuer encore quelques années et je suis content que le coach me fasse confiance. J’avais évidemment quelques doutes de ne pas être sélectionné mais je m’entends très bien avec le staff et je voulais continuer avec ce groupe. Une super génération arrive, avec plein de bons jeunes. Il y a vraiment du talent et j’espère que ce sera le moment pour gagner un Tournoi.
Vous êtes le plus âgé de ce groupe. Comment vivez-vous le fait d’être le plus vieux de ce groupe?
(Rire) Je ne suis pas du tout vieux. Je viens d’avoir 30 ans. Je me sens encore tout jeune et frais! Je suis en tout cas très heureux de partir avec cette nouvelle génération.
Quel avait été le discours de Fabien Galthié lors de votre entretien?
Il m’a dit qu’il comptait sur moi et que je devais continuer avec mon esprit de bosseur. Je ne parle pas énormément mais je fais ce que je peux pour l’équipe et pour qu’on avance tous ensemble.
Avez-vous une pensée pour les autres trentenaires qui n’ont pas été sélectionnés?
Oui, bien sûr. Mais je suis sûr que ça va tourner, notamment en raison des blessures qui arrivent souvent dans ce sport de combat. Je suis sûr que beaucoup d’entre eux vont retrouver l’équipe de France. C’est peut-être une question de forme ou pour essayer de nouveaux joueurs.
Etes-vous déçu pour votre coéquipier Wenceslas Lauret, qui n’a pas été retenu?
Oui, c’est l'un de mes meilleurs potes et je suis dégoûté pour lui. Mais, comme je l’ai dit, c’est peut-être juste une question de timing et certains vont revenir.
Quand on a 30 ans, savoure-t-on encore plus chaque sélection?
Oui, bien sûr. C’est toujours un rêve. Je travaille et je m’entraîne tous les jours en pensant à l’équipe de France. Et quand je joue le week-end, j’essaie d’être meilleur pour l’équipe de France. Si je ne suis plus sélectionné, j’aurai beaucoup moins envie de m’entraîner.
Allez-vous également apporter votre expérience aux plus jeunes du groupe durant ce Tournoi?
Je vais essayer. Dès que quelqu’un a besoin d’un peu d’aide ou si je peux donner un conseil, je vais le faire. Je suis là pour faire avancer l’équipe. Je le fais déjà un peu au Racing avec certains jeunes. Mais je prends aussi les conseils de Donnacha Ryan (36 ans). C’est un échange de petites techniques entre joueurs. C’est bien de transmettre aux jeunes.
Comme Donnacha Ryan, vous imaginez vous encore longtemps?
(Rire) Il arrêtera quand il n’en pourra vraiment plus. C’est un joueur passionné. Moi, avec mon style de jeu, je ne pense pas que je jouerai jusqu’à 40 ans! J’aimerais bien continuer jusqu’à 35 ans pour, après, profiter avec les enfants, jouer au foot avec eux, aller à la plage, etc… Ceux qui arrivent vers 34 ou 35 ans me disent que ça devient plus difficile, pas forcément les matchs, mais surtout les entraînements. Pour le moment, je me sens très bien et tout jeune. J’aime bien ce que je fais, et je profite de chaque instant.
Quel regard portez-vous sur cette nouvelle génération? Et ces jeunes vous mettent-ils la pression?
C’est une énorme génération. Beaucoup évoluent comme moi en deuxième ou troisième ligne. Il faut que je bosse pour rester là et garder ma place du coup! (Rire) Je bosse pour ne pas me faire rattraper.
"Les trois meilleurs mois de ma carrière"
Quels souvenirs gardez-vous de la Coupe du monde au Japon?
J’ai vécu les trois meilleurs mois de ma carrière de rugbyman avec des amis. Il y avait une très bonne ambiance sur et en dehors du terrain. Nous avons passé des moments, des blagues dans le bus, des soirées, des matinées, des cafés ensemble. J’avais été déçu après la Coupe du monde 2015, ça ne s’était pas passé comme je l’aurais pensé. Depuis tout petit, je voulais jouer une Coupe du monde comme celle-ci. J’aurais évidemment aimé aller plus loin que les quarts de finale. Il y avait largement la place pour aller plus loin. J’étais dégoûté de quitter la compétition aussi tôt, surtout après avoir vu la demi-finale entre le pays de Galles et l’Afrique du Sud. Mais c’est du passé, il faut penser au prochain objectif.
On avait déjà senti l’apport de Fabien Galthié durant la compétition. Quel regard portez-vous sur votre sélectionneur?
C’est un perfectionniste. C’est ce que j’aime chez lui. On a beaucoup bossé et cela a payé. On sait ce qu’on doit faire dans chaque situation. Cela donne de la confiance et on n’était jamais stressé puisqu’on savait ce que l’on à faire pour toutes les situations possibles.
Le nouveau staff insiste beaucoup sur la notion de cadre et de sentiment d’appartenance…
Il faut être exemplaire quand on est en équipe de France, cela ne vaut pas uniquement pour le rugby. Il faut profiter en dehors mais être professionnel sur le terrain et en dehors.
Vous allez également vous appuyer sur un nouveau capitaine, Charles Ollivon…
(Sourire) Oui, je suis très content pour Charles. C’est un bon ami, un super mec. On s’entend très bien. C’est un très bon leader et un très bon joueur. Il a vécu des moments compliqués et c’est une très belle histoire. Charles est talentueux qui fait avancer l’équipe en attaque ou en défense. Je crois en lui. Je pense qu’il sera un très bon capitaine.
Quelles ambitions nourrissez-vous?
Déjà, je veux gagner un titre, un Tournoi, une tournée d’été…Cela fait quelques années que je suis en équipe de France, j’ai gagné des matchs, mais pas de titres. Avec cette nouvelle génération qui a beaucoup de talent, on peut vraiment le faire. On a perdu pas mal de matchs et c’est vrai que ça restait dans un coin de notre tête. Ça fait mal, on a du mal à dormir et on a envie de mieux faire. Aujourd’hui, je suis optimiste pour cette équipe de France.
Jusqu’à quand vous voyez-vous jouer en équipe de France?
Jusqu’à la prochaine Coupe du monde. Je vais tout faire pour. C’est mon objectif. Cela va être énorme. Ça peut être génial de jouer une Coupe du monde avec le public derrière nous. Tout le monde voudra la jouer et moi je vais tout faire pour y être.
Que peut-on vous souhaiter pour 2020?
Gagner le Tournoi avec l’équipe de France et la Coupe d’Europe avec le Racing. On a perdu deux finales et ça reste dans un coin de ma tête. J’y pense beaucoup. J’aimerais vraiment inscrire cette première étoile européenne sur ce maillot du Racing.