EXCLU - Picamoles: "Je pars pour Northampton"

EXCLU RMC SPORT. En fin de contrat, Louis Picamoles quittera Toulouse et le Top 14 à l’issue de la saison. Le troisième ligne des Bleus a signé pour trois ans avec le club anglais de Northampton.

Louis Picamoles, où allez-vous évoluer la saison prochaine ?

J’ai pris ma décision. Je l’ai annoncée à mon club actuel. L’année prochaine, je pars pour Northampton. Et pour les trois prochaines saisons. C’est avant tout un choix de vie. J’ai cette opportunité qui s’ouvre à moi. Etant donné que je vais bientôt avoir 30 ans, qu’évoluer à l’étranger m’a toujours attiré et que l’occasion s’est présentée, je crois que c’est le bon moment pour moi de tenter cette expérience.

Un salaire très important est évoqué…

J’ai lu ça. Je suis un peu déçu parce que je ne sais pas d’où cette information peut venir, étant donné que je ne pense pas que grand-monde soit au courant de la proposition exacte que j’ai eue. Tout ce que j’ai pu lire par rapport à ça, c’est purement faux. Bien sûr que l’aspect financier fait partie de notre quotidien en tant que professionnel, mais dire que mon choix a été dicté par ça, cela rabaisse ma prise de décision. Ce n’est pas du tout le cas. C’est vraiment un choix de vie. Je ne vais pas vous dire que je pars en smicard du rugby. Mais ma décision n’a pas du tout été dictée par ça. C’est un choix purement personnel, pour ma famille, pour moi-même, pour découvrir une nouvelle culture et une nouvelle façon de travailler. J’arrive à un moment de ma carrière où c’est peut-être le bon moment pour moi de passer ce cap-là.

C’est donc pour voir autre chose que vous n’avez pas accepté l’offre de prolongation de Toulouse…

Oui. J’avais eu aussi beaucoup de propositions d’autres clubs. Pour moi, c’était ou je partais à l’étranger pour tenter l’expérience, ou je restais à Toulouse. Toulouse m’a montré énormément d’envie de me conserver. J’y évolue depuis six ans. Ça va faire ma septième année. C’est le club qui m’a fait grandir en tant qu’homme et en tant que joueur. J’ai énormément apprécié toutes ces années. J’espère partir de la meilleure des façons. J’ai aussi beaucoup apprécié la position de mon président (Jean-René Bouscatel, ndlr), nos échanges et le respect qu’ils ont eu pour ma prise de décision. Ils l’ont comprise. Je leur en suis vraiment reconnaissant. C’est sûr que ça n’a pas été une décision facile. Je suis bien ici, tout est fait pour qu’on y soit bien. Et le nouvel organigramme, ce qui est en train d’être mis en place, j’y crois énormément. Il y a de beaux jours à venir au Stade Toulousain.

Quand avez-vous pris cette décision ?

J’ai eu de premiers contacts pendant la Coupe du monde. J’ai attendu un petit peu. C’est quand même une décision qui n’est pas facile à prendre, pour plein de raisons. Je l’ai prise en rentrant. Et pas tout seul. Il a fallu que j’en discute avec mon épouse, pour savoir ce qui était le mieux pour nous, pour nos enfants, pour elle, pour moi. On a bien pris le temps de peser le pour et le contre. J’ai voulu attendre aussi de voir les dirigeants du Stade, de discuter avec eux. J’ai arrêté ma décision définitivement hier (dimanche). On s’était mis d’accord avec le président Bouscatel et Fabien Pelous, quand je les ai rencontrés jeudi, pour que je donne une réponse rapidement. C’était important pour le club et pour moi. On a répondu aux dernières questions que je pouvais me poser dimanche en famille. Ce matin, j’ai pu l’annoncer très sereinement au Stade Toulousain.

Le départ de Guy Novès pour le XV de France a-t-il pesé ?

Guy, je ne peux pas dire tout ce qu’il m’a apporté. Il m’a fait franchir énormément de paliers, de caps, dans ma carrière. Et il m’a beaucoup apporté en tant qu’homme, aussi. Son départ, on le savait depuis un moment. Dire que mon départ se résume à celui de Guy Novès, ce serait aller un peu vite. Pas du tout. Ça n’a pas joué dans ma décision. Le nouveau staff, avec Ugo Mola et ce qu’il veut apporter au club, j’y crois énormément. Ça va fonctionner et amener ce club très haut. Plus tout le reste, c’est un choix de vie. Quand on arrive à un certain âge, il y a d’autres facteurs qu’uniquement le sportif et le financier. C’est aussi la beauté de notre sport. Ça nous permet de vivre des expériences assez exceptionnelles.

Avez-vous pensé au fait qu’évoluer à l’étranger peut mettre votre carrière avec les Bleus en danger ?

J’y ai pensé. Si je disais non, je mentirais. Je verrai bien comment ça se passera. Il y a d’abord une saison qui est en cours et qui est loin d’être finie, que ce soit avec mon club ou avec l’équipe de France. J’aurai le temps d’aborder le sujet avec le staff de l’équipe de France, si je venais à être appelé pour le Tournoi. Je ne peux pas tout calculer en fonction de ça. Il y a des opportunités qui se présentent, des fois. Il faut savoir les saisir et prendre des décisions importantes et fortes dans sa carrière pour évoluer en tant que sportif et être humain. J’espère continuer avec l’équipe de France. Je ferai tout pour continuer à porter ce maillot bleu. Déjà cette saison et ensuite à Northampton. Mais je ne serai pas le seul décideur.

Marion Fournet et Laurent Depret