
Top 14: un avenir de plus en plus incertain
L’avenir s’assombrit un peu plus chaque jour. Et tout ce qui a été décidé la veille devient rapidement illusoire en l’espace de quelques heures seulement. Depuis plusieurs semaines, les présidents de Top 14 planchent sur différents scénarios de reprise afin de boucler la saison, interrompue par le coronavirus. Deux ont été officiellement énoncés par la LNR la semaine dernière : l’hypothèse la plus optimiste était de terminer en juillet, la seconde de le faire un mois plus tard, fin août, juste avant le début du prochain exercice. Comme indiqué ces derniers jours, plus personne ne croit à la première hypothèse. "Cela n’aura pas lieu, nous n’avons aucune chance de jouer avant fin août", nous ont dit plusieurs sources ce mardi. C’est désormais une certitude, la finale du championnat n’aura pas lieu le 18 juillet au Stade de France. Mais quand ?
"Il est illusoire d’imaginer une reprise en juillet, résume le médecin du MHR, Jacques Giordan. Il n’y aura pas de matchs au mois de juillet, il faut arrêter les conneries..." Le rapport médical, jugé par tous particulièrement complet, présenté aux présidents de Top 14 et Pro D2, réunis ce mardi matin à la veille du comité directeur, n’est pas franchement de nature à rassurer. "Les présidents sont groggys", nous dit-on. Il faudra en effet patienter encore très longtemps avant de revoir un match. Cinq étapes seront nécessaires : le déconfinement, tester tout le monde et de manière régulière, une reprise individuelle ou par petits groupes, une reprise des contacts et la haute intensité et enfin la reprise de la compétition.
"Ce qui a été acté hier (lundi) est assez évolutif, avouait mercredi le docteur Giordan. Il y a encore beaucoup de flou à l’issue de la réunion parce que le 11 mai, avec le début du déconfinement, on ne va pas passer de blanc à noir ou de noir à blanc et ça sera différent selon les régions. Et on ne peut rien faire avant le 11 mai. (…) Au foot, ils peuvent s’entraîner à distance mais nous au rugby le contact est permanent (touches, mauls, mêlées) et on se fait des passes avec les mains en plus…"
Le Top 14 pourra-t-il ou non terminer sa saison en août par des phases finales et débuter la suivante, comme prévu en septembre ? Sans une batterie de tests contre le Covid-19, ça semble plus qu’hypothétique. L’inquiétude a passé un cap ce mardi et personne n’a les réponses. Si ce n’est peut-être le ministère des Sports, qui présentera son plan de sortie de confinement dans une dizaine de jours. Rien ne garantit aujourd’hui une fin de saison en août, après huit à douze semaines de préparation.
Tayeb : "Jouer à huis clos, c’est financièrement impossible"
Certains pensent désormais à décaler encore de quelques semaines cette fin de saison, en septembre. Les plus pessimistes redoutent même le scénario du pire sans le moindre match en public avant la fin de l’année ou même tout simplement une reprise en janvier 2021 ! "J’ai bien sûr envie reprendre au mois de septembre mais après l’exposé de la commission médicale, ça me parait compromis, a indiqué le président bayonnais Philipe Tayeb à RMC Sport. Il faut que toutes les garanties soient réunies. On a tous envie de rejouer, on aime tous ce sport qui est composé de spectacle et de spectateurs. Mais jouer à huis clos, c’est pour moi financièrement impossible. Les recettes de la billetterie, partenariats, abonnés représentent 60% des revenus de l’Aviron Bayonnais. Les clubs ne pourront pas supporter le huis clos à moins d’une compensation financière." D’autres militent tout simplement pour l’annulation de la fin de saison.
De l’avis de tous, le flou est complet et le spectre d’une catastrophe économique plane. Beaucoup ont pris un très gros coup sur la tête après cette réunion ce matin. De son côté, la LNR ne prendra aucune décision, avant trois semaines, tant que le plan de sortie de confinement du ministère ne sera pas communiqué, tout comme le protocole à suivre de la commission médicale. Mais désormais, tout est possible. Y compris le pire. "On fait un pas en avant, deux en arrière en ce moment, selon un dirigeant. Les mois à venir vont être très longs…"