
Nalaga, arrête-moi si tu peux !

- - -
Napoléon est vivant. Mais il a bien changé. Son terrain de jeu n’est plus l’Europe mais un pré de rugby. Et si ses prétentions ont diminué, sa carrure à explosé. L’empereur est passé de la taille S avec son mètre soixante-huit à la taille XXL, pour les 110 kilos du rugbyman Napolioni Nalaga.
Au lendemain d’un Mondial 2006 des moins de 21 ans qui se déroule en France avec les Fidji, Nalaga est repéré par Clermont qui le lance rapidement dans le bain du Top 14. En à peine l’espace d’une saison, il devient le meilleur marqueur du championnat de France avec 16 essais. Cette saison, rebelote, l’ailier de l’ASM Clermont Auvergne est avec 20 réalisations le meilleur marqueur d’essais en France. « En tant qu’ancien 3/4 aile, finir avec 20 essais chapeau ! Parce que la bête est gaillarde. A l’époque, je faisais 92 kilos et on disait que j’étais un gros, mais lui il en fait 110 », dit de lui notre consultant Philippe Saint-André, ancien clermontois et actuel manager du RC Toulon.
Comme ses illustres compatriotes, à l’image de Rupeni Caucaunibuca, Nalaga est un bulldozer doublé d’un sprinteur. Un athlète qui prend son pied à flirter avec la ligne de touche avant de faire respirer le gazon à ses adversaires sur des raffuts. Car il n’évite pas. Les feintes, bien peu pour lui. Il fonce. C’est le kick and rush sans le kick. Et face au Stade toulousain ce soir, le Clermontois essaiera de mettre le feu contrairement à la finale de l’an passé où il avait été muselé par Toulouse.
« Il a des qualités d’extra-terrestre »
L’empêcher de se lancer dans ses fulgurantes échappées sera l’une des principales missions des Toulousains et de Jean-Baptiste Elissalde : « Quand la défense collective est bien faite en amont, ça se passe plutôt bien. On avait réussi à le faire au Stade de France lors de la finale de l’an passé. Indéniablement, il a des qualités d’extra-terrestre. Si tu lui laisses un peu de champ c’est difficile. » Le petit demi de mêlée rouge et noir avait vu la bête de très près l’an passé. Il avait été scalpé par Nalaga lors d’un match du XV de France face aux Pacific Islanders l’automne dernier. Elissalde en était sorti indemne mais cette rencontre du troisième type avait glacé le stade Bonal.
Avec sa coupe de cheveux mi-Jackson Five mi-Shaft, Napolioni Nalaga fait danser les défenses adverses avec son coup de rein. Doté d’une force exceptionnelle dans les jambes et le buste, Nalaga est très difficile à stopper une fois lancé. Comme Jonah Lomu à son époque. Contre Toulon en janvier, il a réussi l’exploit de signer un quadruplé. Pour l’arrêter, il faut se lever tôt, si mettre à plusieurs, ou faire comme Juan Manuel Leguizamon, le Parisien qui avait fauché le Fidjien dans les guiboles alors que ce dernier avait une autoroute jusqu’à la ligne d’essai : « Pour l’arrêter, il faut être un peu fou comme Leguizamon, rapide comme Leguizamon, costaud comme Leguizamon. Et si tu n’es pas Leguizamon, il vaut mieux avoir deux ou trois potes autour de toi », rigole le Parisien Mathieu Blin.
Les Iliens du Pacifique ont cette tendance à s’éteindre après des trajectoires fulgurantes. Nalaga, est une étoile, espérons qu’elle ne devienne pas comète.