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XV de France: content des Bleus, Laporte trouve "prétentieux" de parler de Grand Chelem

Le XV de France a signé trois victoires lors des trois premières journées du Tournoi des Nations 2020. Interrogé par RMC Sport, Bernard Laporte s'est félicité de ces bons débuts avec Fabien Galthié, mais refuse encore de parler du Grand Chelem. Surtout si la fin de la compétition venait à être perturbée par la propagation du coronavirus.

Bernard Laporte, êtes-vous heureux après les débuts du XV de France dans le Tournoi des VI Nations? 

Effectivement on est tous ravis quand on est passionné de rugby. Que l’on soit président de la Fédération ou supporter. Quand on aime le rugby et l’équipe de France on est ravi de la voir triompher. Il faut rester les pieds sur terre. Elle a fait un très très bon début de Tournoi puisqu’elle a gagné trois matchs et que depuis un certain nombre d’années, nous n’étions plus habitués à cela. Je crois qu’il y a eu un déclenchement lors de la Coupe du monde, on a senti qu’il se passait quelque chose. Là il y a une confirmation de ces espoirs, même si tout n’est pas fini. Cela fait plaisir à voir, et surtout de se rendre compte que cette équipe est aimée, appréciée et soutenue. C’est toujours très agréable.

"Le plus beau reste à faire"

En plus du collectif, avez-vous l’impression de voir des stars émerger au sein de cette équipe, comme Antoine Dupont ou Romain Ntamack?

A partir du moment où une équipe gagne, que ce soit l’équipe de France ou une autre, il y a toujours des joueurs "starisés". On parle de Romain Ntamack et Antoine Dupont, mais il y en aura d’autres qui vont sortir. Il y a des jeunes joueurs qui ont des tronches comme on dit dans le jargon et qui sont différents. Cela apporte un plus parce que l’on parle d’eux et à travers on parle de notre sport. C’est toujours très encourageant. On le voit bien avec le football où il y a des têtes d’affiche comme Mbappé, Griezmann. Nous devons en retrouver, c’est une évidence.

Les Bleus ont également bien rempli le Stade de France lors du Tournoi…

Oui cela fait chaud au cœur parce que cette équipe de France a redonné envie et espoir. Depuis la Coupe du monde, tous les gens que je croise me disaient que c’était bien car il y avait des jeunes porteurs d’espoir. Je ne vais pas dire que l’on surfe sur cette vague du Mondial mais elle s’accélère en ce moment et c’est tant mieux. Il faut que cela continue et les joueurs sont conscients qu’ils ont fait de belles choses mais que tout reste à faire. Le plus beau reste à faire. 

Jusqu’où peut aller cette équipe de France?

On rêve toujours de tout. On rêve d’abord de gagner le Tournoi. En gagnant trois matchs sur cinq, on se dit qu’on est en position de gagner. Ce n’est pas encore certain car d’autres peuvent encore postuler mais là il y a possibilité de le gagner. Quand on est compétiteur et joueur je crois que l’on a envie gagner toutes les compétitions dans lesquelles on s’engage.

"Une grosse équipe capable gagner cette Coupe du monde 2023"

Peut-on déjà parler du Grand Chelem?

Quand j’étais entraîneur je ne parlais surtout pas de Grand Chelem parce que cela revient à minimiser les adversaires. Cela voudrait dire que l’on est sûr d’aller battre les Ecossais chez eux. Moi je n’en suis pas sûr du tout. Surtout quand on les voit jouer et qu’on les connait. Tous les matchs sont difficiles. Les Anglais y ont gagné de peu (13-6, ndlr). L’équipe d’Ecosse reste une équipe difficile à manœuvrer. Mais si l’on venait à battre l’Ecosse, effectivement on pourrait envisager le Grand Chelem puisqu’il ne manquerait plus qu’une victoire. Non pas que je sois superstitieux mais il faut d’abord respecter l’adversaire. C’est tellement dur d’aller gagner à l’extérieur. Dire que c’est le Grand Chelem serait prétentieux de notre part et cela reviendrait à sous-estimer l’adversaire.

Comment jugez-vous les débuts du nouveau staff des Bleus?

On est très content du staff. On est très content des joueurs. On est très content de l’engouement qui c’est créer autour d’eux. On attendait cela depuis longtemps. Il faut continuer là-dessus. Nous avons en ligne de mire une Coupe du monde dans trois ans et demie en France. Il ne faut pas l’oublier et je crois que les joueurs l’ont bien en tête. Il y a des étapes à respecter et le Tournoi en fait partie. Il y a aura des tournées comme celle en Argentine au mois de juillet ou celle de novembre. On aura encore un Tournoi l’année prochaine…Toutes ces étapes doivent servir à nous doter, à l’aube de la Coupe du monde en septembre 2023, d’une grosse équipe capable gagner cette Coupe du monde.

"Sans faire peur, le coronavirus interroge"

En tant que président de la FFR, vous sentez-vous concerné par les risques liés au coronavirus?

Bien sûr que l’on suit ce dossier avec attention. Nous le faisons pour les compétitions en France. A l’international c’est géré par les VI Nations. Nous sommes très attentifs à tout cela. On a bientôt une réunion de World Rugby à Paris pendant quatre jours, et on en parlera. J’ai vu que l’Irlande avait demandé d’annuler le match contre l’Italie. Cela parait assez bizarre de voir que l’on accepte Lyon-Juventus avec 3.000 supporters turinois alors qu’en Irlande ils demandent à reporter le match face à l’Italie. Chacun fait ce qu’il veut chez lui et je comprends la prise de précaution du gouvernement irlandais. C’est un cas assez peu commun qui arrive et sans dire que cela fait peur, cela interroge.

Les compétitions en France pourraient-elles être impactées?

C’est le Ministère des Sports qui décide et maîtrise cela. Nous, nous informons tous nos clubs, nos dirigeants et nos licenciés de que l’on nous dit au ministère. C’est lui qui est garant de ce genre de responsabilité. Jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas de doute mais nous ne maîtrisons pas la propagation de ce virus. Je ne sais pas jusqu’où cela va aller ou si cela va stagner. A l’heure actuelle, le match France-Irlande aura lieu.

Pensez-vous que la reprogrammation du match Irlande-Italie va constituer un casse-tête?

C’est toujours un casse-tête. Mais en 2001, il y avait eu des matchs reportés à cause de la fièvre aphteuse. Mais encore une fois la santé est prioritaire par rapport au sportif et même avec des décisions incohérentes. Je pense que la cohérence aurait été plus rassurantes pour tout le monde.

Jean-François Paturaud