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Top 14 : huit ans après, le Stade Français redevient magique

Au terme d’une finale pauvre en spectacle mais qu’il aura mieux géré nerveusement que son adversaire, le Stade Français a dominé Clermont (12-6) et renoué, huit ans après, avec le Bouclier de Brennus.

LES TOPS

Le pied de Morné Steyn

La statistique vaut son pesant de cacahuètes à l’heure du bilan. Depuis 2010, 73 % des points des finales du Top 14 ont été inscrits au pied. Dans le cas de ce choc entre Clermont et le Stade Français, il s’agit même d’un 100 %. Et à ce petit jeu, c’est Morné Steyn qui a fait la loi. Le Sud-Africain a inscrit quatre des six pénalités qu’il a eues au bout du pied. Soit 60 % de réussite à lui tout seul. C’est 20 % de mieux que les trois buteurs clermontois. Morgan Parra ? Un terrible zéro sur deux. Camille Lopez ? 1-1. Brock James ? 1/2. Un coup de patte assuré à 25 mètres à droite des poteaux. Et un autre, manqué au plus mauvais moment, à 33 mètres des poteaux. Habile pour donner de l’air au sien, toujours juste et précis, Morné Steyn, malgré ses quelques errements, a largement contribué au scénario victorieux du Stade Français.

Le vieux briscard, c’était le Stade Français

On a longtemps parlé de la jeunesse de cette équipe parisienne, forcément opposée à l’expérience de son adversaire clermontois. Samedi, sur la pelouse du Stade de France, on n’a pas vu d’enfants dans les rangs du Stade Français. Pas de gamins perdus, cherchant de l’air ou leurs repères. On a surtout vu quinze guerriers mobilisés par l’événement, s’arrachant sur chaque ballon, à l’image de Semperé ou encore de Danty. Alors que certains d’entre eux découvraient l’atmosphère d’une finale de Top 14 pour la première fois, ils ont été tout de suite à la hauteur. Tout de suite au diapason, bien guidés par un Morné Steyn qui a su jouer la montre sur la dernière pénalité de la partie, prenant tout son temps… avant de crucifier pour de bon les Clermontois. Le « vieux » samedi, c’était le Stade Français.

LES FLOPS

Clermont était trop nerveux

Les Jaunards sont bien entrés dans ce match, en attaquant la ligne parisienne d’entrée. Ensuite ? Il y a eu cette pénalité de Morgan Parra, qui a un peu douché l’ambiance côté clermontois. Puis le début de bagarre générale et le carton jaune récolté par Julien Bardy (14e) pour une charge à l’épaule sur Nayacalevu. L’ASM s’est vite mis la pression tout seul, avec certainement en tête, ses nombreux ratés en finale (91 % de défaite sur la dernière marche !) et celle de Coupe d’Europe notamment, perdue face à Toulon cette saison. Les Auvergnats auraient même dû récolter un autre carton jaune sur un plaquage haut – en l’air – plus que limite de Nick Abendanon sur Sergio Parisse. Et impossible de ne pas évoquer ce coup de botte manqué de Brock James, celui de l’égalisation, à dix minutes de la fin et à 33 mètres des poteaux…

Les blessés ont trop manqué

« Un être vous manque et tout est dépeuplé ». Alors imaginez un peu l’ampleur des dégâts quand cet être s’accorde au pluriel. Clermont n’a pas été amputé d’un seul et unique cadre samedi soir : l’ASM a évolué sans son ailier supersonique Noa Nakaitaci et sans ses trois-quarts centre Jonathan Davies et Wesley Fofana. Si Clermont n’a jamais été largué au score face au Stade Français, il n’a jamais donné l’impression, sauf sur cette percée mal conclue d’Aurélien Rougerie (33e), de pouvoir ébranler la muraille parisienne. Il a manqué un petit quelque chose à l’ASM. De la folie peut-être. Un de ces trois-là, malgré l’abattage incroyable de Nick Abendanon, aurait sûrement pu le lui apporter.

Il était où le spectacle ?

Il aura fallu attendre le coup de sifflet final de cette finale pour voir de l’émotion. Des larmes et des visages rougis côté clermontois. Des sourires et des cris dans les rangs parisiens. Avant ? La teneur dramatique de chaque pénalité jouée a été fidèle à ce que l’on pouvait en attendre. Mais on attendait mieux de la part du bourreau du Racing-Métro et de Toulon. Mieux du deuxième de la saison régulière, toujours loué d’habitude pour la qualité de son jeu. La pression, l’enjeu, le passif des deux équipes a pris le dessus sur le spectacle proposé et sur l’aboutissement des mouvements initiés de part et d’autre. C’est finalement la seule fausse note majeure de cette finale 2015, qui a, en revanche, été à la hauteur côté dramaturgie.

A.D