Toulouse: le geste de classe de Kaino pour Marchand à la remise du Bouclier

Le capitaine du Stade Toulousain, Jerome Kaino, a laissé sa place au moment de soulever le Bouclier de Brennus. Il s’est effacé pour permettre à Julien Marchand, capitaine en début de saison mais blessé, de brandir le trophée avec Maxime Médard.

La classe des All Blacks n’est pas une légende. On parle souvent, pour la plupart, de leur savoir-vivre, leur politesse, leur bon sens. Jerome Kaino en a été l’incarnation ce samedi soir au Stade de France. Après la victoire face à Clermont, au moment où tous les Toulousains se sont retrouvés en tribune pour la remise du Bouclier de Brennus, le talonneur Julien Marchand s’était joint à eux. Capitaine en début de saison, le jeune international avait été victime d’une rupture des ligaments croisés d’un genou avec le XV de France, en février dernier face au Pays de Galles. Saison terminée, mais hier soir, il était logiquement en place pour soulever le Bouclier de Brennus, au côté de Maxime Médard, légitime historique du club et déjà champion lors du dernier sacre en 2012.

Près de Marchand se trouvait alors Jerome Kaino, qui avait pris le relais du brassard en deuxième partie de saison et évidemment en finale. Mais alors que le capitaine d’origine intimait à son illustre successeur de le rejoindre pour le moment solennel, Kaino lui fit un discret signe de la main, en refusant poliment. Malgré la grande insistance de Marchand, le double champion du monde néo-zélandais (2011, 2015) restait à sa place, laissant ses deux coéquipiers sous les feux des projecteurs et des flashs pour la postérité.

Interrogé sur la séquence au moment de se présenter devant les micros d’après-match, le colosse Kaino eut en guise d’explication cette réponse d’une simplicité à vous décontenancer toute une assistance: "C’était très important pour moi (de le laisser soulever le Brennus). C’est mon capitaine. S’il n’avait pas été blessé, il serait toujours le capitaine. Nous avons un groupe soudé. Les mecs blessés ont joué une grande part dans la motivation de notre équipe. Même si j’étais capitaine aujourd’hui, je vois Julien comme mon capitaine. Il devait être celui qui lève le Brennus. Je suis très fier d’avoir apporté la victoire à ceux qui n’ont pas pu jouer." Quand il a recruté Jerome Kaino, le Stade Toulousain voulait qu’il apporte autant sur le terrain qu’en dehors, qu’il aide à faire grandir ce groupe. Le moins que l’on puisse dire, c’est que personne au club n’a été déçu et que cet épisode conclut parfaitement le rôle de ce grand monsieur, dans la saison de dingue des Toulousains. Chapeau bas. 

Wilfried Templier