
Top 14: "Ne pas sacrifier ou perturber la saison prochaine", espère Garbajosa
Comment occupez-vous vos journées avec ce confinement?
Autant les 15 premiers jours, c’était plutôt bizarre. J’étais un peu sur une autre planète, à écouter, à chercher les infos, à ne pas trop comprendre. Franchement, j’ai eu l’impression que c’était un vrai break, une période de vacances. J’ai posé les affaires, j’ai soufflé, j’ai pensé à autres choses, j’ai décompressé. Puis le naturel est revenu au galop, j’ai ouvert les bouquins, l’ordinateur, j’ai commencé à me pencher sur les différents scenarios de reprise, à entrer en contact avec les autres membres du staff, la direction. J’ai envoyé des messages aux joueurs pour savoir comment ils allaient. C’est important de prendre des nouvelles au-delà du rugby car ce qui compte dans cette période c’est leur santé et celle de leur famille surtout que certains sont papas depuis pas longtemps.
Vous travaillez sur quoi pendant cette période?
J’ai travaillé sur l’intersaison, la fin de saison, les différents scenarios de reprise, le recrutement au centre de formation avec le nouveau directeur, la structuration du club, etc... Plein de choses que l’on n’a pas le temps de faire quand la saison bat son plein mais qui sont plutôt intéressantes. Je me suis aussi penché aussi sur le bilan de la saison: ce qui a été, pas été, ce que l’on pourrait améliorer. Ce que je pourrais faire de mieux personnellement, comment je me suis comporté, ce que je regrette ou pas, sur quoi il faut continuer d’avancer, ne pas lâcher et les choses que l’on peut, peut-être négocier. Une remise en question personnelle que l’on fait souvent pendant la saison mais là on a un peu le temps. C’est un bilan de deux-tiers de saison! Mais bon le rugby manque car on fait cela tous les jours. Il manque la dépense physique, la dépense énergétique, etc..
Comment préparez-vous la reprise sans connaître les règles du déconfinement?
Déjà c’est compliqué car on n’a pas vraiment d’objectif: pas de date de reprise, pas de date de fin, pas de formule pour le moment. Ensuite il va y avoir le contexte médical pour lequel je n’ai aucune compétence et où les médecins vont devoir dicter leurs règles. La reprise va se faire en petits groupes, il faudra prélever tout le monde et faire des familles par rapport aux résultats des examens. Il faudra une gestion individuelle des garçons pour une remise à niveau. Car il ne faut pas parler d’entraînement. Je crois que lors du déconfinement on sera à 10 semaines d’inactivité et c’est du jamais vu dans une carrière. Il faudra faire du cas par cas avec les joueurs, à la sensation. On peut faire des projections avec les préparateurs physiques pour je le répète de la remise à niveau physique. Il faudra prendre notre temps pour mettre les garçons dans les meilleures dispositions non pas pour qu’ils atteignent leur meilleur niveau mais pour qu’ils puissent s’entraîner sans blessure. On ne pourra pas faire du rugby après deux jours, on va devoir passer par une phase de réadaptation qui va pouvoir permettre aux garçons de faire des entraînements à haute intensité mais ça va prendre du temps.
Les joueurs de foot via l’UNFP refusent une reprise précipitée, vous comprenez cette position?
On l’a toujours dit, le plus important c’est la santé. Tant que le contexte sanitaire n’est pas sûr, je comprends les interrogations sur une éventuelle reprise. Je suis sûr qu’ils sont tous passionnés, mais il faut les mettre dans les meilleures conditions possibles pour les protéger et les mettre en sécurité par rapport à leur santé. Si mon pôle médical me dit, demain, tu peux y aller pour les entraînements on a fait les tests nécessaires, il y aura pour nous une progression dans l’intensité. Mais le seul qui a la réponse pour cette reprise, c’est le pôle médical et il faut laisser faire les gens compétents décider. Quelque soit les différents scenarios imaginés par la ligue ou par les présidents, nous on est là, on s’adaptera mais ce qui est le plus important c’est de travailler en bonne santé.
Finir cette saison, c’est important pour vous?
Je n’ai pas forcément un avis, ça serait maladroit de ma part. On est huitième aujourd’hui, on peut regarder en haut et en bas donc c’est très difficile. La seule chose que je souhaite, c’est que l’on ne vienne pas sacrifier ou perturber la prochaine saison. Cette saison, on la finit, on ne la finit pas, on n’est pas les mieux placés pour en parler. Si on nous demande de jouer, on jouera et de la meilleure des façons. Maintenant, il faut se projeter sur l’avenir parce que je ne suis pas persuadé que l’on soit capable de faire deux saisons compliquées comme celle-là. Ce qui m’importe le plus aujourd’hui pour moi et le MHR, c’est la préparation de la prochaine saison. Une bonne saison repose en partie sur une excellente préparation, c’est le socle de la saison.