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Stade Français: la jauge à 1.000 spectateurs est "une catastrophe" selon Lombard

Le Stade Français, qui disputera son premier match à domicile la semaine prochaine contre Bayonne, ne pourra pas accueillir plus de 1.000 personnes à Jean-Bouin. Le directeur général du club parisien Thomas Lombard livre son inquiétude pour RMC Sport.

Thomas Lombard, la jauge partielle va passer de 5.000 à 1.000 spectateurs en région parisienne. Quelle est votre réaction?

C’est une catastrophe. On essaie depuis le début de cette crise de raisonner sur des hypothèses relativement optimistes. Malheureusement, à chaque fois, c’est le pire scénario qui se produit. On a eu une épée de Damoclès sur la tête avec les 5.000 spectateurs. Aujourd’hui, on passe à 1.000 et demain, ça sera le huis clos. La complexité de la situation, et la mission de sauver des clubs, est encore plus périlleuse.

Jouer devant si peu de public aura un coût financier élevé. Vous posez-vous la question de privilégier des huis clos dans ces conditions?

Non, car le huis clos total nous obligerait à rembourser un certain nombre de prestations qui comptent dans les rentrées des jours de match des clubs. Je pense aux hospitalités, aux loges, etc… Ce sont des sources de revenus non négligeables. Mais le problème de cette jauge est quelque part moral. C’est de déterminer entre ceux qui nous rapportent le plus d’argent, mais qui sont aussi des supporters avec une certaine volatilité, et ceux qui sont les plus fidèles mais qui ne paient pas plus cher. Qui doit-on faire rentrer ? Fait-on rentrer nos associations de supporters souvent placés dans les virages ou doit-on privilégier la rentrée financière et le besoin d’aller chercher un peu d’économie dans une situation déjà bien mal engagée ? L’arbitrage est malheureusement vite fait mais c’est totalement contre l’esprit sportif. C’est extrêmement difficile de réussir à trancher.

Des aides de l’Etat sont-elles d’autant plus indispensables?

J’ai fait partie du petit groupe de présidents qui a été reçu par le directeur de cabinet du Premier Ministre. Nous avions balayé la situation. A l’époque, les jauges étaient plutôt en train de monter dans certains endroits en fonction de la couleur des régions, des départements concernés et des préfectures qui accordaient des dérogations. On voit bien que la situation est en train de se crisper terriblement. Il faudrait presque déjà envisager un deuxième rendez-vous parce le pire est en train d’arriver.

Si les discussions ont continué en coulisses, aucune mesure concrète n’a été adoptée depuis ce rendez-vous le 1er septembre...

Non, mais on a confiance dans le gouvernement et les personnes qui réfléchissent aux moyens de sauver les clubs dans leur ensemble. Cela ne concerne pas que le rugby. Mais le rugby, deuxième sport derrière le football, avec un lien social très fort ainsi qu’un ancrage régional, doit quand même être aidé, épaulé, dans l’urgence. Cela fait depuis le mois de mars que les clubs sont sous perfusion, avec quelques matchs amicaux qui ont pu être disputés ainsi que des rencontres de championnat et de Coupe d’Europe. Mais ça ne suffit pas. Ça ne peut pas suffire. On avait raisonné en imaginant un retour à la normale pour le début du championnat. Nous en sommes très loin aujourd’hui.

JFP