
Top 14: Un tournant en coulisses pour Toulouse

- - -
Sportivement, le Stade Toulousain va aborder à la fois avec ambition et pression la transition entre 2016 et 2017. Septième du Top 14, à trois points de la 3e place, le club le plus titré de l’Hexagone a quatre matchs, à Grenoble puis au Stadium face à Clermont, au Stade Français et à domicile contre Pau, pour bien terminer cette interminable phase dans les meilleures dispositions avant de laisser place à l’entame du Tournoi des 6 Nations. En Coupe d’Europe, il faudra presque un exploit, à savoir un sans-faute aux Wasps et contre le Connacht à Ernest-Wallon, pour terminer premier de poule et se qualifier sans compter sur les autres résultats. Une deuxième place est également possible, à la condition de bonus et à la faveur des résultats dans les autres poules. Mais avec 13 points, la situation est actuellement satisfaisante et aussi inconstants qu’ils soient depuis le début de la saison, les Toulousains ont les moyens de rêver.
A condition de mêler le pragmatisme à la soif de jeu de l’équipe. Mais une fois ce volet sportif considéré, c’est dans les couloirs du club que les mois à venir vont se décider. Ce lundi, le conseil de surveillance va se réunir. Les décideurs toulousains pourraient étudier les programmes des futurs candidats à la présidence, sommés de se dévoiler. Le premier d’entre eux n’est autre que René Bouscatel, 70 ans, à la tête du club depuis 23 ans et dont le mandat s’achève en juin. Il l’a dit et répété depuis des semaines, il aimerait poursuivre son aventure encore deux ans. Là où il devait présenter son successeur, Fabien Pelous, et passer la main, Bouscatel a décidé de rempiler. Le problème, c’est qu’il est contesté de toutes parts.
>> Champions Cup: Toulouse assomme les Zebre et garde son destin en main
Bouscatel, président aculé
Conscients de son œuvre depuis plus de deux décennies, ses opposants sont toutefois de plus en plus nombreux et de plus en plus virulents : certains sponsors affirment ne plus vouloir investir s’il continue. Avec la mairie de Toulouse, c’est la guerre ouverte. L’annulation du match face aux Wasps au Stadium en octobre, en arguant la protection de la pelouse (alors que le XV de France allait s’y produire peu de temps après) symbolise les relations difficiles entre le maire Jean-Luc Moudenc et Bouscatel. Et ce n’est guère mieux avec la Ligue nationale de rugby, avec laquelle le président stadiste a rompu les relations depuis longtemps et qu’il ne cesse de critiquer, notamment depuis la signature de la dernière convention avec la Fédération française de rugby.
Acculé, Bouscatel a pourtant dans sa manche une recapitalisation du club, en provenance de Fiducial, déjà actionnaire à hauteur de 10%. Il proposerait une augmentation de la participation de l’entreprise de conseil financier, qui pourrait donc jouer un rôle plus important dans un club où le pouvoir a toujours été partagé entre les actionnaires, l’association (le secteur amateur) et « les Amis du Stade », propriétaires de l’enceinte d’Ernest-Wallon. C’est la seule porte de sortie pour Bouscatel et presque une urgence pour le club, qui après avoir bouclé les deux derniers exercices avec un trou d’un million d’euros à chaque fois frôlerait l’année prochaine un déficit de quasiment deux millions. Il se murmure même qu’en 2017, le Stade Toulousain pourrait ne pas être en mesure de présenter le fonds de réserve équivalent à 20% de la masse salariale réclamé par la Ligue pour la saison suivante.
>> Top 14: Clap de fin pour Lamboley à Toulouse
L’ombre de Novès
Et les autres candidats ? Il y a d’abord Hervé Lecomte, actuel président du conseil de surveillance, élu presque par surprise il y a deux ans à la place d’Eugène Passerat, quand les turbulences touchaient déjà le club rouge et noir. Ancien joueur, il représentait à l’époque le consensus. Il avait été adoubé par le clan Lacroix, Michel et Didier, qui lorgnent aujourd’hui sur la direction du club. Mais ces derniers doivent quelque part aujourd’hui "tuer le père" en se détachant de Bouscatel pour lequel ils ont toujours roulé. Ces derniers auraient pour eux un conglomérat d’actionnaires - Airbus notamment - prêt à s’engager financièrement et un vrai réseau local pour redonner de la couleur et du standing à un club qui en a pas mal perdu ces dernières saisons. On prête même aux Lacroix un projet sportif ambitieux avec quelques noms ronflants… à condition que Didier trouve le moyen de se désengager de la régie publicitaire du club, « A La Une », dont il est le directeur.
Reste une dernière option, plutôt virtuelle : Guy Novès. Son ombre plane toujours sur Ernest-Wallon. Le jour de sa rencontre avec le vice-président de la FFR Serge Simon, et avant d’en connaître l’issue, son nom était dans toutes les conversations au club… on imaginait déjà le plan ficelé de son retour en cas de désaccord avec Laporte. Depuis, il a été confirmé dans ses fonctions. Mais ce n’est peut-être que partie remise. Si le Tournoi des 6 Nations ne se passe pas bien, les spéculations autour de son avenir vont repartir de plus belle à Toulouse. Et n’imaginez pas Novès sans plan B en cas de fin de l’histoire avec le XV de France. C’est peut-être pour cette raison qu’il a été aperçu (avant la rencontre avec Simon) en train de déjeuner avec un membre du conseil de surveillance du Stade Toulousain (au sein duquel le sélectionneur a d’ailleurs conservé beaucoup de relais). Et pas n’importe lequel : Jacques Massot, ancien DRH d’Airbus, vrai lien entre l’avionneur et le club. Ça s’est passé à la brasserie du tennis du Stade Toulousain, en face d’Ernest Wallon. Pas l’endroit où on va lorsqu’on veut être discret. Mais ce n’était peut-être pas le but. Et quand on peut joindre l’utile à l’agréable…