
Top 14: "Ça fait peur", avoue Benjamin Fall en fin de contrat
Benjamin Fall, comment vivez-vous cette longue période de confinement?
J’ai la chance d’avoir un jardin, de pouvoir continuer une activité physique et me maintenir en forme. Et ce même si, aux dernières nouvelles, le championnat ne reprendra pas. On reste positif et patient tout en respectant les règles comme tout le monde. C’est sûr que c’est un rythme totalement différent de ce qu’on a l’habitude de vivre avec des semaines d’entrainement bien chargées et des objectifs précis pour le week-end. Ça fait un peu bizarre de se retrouver sans compétition après autant de temps mais on en profite pour se reposer et faire autre chose. Il faut voir les côtés positifs et relativiser car nous sommes en bonne santé.
Etes-vous parfois découragé de vous maintenir en forme au quotidien sans aucun objectif de match à venir?
(Sourire) Parfois, c’est dur se motiver sans savoir quand on pourra reprendre. Mais je suis un compétiteur depuis toujours et j’arrive malgré tout à trouver cette motivation. C’est vrai qu’on prend un petit coup derrière la tête avec cette dernière annonce que le championnat ne reprendra pas. Ce n’est pas encore totalement fini, on se doit de maintenir une activité physique très correcte au cas où. On est vraiment dans l’attente et c’est vraiment frustrant. On ne sait pas si la saison prochaine va démarrer à l’heure ou un peu plus tard. Est-ce qu’on jouera devant du public? Les incertitudes sont nombreuses.
Est-ce d’autant plus difficile pour vous, sachant que, comme beaucoup d’autres en Top 14, vous êtes en fin de contrat alors que le marché des mutations est à l’arrêt un peu partout ?
Oui, c’est forcément une position délicate. La situation est exceptionnelle. Nos cas n’ont pas encore été réglés. J’ose espérer que ça bougera dans les mois à venir. Mais oui, ça fait peur. On se demande si on pourra retrouver un club, si on pourra évoluer au niveau auquel on veut être et où on sera. On se pose plein de questions. Ça fait un peu peur sachant aussi que les clubs vont être impactés économiquement. Les budgets risquent d’être restreints et cela devrait se ressentir sur le recrutement.
Redoutez-vous de vous retrouver au chômage ?
Ce serait triste. S’il faut faire un effort pour continuer à jouer au rugby ou descendre d’un niveau, en Pro D2, voire inférieur, pourquoi pas, pour maintenir la forme en attendant que les clubs se refassent la cerise. Ça fait peur et c’est frustrant. On a envie de regoûter à l’adrénaline des grands matchs et du Top 14, mais malheureusement nous n’avons pas la décision finale.
Avez-vous des pistes ?
Pour le moment, il n’y a eu que quelques contacts. Mon agent est à l’affût. Il a relancé certains clubs que nous avions ciblés par le passé. Je suis dans l’attente. Aucune proposition claire et nette n’a été faite, juste des contacts. Il faut attendre que les clubs aient un peu plus de visibilité. La période des mutations a été prolongée jusqu’au 15 juillet.
Fall: "Pas de honte à évoluer en Pro D2"
Vous ne fermez donc pas la porte de la Pro D2?
Non, ça peut être une solution. Ça joue en Pro D2 et ça peut être un bon tremplin. Comme je disais, je n’ai pas trop joué la saison dernière, c’était un peu particulier pour moi. La Pro D2 a aussi ses bons côtés et il n’y a pas de honte à évoluer dans la deuxième division.
Vous n’avez pas pu faire vos adieux au public de Montpellier…
J’ai connu une saison compliquée en enchainant deux blessures. Je n’ai vraiment pas eu de chance et je n’ai pas pu m’exprimer. Au moment où je fais mon match de reprise (ndlr : il était titulaire contre Pau le 29 février), on est passé au confinement… Je pensais honorer mon centième match avec Montpellier à la maison et faire des adieux au public et à tout l’encadrement avant de partir. La fête risque d’être gâchée et ça rajoute une petite frustration supplémentaire.
En parlez-vous avec d’autres joueurs dans la même situation?
Oui, j’en ai parlé avec Camille Gérondeau (ndlr : lui est en fin de contrat à Castres et n’a pas encore retrouvé de club). On a longuement discuté de cette situation un peu précaire. On attend. On se souviendra malheureusement toute notre vie de cette situation.
Profitez-vous de ce confinement pour chasser tous les pépins physiques?
Oui, c’est ce que je disais à mon entourage. On n’a jamais eu autant de temps pour se reposer. A l’intersaison, on a quatre ou cinq semaines. Là, malgré cette période malheureuse, on a du temps pour nous, reposer nos articulations et pour se refaire une santé. A la reprise, tous les joueurs auront un surplus d’énergie et de gaz, ça risque d’être sympa à voir sur le terrain.