
Montpellier dans la cour des grands

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79e minute. Castres est mené d’un point par une équipe de Montpellier en passe de réaliser le plus bel exploit de son histoire. A 40 mètres sur la droite des poteaux, l’arrière tarnais Romain Teulet a la pénalité de la gagne au bout du pied. Il entre dans la « routine » qui lui a permis de devenir le meilleur marqueur de l’histoire du championnat de France. Le ballon passe à côté. Montpellier exulte. « On plane, hurle le capitaine héraultais Fulgence Ouedraogo. Jouer une demi-finale à Marseille au Vélodrome face à Marseille, c’est extraordinaire.» Ouvreur fraîchement appelé à mener le jeu du XV tricolore pour la Coupe du Monde, François Trinh-Duc troquait presque la tunique de Zorro pour celle de Bernardo : « Je n’ai pas de mots. J’ai usé tous mes superlatifs la semaine dernière (après la victoire face à Toulon, ndlr). C’est indescriptible. » Dans un vestiaire fier d’avoir survécu à l’enfer d’une forteresse Pierre Antoine terrassée pour la première fois de la saison, les voix se déchaînent. « On a chanté, raconte l’arrière Benjamin Thiery. C’était le cri de l’âme du groupe. On y a mis du cœur, parce que celle-là, elle vient de loin. »
18 points pour Bustos
Bizut des phases finales, Montpellier rêve éveillé au milieu des grands du Top 14. « On n’a pas l’habitude d’être là, s’étonnait le coach Eric Béchu. On va retrouver Toulouse, Clermont et le Racing dont les ambitions affichées sont d’être champion de France. C’est un rêve. » Cette qualification, les Héraultais broyés en mêlée fermée, en témoigne l’essai de pénalité encaissé à la 40e, sont allés la chercher au courage. Rapidement mené suite à un essai de Diarra (5e), Montpellier s’est accroché sans jamais laisser les Tarnais prendre le large. « Le début de match a été difficile, raconte Ouedraogo. On s’y attendait, on savait qu’il fallait être patient. On prend un essai rapidement, on reste solidaire, conquérant. »
Castres, incapable de concrétiser ses temps forts et de profiter de deux périodes de supériorité numérique, est puni à chacune de ses fautes. Montpellier, sevré de grands espaces s’en est remis à la botte d’un Martin Bustos Moyano auteur de tous les points de son équipe. « Robocop », l’habituel surnom attribué à Teulet, était cet après-midi argentin, au désespoir d’un Laurent Travers abattu à la fin du match. « C’est douloureux, on est très amer, avouait le coach castrais. Tout le monde a usé de plusieurs ficelles, et elles ont bien fonctionné, sur le terrain et en dehors. Donc bravo aux Montpelliérains. »
Les hommes de Fabien Galthié s’attaqueront dans deux semaines au Racing, 2e de la saison régulière en demi-finale. Des Franciliens privés d’un certain Sébastien Chabal. Après l’improbable faillite de Teulet, un nouveau signe de la réussite du futur champion ?