RMC Sport

Top 14: l'inquiétude de Lacroix et du Stade Toulousain

Lors d’une visite des nouvelles installations du stade Ernest-Wallon pour la presse, le président du Stade Toulousain Didier Lacroix a avoué ses espoirs, mais surtout ses craintes concernant la rentrée rugbystique. La jauge partielle dû au Covid-19 met actuellement les clubs de rugby, comme le Stade Toulousain, dans les cordes.

Une visite qui se transforme en conférence de presse. À une grosse semaine de la reprise du Top 14, Didier Lacroix, le président du Stade Toulousain, a fait le tour des entrailles d’Ernest-Wallon (vestiaires équipe première, visiteurs et arbitres refaits, nouvelle salle de presse). Mais ensuite, il s’est épanché sur la situation sanitaire, le jour où son département de la Haute-Garonne est repassé en zone rouge.

Alors qu’il a rencontré le préfet cette semaine, en compagnie des présidents du Toulouse Football Club et de Colomiers (Pro D2), Didier Lacroix espère encore accueillir du public, dans des conditions plus adaptées au sport de haut niveau.

"La situation s’est tendue ce matin, vous l’avez vu. Ce qui veut dire qu’on sera encore plus surveillés et plus encadrés dans notre département jusqu’à ce que ces chiffres redescendent. Ça va nous contraindre à une jauge partielle vendredi, pour la venue de Montpellier en amical. Pour La Rochelle (2e journée de Top 14 le 12 septembre, ndlr), on ne sait pas. On demandera l’ensemble des dérogations si les chiffres du Covid nous le permettent. Mais ce sera un travail hebdomadaire. Match par match." Le patron du club rouge et noir oscille entre joie de revoir ses hommes sur le terrain et inquiétude quant à l’accueil du public et ses conséquences économiques.

"C’est très paradoxal. Cette gaité, ce bonheur de revoir jouer l’ensemble de l’équipe, avec une préparation exceptionnelle de trois mois, sans blessés de long terme. Mais on est pendus à nos tests Covid de 72 ou 48 heures avant les matchs. On a une certaine dose d’inquiétude pour savoir s’il va y avoir des cas positifs. Et je pense bien malheureusement que tout le monde va y passer. Ce qu’on espère c’est qu’il y ait un minimum de matchs reportés." Mais l’accueil du public est évidemment le cœur du problème des clubs de Top 14, qui ne bénéficient pas des droits télévisuels de leurs homologues du foot.

"Un jour ou l’autre on va rejouer devant le public intégral, devant des stades pleins. À quelle échéance? Je ne le sais pas. Il y a une certaine inquiétude économique face à ces jauges partielles. Surtout au Stade Toulousain. Car on l’habitude d’avoir donné du jus de cerveau, depuis bon nombre d’années, pour essayer d’optimiser tout ce qu’on peut faire quand un spectateur vient chez nous, en termes d’animation, de consommation. Pour l’instant on est à l’arrêt. Et on va devoir fait des choix, arbitraires. Peut-être dès La Rochelle où, avec les abonnés, les partenaires et les personnes de l’organisation, on sera au-dessus de 5.000."

Le rugby a rendez-vous mardi à Paris

Et donc la case financière du Stade Toulousain et des 13 autres clubs de l’élite seront impactés. Ils vont devoir naviguer à vue. "On s’aperçoit non seulement que les organisations de matchs vont coûter beaucoup plus cher, mais en plus de ça il y aura moins de monde, résume Lacroix. Plus de 4.100 personnes ont repris un abonnement au club. Sur deux mois, on parle d’un manque à gagner de 30 millions d’euros sur l’ensemble des clubs."

Mardi, plusieurs présidents de club et des représentants de la Ligue nationale de rugby ont rendez-vous auprès du gouvernement afin de présenter la situation. Reçus au cabinet du Premier ministre Jean Castex, ils vont demander un certain nombre de mesures d’accompagnement. En tous cas, cette situation ne pourra pas durer dans le temps. "Un club comme le nôtre ne peut pas fonctionner sur une jauge partielle. C’est impossible. Impossible. On est en réel danger de vie sur des jauges partielles, estime le dirigeant toulousain. On n’attendra pas trois mois."

Autre problématique: rester ou non au Stadium de Toulouse, où est prévu le quart de finale de Coupe d’Europe face à l’Ulster (le 20 septembre). Avec un chiffre d’affaire potentiel sur ce match de 1,1 million d'euros. "On a une difficulté, c’est qu’on sera prévenu une semaine à l’avance. Mais il faut se donner les moyens d’aller jusqu’au bout. Revenir à Ernest-Wallon me paraît inconcevable. Mais si au dernier moment, on est à 5000… il faudra peut-être le faire. Mais jusqu’au dernier moment, moi je veux rester au Stadium. Et il n’y a pas de jeu de rôles. On est incapable de savoir comment évoluer la maladie. Mais il faut avoir l’ambition de..." Et en croisant les doigts devant cette situation qui ne tient qu’à un fil.

Wilfried Templier