
XV de France: Camou sort du silence, assume et contre-attaque

Pierre Camou - AFP
Depuis l’humiliation subie samedi par la France face à la Nouvelle-Zélande (62-13), en quart de finale de la Coupe du monde, Pierre Camou (70 ans) s’était muré dans le silence. Le président de la FFR avait décliné toutes les demandes d’interview, passant notamment sans dire un mot dans la zone mixte du Millennium Stadium de Cardiff. Le président de la FFR depuis 2007 est enfin sorti de son mutisme ce lundi pour dresser un bilan de ce Mondial et assumer ses responsabilités. « On s'était fixé des objectifs importants, donc cette défaite est un échec total, a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP. Il faut bien le reconnaître. Nous sommes dans un moment difficile, ce serait stupide de le nier. Je suis le premier à le reconnaître et j'en prends, en tant que président de le Fédération, la responsabilité absolue. »
Depuis la prise de fonction de Philippe Saint-André comme sélectionneur en 2011, les critiques s’abattent sut ce XV de France au jeu trop restrictif et aux statistiques accablantes (plus faible pourcentage de victoires d’un sélectionneur, trois quatrièmes places en VI Nations, une place de lanterne rouge). Le niveau du Top 14 est également pointé du doigt. Face à cette vague d’interrogations, Camou a décidé de convoquer un bureau fédéral extraordinaire jeudi matin à Paris « avec comme seul ordre du jour cette Coupe du monde ».
« Les gamins ne jouent jamais ! »
Le pire résultat d’une équipe de France en Coupe du monde depuis 1991 semble avoir convaincu cet avocat de métier de bouger les lignes de sa politique. « J'espère que tout le monde va prendre conscience que dans l'intérêt du rugby, le XV de France doit être au centre de notre organisation. Il faut trouver un autre système. » Il se dit ainsi « prêt » à mettre en place des contrats fédéraux qui permettraient à la Fédération d’engager des joueurs pour les protéger en faveur du XV de France. « Le système n'est pas parfait, c'est le fruit de négociations entre les acteurs du rugby, et il montre là ses limites », reconnait-il.
Si la Fédération et la Ligue nationale de rugby (LNR) ont récemment trouvé des accords pour une plus grande mise à disposition des internationaux français, Camou pointe du doigt la politique sportive des clubs qui privilégient les stars internationales plutôt que les jeunes joueurs français. « Depuis 6 ans, on essaye de tout réformer, les tranches d'âge, les formations, souligne-t-il. Mais les gamins ne jouent pas ! Ils ne jouent jamais. Or, la meilleure des formations, c'est le jeu. » Une manière d’envoyer la balle dans le camp de la LNR. Et de lancer les hostilités d’une réforme qui s’annonce houleuse. Mais à un an d’élections présidentielles à la FFR, elles sont nécessaires pour les Bleus et… pour l’image de Camou.