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Top 14: pour Maxime Médard, "on aurait pu réfléchir à un modèle différent"

Maxime Médard, l’arrière international du Stade Toulousain, a repris le chemin vers son club pour les premiers tests avant une éventuelle reprise de l’entraînement. A 33 ans, il se dit en pleine forme et prêt à repartir pour une nouvelle saison. Tout en estimant qu’à travers cette crise sanitaire, le moment était venu pour changer les choses au sein de l’élite du rugby français.

Maxime Médard, ça donne quoi un rugbyman sans ballon et sans coéquipiers?

Déjà, ça profite de la famille. J’ai la chance d’avoir une maison et un jardin donc j’ai pu faire pas mal de bricolage, de jardinage et je me suis occupé de ma fille.

Avez-vous développé un double projet? Votre reconversion?

Pendant le confinement, j’ai travaillé pour ma société qui s’appelle Fiters (projet mené avec le Montpelliérain Louis Picamoles et l’ex-rugbyman Jacques Boussuge). C’est une application de sport santé. Les particuliers peuvent commander un "coach" pour faire du sport, mais on fonctionne beaucoup avec des entreprises. Et pendant le confinement, on devait faire des directs ou des vidéos de sport. Après, je suis aussi engagé avec des associations. Avec Premiers de Cordée (qui propose de initiations sportives aux enfants hospitalisés et des actions de sensibilisation au handicap, NDLR) et j’ai aussi lancé "cœur de sport". Un artiste dessine un sportif et les fonds récoltés par la vente de cette œuvre sont distribués à l’association du sportif.

Est-ce que cette période amène de la réflexion?

Certains en ont peut-être besoin. Mais personnellement, je n’ai pas eu l’impression de me poser beaucoup de questions sur mon avenir ou des trucs comme ça. J’étais sur l’instant présent en essayant au maximum de profiter de ma famille. J’ai fait du sport pour me maintenir en forme. Voilà.

On ne se dit pas que le professionnalisme peut être fragile dans ces instants-là?

Il n’y a pas que le sport professionnel qui a été fragilisé. Il y a d’abord le secteur de la santé. Il a été fragilisé et a montré qu’on était en retard sur pas mal de choses. Après, je pense que du côté sportif, on aurait pu mieux réfléchir sur l’après plutôt que de penser à savoir si on devait finir la saison ou pas.

Réfléchir sur l’après?

Ça fait quand même quelques temps que l’on entend que notre championnat est long, que l’équipe de France n’est pas favorisée et c’est vrai qu’on aurait pu réfléchir à un modèle différent concernant la saison prochaine. Notamment pour que l’équipe de France soit performante, qu’elle gagne des Tournois et la prochaine Coupe du Monde.

Avez-vous une réflexion sur l’équipe de France?

(il sourit) Je réfléchis déjà à savoir comment je vais revenir. Après, l’équipe de France, c’est loin. Il peut y avoir plein de surprises. Mais il faut travailler avant de croire en quelque chose. C’est loin. Après, je ne vais pas revenir sur ça. Je n’ai pas annoncé de fin de carrière, que ce soit en club ou en équipe de France. Donc voilà. Mais honnêtement, ma situation personnelle est loin d’être la plus importante. Ce n’est pas un sujet auquel j’ai réfléchit pendant le confinement.

Dans quel état physique êtes-vous?

Ça va. J’ai bien travaillé. Je me suis maintenu en forme. Après, bien sûr, il y a des automatismes qu’il faudra reprendre pour s’entraîner collectivement et voir les matchs arriver. Après, moi, ça fait très longtemps que je joue au rugby, c’est comme le vélo, ça se reprend vite!

Êtes-vous arrivé à diversifier vos activités physiques?

Déjà, le Stade Toulousain nous a mis des appareils de la salle de musculation à disposition pour les emmener chez nous. Moi, j’avais un rameur, un home-trainer… donc j’ai fait mon programme, de la musculation. Après, j’ai des côtes pas très loin de chez moi donc j’ai pu alterner. Mais au-delà de ça, je pense que ça a montré à tout le monde que le sport était valeur de bonne santé. Je pense que des gens vont certainement faire plus de sport après cette période-là. Et pour les enfants, le modèle scolaire devrait intégrer encore plus de sport pour être en meilleure santé plus tard.

