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Top 14: Pontneau attend "des mesures simples et rapides" du gouvernement

Quatre présidents de Top 14 et des représentants de la Ligue Nationale de Rugby seront reçus mardi à Paris, par le cabinet du Premier ministre Jean Castex. Le Palois Bernard Pontneau sera accompagné de Didier Lacroix (Toulouse), Vincent Merling (La Rochelle) et Thomas Lombard, Directeur général du Stade Français, ainsi que Paul Goze, président de la LNR et son directeur général Emmanuel Eschalier. Il livre ses attentes pour RMC Sport, notamment concernant les exonérations de charges.

Bernard Pontneau, vous avez rendez-vous mardi avec le cabinet du Premier ministre. Qu’attendez-vous de cette réunion à Paris?

C’est déjà très positif qu’on soit entendus. Le rugby est fait de particularités. C’est un sport de plein air, le deuxième sport français, mais avec des spécificités. Tous les sports, tous les spectacles vivants, souffrent. Nous, notre fonds de commerce, ce sont les gens au stade, le lien social. Nous avons une double peine. D’abord la peine du Covid-19 une peine générale que tout le monde affronte, notamment d’un point de vue économique. Ça fausse la donne, notamment pour les partenariats. L’autre impact Covid génère la peur pour certaines catégories, qui se disent qu’elles vont peut-être regarder le rugby à la télé.

C’est-à-dire?

Il n’y a pas que le phénomène de jauges. Il faut prendre tout le contexte général lié à la pandémie. Nous sommes déjà dans des situations très dégradées. Les jauges vous obligent à arrêter des commercialisations, pour les abonnés ou autres, même si on peut penser qu’elles seront un peu plus dérogatoires dans les semaines ou mois à venir. Mais le temps perdu ne se rattrape jamais. Va-t-on recouvrir notre économie de suite? Bien sûr que non. Il faut affronter le court terme. Même si nous avons baissé les salaires, ce n’est pas suffisant par rapport à tout ce que l’on va vivre, avec des déficits annoncés importants. S’il n’y a pas d’emmerdes supplémentaires… Car la vérité du lundi n’est pas celle du vendredi.

Qu’attendez-vous concrètement?

Il y a déjà eu un coup de main gouvernemental excessivement positif pour pouvoir déjà démarrer l’année. Quelques mesures pour faut stabiliser l’économie des clubs et les faire survivre seraient les bienvenues. Il faut discuter des modalités.

Ces aides sont-elles indispensables à la survie des clubs?

Oui, bien sûr. Les actionnaires font le boulot mais ce n’est pas suffisant. Nous sommes dans des pertes d’exploitation beaucoup trop importantes par rapport à la capacité des d’absorption des fonds propres des clubs. Tous les sports sont en danger, le sport de haut niveau est en danger. Et c’est le sport de haut niveau qui tire l’économie globale du sport. Par ruissellement, ça impacte tout le contexte amateur. Le législateur n’en a pas encore pleinement pris conscience. Mais ce tractage des Ligues crée la valorisation de l’économie du sport. Le rugby a un impact territorial énorme.

Quelles mesures espérez-vous en priorité?

Des mesures les plus simples parce qu’elle doivent être rapides. Il ne faut pas que ça prenne des années. Pour le rugby, l’activité partielle n’est plus possible. Pour moi, l’aide la plus efficace est l’exonération de charges sociales. C’est la plus directe et la plus impactante, peut-être pas pour les décideurs. C’est compliqué de le faire pour le sport et pas pour d’autres, qui sont déjà alimentés en attributions budgétaires, comme les spectacles et la culture. Et tant mieux d’ailleurs. Chacun voit midi à sa porte et j’ai peur, parfois, du choix politique. On a accordé ça à l’un et pas à l’autre. Mais qui gueule contre l’aide de deux milliards pour la culture? Personne. Je trouve ça très bien. Mais les clubs font partie de cet héritage culturel profond. Les mesures ne doivent pas être forcément les mêmes. Nous avons besoin d’effets immédiats. Nous sommes tous sur la même longueur d’ondes, car nous avons les mêmes emmerdements.

JF.Paturaud