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Vente de Béziers: "On aimerait bien que la fin de la récréation soit sifflée" avoue Jonathan Best

Jonathan Best

Jonathan Best - ICON SPORT

Entretien RMC SPORT – Comme le reste de l’effectif de Béziers, Jonathan Best a effectué sa reprise aujourd’hui dans une ambiance forcément particulière. Ces dernières semaines, le capitaine de l’ASBH a tenté d’obtenir le plus d’informations possibles sur l’évolution de la possible vente du club à des investisseurs émiratis. Un projet porté par Christophe Dominici.

Jonathan Best, comment avez-vous vécu ces dernières semaines particulières avec le confinement, puis le possible rachat du club?

J’ai vécu le confinement comme tout le monde. C’était une période assez anxiogène car on peut risquer sa vie. Pour ma part, j’ai vécu un confinement assez strict, je suis resté avec ma famille. Derrière, on a enchaîné avec des nouvelles qui ne sont pas vraiment rassurantes pour les joueurs. On ne sait pas trop de quoi sera fait l’avenir de l’ASBH. On a repris aujourd’hui et on ne sait pas comment les choses avancent. On aimerait bien juste être fixé, savoir avec qui et comment on va bosser afin de se concentrer sur le sportif. Pour ma dernière saison professionnelle, j’ai juste envie de profiter et de vivre de belles choses. On veut savoir comment les choses avancent et avec qui on va travailler, et se concentrer sur ce qu’on sait faire de mieux, c’est-à-dire jouer au ballon.

Avez-vous été régulièrement informés par vos dirigeants?

Oui, nous avons eu plusieurs visioconférences. C’était aussi pour évoquer le protocole de reprise mis en place par les médecins de la Ligue, savoir à quelle date on allait reprendre et ce qu’on allait faire. Forcément, avec tout ce qui est sorti dans la presse, le président Valaize a tenu à répondre un peu à nos interrogations. Mais c’était un peu la loi du silence. Entre ce qu’on lisait et ce qu’on nous disait, on avait l’impression que ce n’était pas les mêmes choses. Plusieurs fois, il nous a rassurés en disant qu’il n’avait pas intérêt à nous mentir. Pas mal de joueurs ont été étonnés et m’ont passé des coups de fil. En tant que capitaine, j’ai essayé de rassembler des informations pour avoir les tenants et les aboutissants, jusqu’à avoir un entretien avec monsieur le Maire (Robert Ménard) parce qu’il faisait partie des discussions. Je rassemblais les informations et je les donnais aux joueurs. On n’a pas été consultés, mais nous ne sommes pas les propriétaires du club ni les futurs propriétaires. On n’a pas forcément à nous demander notre avis. Mais un changement de direction peut engendrer pas mal de choses, notamment sur les contrats, des joueurs ne seraient peut-être pas gardés. C’est vraiment flou. Aujourd’hui, on a un peu retrouvé le plaisir de l’entrainement mais on se demande comment ça va évoluer dans le prochain mois.

Comment s’est déroulé votre rendez-vous avec Robert Ménard?

J’ai voulu avoir tous les sons de cloche. Je pensais que c’était mon rôle de capitaine. Avec 40 joueurs, vous pouvez avoir 40 informations différentes. Je me suis permis d’appeler les présidents du club, j’ai eu aussi Christophe Dominici au téléphone. J’ai sollicité un entretien avec monsieur le Maire et j’ai aussi échangé avec des journalistes et des agents de joueurs pour comprendre comment les choses avançaient. Tout le monde ne disait pas la même chose, et il faut faire le tri. Nous, ce que l’on veut vraiment défendre, c’est l’institution de l’ASBH, un club qui a une histoire. Peu importe qui sont les patrons, on a envie d’avancer avec ce club et faire une bonne saison. Tout le monde souhaite que Béziers redevienne une grande puissance du rugby français. On sait que dans les petites villes, les moyens financiers sont moins importants. Moi, j’ai 37 ans, et ce sera ma dernière saison. Je pense surtout aux plus jeunes du groupe qui se posent des questions sur leur avenir. On a envie que les choses avancent dans le bon sens et que ce club continue à exister dans le rugby professionnel français.

Christophe Dominici, qui porte le projet des investisseurs émiratis, a multiplié les réunions et les appels téléphoniques. Que vous a-t-il dit lors de votre échange?

Cela a été assez court. Je ne sais pas si ce sont des gens de l’entourage du club qui lui ont demandé de me passer un coup de fil en tant que capitaine et donc représentant des joueurs. Il a tenu à me rassurer sur pas mal de choses, notamment en me certifiant qu’il ne ferait pas n’importe quoi avec les joueurs. Derrière eux, il y a des familles, des enfants. Il est conscient de tous les intérêts économiques que ça représente. J’étais plutôt rassuré. Est-ce que ça veut dire que ça va se faire? On ne sait pas. Ce sont les avocats qui gèrent tout ça. Depuis les accords de confidentialité, plus aucune info ne sort. C’est encore plus troublant. On attend l’épilogue de cette histoire.

On évoque aussi un possible changement de staff…

Oui, c’est compliqué car le staff actuel a déjà programmé les matchs amicaux et la reprise du championnat en septembre. Dans leurs têtes, ils sont là. Et s’il doit y avoir des changements, il faut souligner leur professionnalisme car ils ont travaillé comme s’ils allaient rester. Mais, encore une fois, on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. On évoque la date de mi-juillet pour la reprise du club mais ça ne parait pas forcément être le bon timing pour changer. Mais on ne contrôle pas, et on subit la situation. J’ai envie que notre équipe ne se concentre que sur que sur ses matchs, comment les préparer et les gagner. Le fait de se revoir un peu au stade va redonner une nouvelle dynamique. Mais c’est vrai que c’est une ambiance un peu particulière. Les mecs ont fait attention pendant le confinement, et personne n’a attrapé le Covid-19. Tout le monde n’a qu’une hâte: que les matchs reprennent. On aimerait bien que la fin de la récréation soit sifflée et que l’on nous dise avec quelles personnes on va repartir.

Propos recueillis par Jean-François Paturaud