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Top 14: l’inquiétude des joueurs en fin de contrat

De nombreux joueurs en fin de contrat n’ont pas retrouvé de clubs en raison de la crise engendrée par le coronavirus. L’inquiétude grandit alors que le marché des mutations est à l’arrêt.

La liste est aussi longue qu’impressionnante. De Hugo Bonneval à Alexis Palisson en passant par Julian Savea et Sergio Parisse, jusqu’à Jean-Charles Orioli ou encore Benjamin Fall, les joueurs en fin de contrat, cet été, sont particulièrement nombreux en Top 14. Eux, ce sont les plus médiatiques. Mais d’autres, dont on parle beaucoup moins dans la presse, sont tout autant plongés dans le flou le plus total. L’inquiétude aussi car le marché des mutations, déjà très calme ces derniers mois, est désormais quasiment à l’arrêt en raison de l’épidémie de coronavirus.

"Je ne le vis pas bien, concède le deuxième ligne de Brive Dan Malafosse. Pas un joueur ne peut dire qu’il le vit bien. De base, on ne signe que des CDD, des contrats précaires. D’habitude, on savait au mois de mai de quoi allait être fait la saison suivante. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et cela amène quelques questionnements. Mais j’essaie de ne pas trop y penser car sinon je me pollue l’état l’esprit avec des choses que je ne maîtrise pas." Ce fils de rugbyman (son père Michel a notamment brillé à Bourgoin) a bien eu des contacts avec des clubs, mais aucune proposition concrète. "Les clubs attendent de connaitre les répercussions de cette crise", selon lui.

A 400 kilomètres de là, le Bayonnais Emmanuel Saubusse partage exactement les mêmes interrogations. Douze ans après ses débuts professionnels et quatre après son arrivée à l’Aviron, le demi de mêlée navigue lui aussi à vue. "On n’a pas de visibilité sur notre avenir, dit-il. Et cela a des impacts sur notre environnement, on se demande ce que l’on va faire plus tard. On suit les évolutions et les annonces sur le Covid-19. On y pense mais on ne peut faire grand-chose. Je suis dans l’expectative. Il faut être patient. Beaucoup plus de joueurs seront sans contrat en juillet cette année. C’est une situation bizarre mais il faut faire avec." Le joueur de 30 ans, comme les autres, n’a de toute façon pas d’autre choix.

Préparer l’après-rugby

La LNR a entériné une prolongation de la période des mutations jusqu’au 15 juillet afin de donner plus de temps et de latitudes aux clubs et joueurs. Mais en coulisses, rien ne bouge. En Pro D2, le marché est certes un peu plus actif. Et plusieurs joueurs de Top 14 en fin de contrat vont devoir se rabattre sur l’étage inférieur pour continuer à exercer leur métier. "Des clubs ont choisi de ne pas remplacer les joueurs partants ou alors de viser des joueurs qui seront au chômage en leur offrant un contrat minimum", selon un agent. A défaut de jouer au rugby et d’y voir plus clair sur leur avenir sportif à court terme, certains joueurs profitent du confinement pour se consacrer à d’autres activités professionnelles pour l’après-rugby.

A Brive, Malafosse, qui se qualifie lui-même "d’hyper-actif", a des journées confinées bien remplies par d’autres activités, dont une société de box gastronomique et une startup dans le domaine de la santé pour améliorer tout le parcours des patients au sein de l’hôpital. "J’ai de quoi m’occuper, dit-il. Je n’oublie pas le rugby car ça reste ma passion." A 28 ans, son avenir professionnel, loin des terrains, semble déjà tout tracé. Et dans ce contexte incertain, c’est évidemment précieux. Saubusse, lui, ne ferme aucune porte, ni dans le domaine de l’immobilier qui l’intéresse, ni dans l’entrainement. "Mais j’avais prévu ça pour un peu plus tard, pas pour maintenant. J’ai envie de retrouver un projet sportif et rejouer des matchs. C’est ça qui me préoccupe le plus aujourd’hui."

Jean-François Paturaud