"Bordeaux et Lyon faisaient une année magnifique"

On arrive à la première phase de la reprise comme édictée par la commission médicale de la LNR Que se passe-t-il au Stade Toulousain?

Une phase de déconfinement a été mise en place par Philippe Izard, notre médecin. Il fallait savoir si certains joueurs l’avaient eu ou pas. Donc on a été testés. On a fait des examens "osthéo" et "iso". Et dans deux ou trois semaines, en fonction de ça, on aura peut-être la possibilité de savoir si on peut reprendre par groupes de trois ou quatre joueurs. Pour essayer de reprendre ensemble, physiquement, avec des repères. Et voir le bout du tunnel.

La reprise du Top 14 est espérée pour le 5 septembre mais les clubs redoutent le huis-clos. Avez-vous des échanges avec vos dirigeants?

Oui. On a quand même gardé un lien assez fort avec le Stade Toulousain pendant toutes la période du Covid. Par le biais de Didier Lacroix et des entraîneurs, on avait soit du physique à faire par équipes à distance, soit il y avait "la bière du président" où Didier ou les coachs prenaient la parole pour nous expliquer les avancées vers la reprise. Mais au final, beaucoup de choses ont été dites et changeaient beaucoup. Donc il faut être patient et attendre le dénouement final.

La "bière du président"? Un rendez-vous sympa?

Oui. Même si c’était par visio-conférence, c’est toujours un moment sympa parce qu’on est une équipe, mais avant tout pour la plupart des potes. Donc c’était chouette de se retrouver là et d’avoir un moment à nous. D’autant qu’il y avait tout le monde à chaque fois. On passait un moment sérieux d’abord puis après plus rigolo (sourire).

Il n’y a pas eu de champion cette année. Le Stade Toulousain va-t-il encore défendre son titre la saison prochaine?

On va défendre notre titre… après, il y a certainement des équipes qui sont déçues parce qu’elles faisaient une saison exceptionnelle. Nous, on était dans le milieu de tableau. C’est très bizarre. Une saison, c’est long. Et quand tu fais une saison aussi belle que Bordeaux et Lyon, et d’autres équipes, c’est particulier de s’arrêter. C’est triste pour eux. Ils faisaient une année magnifique, avec un jeu remarquable. C’est dommage pour eux. Nous, on était septième avec pas mal de taf à faire pour remonter dans les six premiers.

N'est-ce pas difficile à accepter, à 33 ans, de se faire "voler" une partie de saison?

Non. Ça va. Vous revenez sur mon âge, mais j’ai les jambes, la tête, l’envie, l’expérience. L’âge ne veut rien dire. Si je suis en forme, il n’y a pas de souci par rapport à ça. Ça va peut-être me permettre de faire une ou deux saisons de plus, on verra bien. Ce n’est pas maintenant que je vais changer ma façon de travailler. J’ai toujours eu l’envie et je ne pense pas que ça change à 33 ans. Je sais qu’il me reste peu d’années et je vais essayer de profiter au maximum. Et soit apporter sur le terrain ou en dehors pour aider les jeunes qui montent. J’ai encore plus d’envie que quand j’avais vingt ans. Et il n’y a pas de standard au niveau de l’âge. Tout dépend de ton chemin de carrière, tes envies, tes blessures, il y a plein de choses. Aujourd’hui, j’ai une hygiène parfaite, je fais attention à ce que je mange. Je travaille dur, donc voilà, je me sens en pleine possession de mes moyens. Il n’y a pas de raison pour que je m’arrête de suite.

Le titre de 2019 vous donne-t-il envie de revivre ces émotions?

Je ne sais même pas pourquoi vous me posez la question… si je vous dis non, c’est un peu con quand même (rires)?

W.Templier