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Toulouse-Oyonnax : Novès n’a pas fendu l’armure

Futur sélectionneur du XV de France, une information qui devrait être officialisée ce dimanche, Guy Novès disputait ce samedi son très probable dernier match à domicile avec le Stade Toulousain. Un succès sur Oyonnax en barrage (20-19) où l’enjeu sportif n’a pas empêché l’hommage vocal du stade Ernest-Wallon. Mais où l’intéressé aura su contenir son émotion.

Sur le banc, on guettait sa réaction. Son émotion. On voulait voir. Si la carapace allait se fendre. Si la nostalgie allait prendre le pas sur le moment présent. Que nenni. Quelques secondes après le coup de sifflet final et la victoire de Toulouse contre Oyonnax (20-19), résultat qui offre au Stade une demi-finale contre Clermont samedi prochain à Bordeaux et l’espoir toujours vivant d’un 20e Bouclier de Brennus, Guy Novès a d’abord tenu à venir féliciter Christophe Urios, manager déçu d’un Oyonnax qui aura fièrement défendu ses chances. Puis les tapes dans les mains et les accolades de s’enchaîner. Son staff, ses joueurs, tous y passent et le sourire reste scotché au visage du manager toulousain, air apaisé et regard de patriarche serein tourné vers son groupe en train de fêter le succès au milieu de la pelouse.

Dans les tribunes du stade Ernest-Wallon, les voix s’élèvent : un chant « Novès ! Novès ! Novès ! » qui ne laisse aucun doute sur le personnage central du jour. A la veille de la plus que probable annonce de sa nomination à la tête du XV de France à l’issue de la Coupe du monde, Guy Novès disputait ce qui devrait être – sauf improbable retournement de situation – son dernier match à domicile sur le banc du Stade Toulousain. Après 40 années au club dont 22 comme entraîneur puis manager. Et le secret de Polichinelle de son avenir a nimbé l’atmosphère d’un barrage tiraillé entre l’enjeu sportif du moment et la perspective de la vie sans Guy. Deux pancartes de supporters résumaient mieux que tout l’état d’esprit : « Merci Mr Novès » et « Merci Guy pour toutes ces belles années ».

Christophe Urios : « Une bonne chose pour le rugby français »

Au micro du diffuseur (Canal +), et toujours sous les vivats-hommage de la foule, le manager toulousain prenait même un malin plaisir à s’amuser de la situation : « Ils m’acclament parce qu’on est en demi-finale. On s’est qualifié avec les triples et je pense que le public est ravi de ça. » Rien à voir avec l’envie de lui dire au revoir, donc ? « J’habite à côté donc quoi qu’il arrive, je serai tout le temps là. » Novès conclura dans un sourire, comme pour laisser planer un suspense inexistant : « On verra la décision qui sera publiée demain (dimanche, ndlr) ». Quelques minutes plus tard, Yoann Huget stoppait les discours voilés. Novès à Toulouse, c’est bien fini. « Guy a écrit une belle page d’histoire de ce club mais ce dernier doit continuer de vivre », lançait le Toulousain.

Si le manager du Stade choisissait de ne pas s’arrêter en conférence de presse, le passage devant les médias des vainqueurs comme des vaincus tournait au dithyrambe. « C’est le plus grand palmarès des entraîneurs en France et s’il a été choisi, ce n’est pas pour rien, rappelait l’Argentin Patricio Albacete. Pour nous, les anciens du Stade, ça va faire un peu bizarre. On avait l’habitude qu’il soit toujours là mais c’est un très bon challenge pour lui et on lui souhaite tout le meilleur. » Christophe Urios faisait lui aussi dans l’hommage appuyé : « A la fin du match, je lui ai dit : ‘‘Félicitations pour la victoire et pour ton poste, c’est bien que ce soit toi’’. Il m’a juste répondu : ‘‘Je suis sûr qu’on travaillera bien ensemble’’. J’ai compris qu’il était sélectionneur de l’équipe de France et c’est une bonne chose pour notre rugby. » Qui va vivre samedi la dernière demi-finale de Toulouse sous l’ère Novès. La der tout court pour Guy ? A ses joueurs de lui offrir 80 minutes supplémentaires au Stade de France. Sa future maison.

Le public du stade Ernest-Wallon rend hommage à Guy Novès
Le public du stade Ernest-Wallon rend hommage à Guy Novès © AFP
A.H. avec W.T.