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Stade Toulousain : ce que cache l’éventuel départ de Bouscatel

René Bouscatel, le président du Stade Toulousain

René Bouscatel, le président du Stade Toulousain - AFP

Le Stade Toulousain connaît de nouveau des turbulences en interne. Le président René Bouscatel pourrait être remplacé d’ici un an, voire à la fin de la saison. La crise qui avait secoué le club en fin d’année 2014 est de retour. Et chacun fourbit ses armes…

Il n’a pas vu le coup venir. Ou du moins fait semblant. Mais le président du Stade Toulousain René Bouscatel, 70 ans et en poste depuis 1992, pourrait ne plus être à la tête du club « rouge et noir » à l’issue de cette saison. Tout s’est joué lors du dernier conseil de surveillance. Alors que l’intéressé se montrait désireux de poursuivre deux ans de plus que son actuel mandat (jusqu’en 2019 donc), ledit conseil l’a sommé de nommer rapidement quelqu’un à ses côté au directoire, pour que cette personne puisse dans un premier temps l’accompagner, puis le remplacer en juin 2017. Et c’est le nom d’Hervé Lecomte, actuel président du conseil de surveillance, qui a été proposé à René Bouscatel.

Sauf que celui-ci n’était pas du même avis. De son côté, Bouscatel proposait plutôt Fabien Pelous, le directeur sportif du Stade Toulousain. Le journal La Dépêche du Midi rapporte dans son édition du jour que Pelous ne serait « pas franchement intéressé par le poste de président ». Mais selon nos informations, il n’était même pas au courant des projets de Bouscatel le concernant ! Un imbroglio comme seul le Stade Toulousain peut en proposer dans le Top 14… Résultat des courses, René Bouscatel pourrait être mis en minorité lors du prochain conseil de surveillance prévu à la mi-mai et remplacé illico presto à l’issue de la saison ! Il lui reste quelques semaines pour œuvrer en coulisses et trouver des alliances avec les membres du conseil.

Les voyants ne sont plus au vert

Mais ce serait un nouveau coup de tonnerre dans le microcosme rugbystique toulousain, qui avait déjà vécu la passe d’armes entre l’ex-manager Guy Novès et ses dirigeants il y a un peu plus d’un an. Ce dernier avait à l’époque montré les dents. Car comme nous glisse un dirigeant, « il avait été prévu de le dégager quoi qu’il arrive à la fin de la saison dernière ». Novès parti par la grande porte en prenant les rênes du XV de France, une lutte fratricide avait été évitée. Ce n’était que partie remise. Car le Stade Toulousain est un club où les luttes intestines restent fortes. Et « les gens viennent se servir mais ne servent plus le club », nous glisse-t-on. Seulement, tant qu’il glanait les trophées, l’entente restait cordiale. Aujourd’hui, économiquement ou sportivement, les voyants ne sont plus au vert.

Ce n’est pas un fait nouveau, Toulouse n’est plus une machine à gagner. Alors qu’il fonctionnait à une moyenne de plus d’un titre tous les deux ans dans les années 90 ou 2000 (9 Boucliers et 4 Coupe d’Europe de 1994 à 2012), le dernier Bouclier remonte maintenant à 2012 et la dernière Coupe d’Europe à 2010. La transition de « l’après-Novès » est en marche avec le duo Pelous-Mola mais ce n’est pas faire injure aux les Toulousains de dire qu’en terme de performances sportives ou de recrutement récent, ils semblent actuellement un cran en-dessous des Clermont, Toulon, Racing ou Montpellier.

La fin d’une ère ?

Le problème c’est que cette crise trouve aussi sa source dans le bilan comptable du club : pour la 4e année consécutive, l’exercice va être déficitaire. Et ce qui était au départ qu’un « petit » trou financier, que les dirigeants imputaient par exemple à l’impossibilité d’utiliser un Stadium en rénovation, devient un déficit important et récurrent. Comme la saison passée, il avoisinerait le million d’euros. Une somme importante quand on parle d’un club de rugby. De quoi remettre en question le modèle économique historique du Stade Toulousain ? Car au club, seule l’association Stade Toulousain (le secteur amateur) est majoritaire, à 51 %. Derrière, vient l’association des « Amis du Stade », les propriétaires d’Ernest-Wallon, à 25%. Puis une multitude de petits actionnaires.

Sauf que depuis deux ans, entre les deux, la société Fiducial (qui était sponsor maillot) est entrée au capital. A hauteur de 10%. Mais beaucoup lui prêtent aujourd’hui la volonté d’augmenter son actionnariat… et donc d’élargir sa gouvernance. De là à prendre le contrôle du club ? « Ils n’attendent que ça » lâche un membre du conseil de surveillance. Ce qui signifierait la fin d’une ère pour le Stade Toulousain… qui n’a peut-être de toute façon plus le choix s’il veut rivaliser à nouveau face à la concurrence actuelle en Top 14 et les mécènes nommés Lorenzetti, Altrad ou Boudjellal. Reste une question majeure : savoir si, à l’avenir, René Bouscatel sera toujours de la partie pour accompagner ces présidents.

WT