
Top 14: "Tout le monde retient son souffle à chaque résultat de test" selon Paul Goze
Paul Goze, dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de cette nouvelle saison?
Cela fait six mois que l’on ne joue pas au rugby et tout le monde est heureux de voir que la saison va commencer. Nous sommes un peu tendus en raison des circonstances du moment mais très impatients.
Avez-vous peur que la saison soit perturbée d’entrée par la pandémie avec déjà des reports?
On se projette sur les deux premières journées, avant la Coupe d’Europe. On espère que pratiquement la totalité des matchs pourra se jouer malgré des cas de Covid qui sont annoncés. On rendra la décision entre aujourd’hui et demain mais la plupart des matchs devrait se dérouler ce week-end. On est au jour le jour, avec des tests faits régulièrement qui peuvent amener des mauvaises surprises.
L’incertitude concerne surtout le match entre le Stade Français et l’UBB vendredi soir…
Oui, il y a une incertitude. On prendra la décision définitive demain. Un bureau rapidement convoqué se tiendra mardi.
Le Stade Français a vu sa préparation largement tronquée depuis la révélation de 25 cas de Covid au début du mois. Ne serait-ce pas dangereux pour des Parisiens diminués de disputer cette rencontre dans ces conditions?
On peut le voir sous cet angle mais ils ont tout de même effectué deux mois de préparation. Ils ont été interrompus un peu plus de quinze jours. On va voir s’il y a une solution en concertation avec les deux clubs pour trouver une date dans le week-end pour jouer, éventuellement le retarder. C’est le match sur lequel pèsent le plus d’incertitudes. Il faut aussi que les équipes prennent leurs responsabilités si nous voulons aller au bout de notre championnat, mais bien sûr que la préparation n’est pas idéale. On souhaite jouer notre championnat dans la meilleure des positions mais il faudra impérativement que chaque club fasse les efforts nécessaires pour aller au bout de notre championnat.
Mardi, ce sera une journée importante pour le rugby français puisque vous avez rendez-vous avec le cabinet du Premier ministre…
Oui, c’est une journée importante pour le rugby professionnel. Avec des jauges partielles, voire pire, le rugby professionnel ne pourra pas passer cette crise sans aides massives de l’Etat. On risque d’avoir un certain nombre de clubs défaillants dans les semaines ou les mois qui suivent. Une majorité des clubs ne pourrait alors pas passer ce cap. Tout le monde en est persuadé mais c’est vrai que mardi sera une journée très importante. L’aide financière doit dépendre du nombre de matchs qui seront disputés à jauges partielles ou à huis clos.
L’autre actualité, cette fois à moyen terme, concerne les matchs internationaux de cet automne. Où en est ce dossier et avez-vous des retours de la Fédération et World Rugby?
Pour l’instant, c’est le statu quo. On a fait nos propositions avec cinq matchs sur cinq semaines. Les clubs ont fait un effort extrêmement important puisque seuls trois matchs étaient initialement prévus. Nous attendons le retour de la Fédération puisqu’il faut traiter le nombre de matchs mais aussi la mise à disposition des internationaux (ndlr: c’est-à-dire combien de joueurs seront libérés pour les Bleus). Nous attendons le retour de la Fédération et ses propositions pour débattre.
Mais ces matchs vont arriver très vite…
Oui, dès fin octobre. Nous attendons rapidement des propositions mais à ce jour je n’ai rien.
Les relations avec la FFR sont toujours aussi compliquées…
Nous avons des points de vue différents sur un certain nombre de sujets. Là on parle des tests de l’automne 2020 et des positions un peu différentes. Il s’agit de trouver un terrain d’entente en se rapprochant et en discutant mais à ce jour je n’ai pas de propositions. Mais je suppose qu’elles vont arriver puisque, comme vous dites, le temps presse.
Comment avez-vous reçu les critiques de Bernard Laporte à votre égard dans les colonnes de L’Indépendant voilà quelques jours?
Je ne veux pas polémiquer mais ce n’est pas tout à fait du niveau d’un président de Fédération que de dénigrer l’ensemble des gens qui sont dans le rugby et qui essaient d’apporter leur pierre à l’édifice. En ce qui me concerne personnellement, il parle d’un sujet qu’il ne connait pas sur moi et mon ancien club (Perpignan). Je suis tout à fait prêt à en débattre avec qui voudra mais quand je ne serai plus président de la Ligue.
Justement, est-ce une certitude que vous ne serez plus président de la LNR à la fin de votre deuxième mandat actuel?
Les statuts actuels prévoient que je ne peux pas faire plus de deux mandats. Je suis en train de finir le second. Il n’y a pas lieu d’extrapoler. Je n’ai pas demandé de modifications de statuts, et je ne le demanderai pas.
Et si les présidents de clubs le faisaient pour vous?
Je pourrais éventuellement me poser la question à ce moment-là. Mais comme ce n’est pas d’actualité, je ne pense pas que le cas se présente. Je vais finir mon mandat à la fin de l’année et un nouveau président mènera la Ligue. Et franchement, au regard des problèmes que nous avons actuellement pour le début du championnat, les matchs internationaux, et les difficultés avec World Rugby, je ne me pose pas du tout ce type de questions. C’est parce qu’on m’en parle que je réponds. Ce n’est pas la priorité du moment ni pour les clubs alors que tout le monde retient son souffle à chaque résultat de test pour organiser les matchs. L’ensemble du rugby professionnel a des problèmes urgents à traiter et je ne pense pas que l’élection, qui aura lieu à la fin de l’année ou au début de 2021, soit la principale priorité actuelle.