RMC Sport

Lorenzetti : "Solder les comptes"

Jacky Lorenzetti

Jacky Lorenzetti - AFP

ENTRETIEN RMC SPORT. A trois jours du barrage « capitale » face au Stade Français (vendredi 21h), Jacky Lorenzetti, le président du Racing Métro, lance le match au micro de RMC Sport. Et promet de « refermer la blessure », après deux défaites lors de la saison régulière face à l’éternel rival parisien.

Mardi midi, entre deux réunions, Jacky Lorenzetti a reçu RMC Sport au centre d’entraînement du Racing-Métro. Le président des Ciel et Blanc, plutôt décontracté, a lancé le barrage face au Stade Français (vendredi, 21h). Trois semaines après la défaite à domicile face au même voisin parisien, Jacky Lorenzetti a assuré que la défaite était toujours bien présente dans les esprits mais que ce match, pour une place en demi-finale du Top 14, était l’occasion rêvée de solder les comptes face à cet adversaire si particulier. Le président se réjouit d’ailleurs que le derby parisien prenne de plus en plus d’ampleur. Il n’imagine cependant pas une troisième défaite dans la même saison face à « l’armée rose », même s’il ne souhaite pas tomber dans le catastrophisme en cas de nouveau revers, synonyme de fin de saison. 

Le Racing s’est finalement qualifié pour les phases finales, avez-vous douté de cette qualification ?

Nous sommes dans un championnat terrible, très compétitif dans lequel on ne peut être sûr de rien. J’avais confiance en mon équipe et dans mon staff, mais il y avait néanmoins une extrême prudence. 

Le Stade Français vous a humilié il y a bientôt trois semaines. Avez-vous encore cette défaite en travers de la gorge ?

Humiliation peut-être pas, mais on a vécu un vrai calvaire. Dès la sortie de Parisse (carton rouge), les Roses étaient déchaînés. C’était douloureux. Et cette défaite est toujours présente

Vous aviez employé des mots très durs à l’encontre de votre équipe. Etait-ce sous le coup de la colère ou les pensez-vous toujours ?

Tout ce qui a été dit après le match va perdurer. On a une blessure, on va la refermer, mais la cicatrice sera toujours là. On va garder ça en mémoire pour que ça ne se reproduise plus. 

Est-ce finalement une bonne chose de retrouver le Stade Français ?

Oui, c’est une très bonne chose. C’est déjà bien pour le rugby francilien. Il n’y a qu’en rugby que deux clubs parisiens s’affrontent au plus haut niveau. C’était se posait la question de la pérennité de deux clubs parisiens, on a la réponse. Les deux clubs sont qualifiés pour les phases finales, sont très compétitifs. Je pense que ça va donner un match avec une forte intensité. On n’a pas oublié ce qu’ils nous ont fait subir. On ne va pas parler de revanche. Ils sont favoris, mais on va être plus attentifs qu’il y a trois semaines.

Est-ce l’occasion de solder les comptes ?

Oui, si on ne le fait pas là, on n’aura pas l’occasion de le faire après. Le couperet peut tomber. On va essayer d’être survivants. 

Une victoire permettrait-elle d’effacer les deux défaites de la saison régulière ?

Oui. On est dans un mini-championnat de Paris. Si on le gagne, on pourra rêver à plus. Et notamment une revanche face à Toulon (le RCT avait éliminé le Racing-Métro en demi-finale). Mais avant, il faut passer un obstacle majeur, c’est l’armée rose. 

En revanche, trois défaites la même saison face au Stade Français, est-ce inimaginable ?

Je ne me l’image pas. Mais c’est possible. Ils sont devant nous aujourd’hui. On ne le conteste pas, même si lors du premier match on pourrait revenir sur l’arbitrage. Trois défaites dans la même saison, ce serait difficile à accepter. 

Cela pourrait-il être le pire échec depuis votre arrivée au club ?

On ne veut pas tomber dans le catastrophisme ou jouer dans le dramatique. Au Racing, nous sommes dans un projet à très long terme. Et je précise que nos équipes espoirs et cadets se sont toutes les deux qualifiées pour la finale de leur championnat respectif. Une défaite serait très cinglante mais pas révolutionnaire.

Vous parlez de vos équipes de jeunes qui vont jouer un titre. Est-ce un message pour votre équipe pro ?

J’espère que c’est prémonitoire. 

Allez-vous parler à vos joueurs avant ce barrage ?

Non. On a bien remis les pendules à l’heure après la défaite face au Stade Français. Ils savent ce que j’ai dans la tête, le cœur et le ventre. Je n’interviendrai pas. Il n’y a pas besoin de remettre une couche. Ils ont bien compris le message. Mais la défaite du Stade Français restera dans les esprits. On les craint. 

Vous parlez du Stade Français comme votre adversaire viscéral. Peut-on dire que vous détestez le Stade Français ?

On ne va pas aller jusqu’à l’invective. Il faut faire la part des choses. Il y a d’une part les clubs, qui se respectent avec une histoire ancienne longue. Après, les équipes dirigeantes sont placées dans une concurrence. Parfois, les mots échappent. La cohabitation est difficile. Maintenant, on va essayer de ne pas entrer dans la polémique et de laisser place au sport. On espère proposer un beau match. 

Avec ce barrage, le derby va-t-il enfin prendre l’ampleur qu’il mérite ?

Il y a un vrai engouement pour ce derby. De plus, le fait que le Stade Français ait renoué avec les phases finales, ce qui est une bonne chose, donne plus de piment à ce derby que les autres années. Sans être méprisant, on était devant. Le Stade se cherchait. Il s’est bien trouvé. Et c’est nous qui sommes en position d’outsiders.

Le Stade Français retrouve les phases finales. Une première depuis que le Racing est remonté en Top 14. Le Stade Français est sur une pente ascendante, ne craignez-vous qu’il reprenne le leadership ?

On a peur de tous les clubs, même d’Oyonnax. En début de saison, je disais qu’Oyonnax voulait être champion de France, ça se vérifie. Ce n’est pas un hasard. Tous les clubs sont à craindre. Ça va nous obliger à nous réveiller car on s’est prendre il y a trois semaines. 

Malgré une première qualification pour les quarts de finale de la Coupe d’Europe, n’avez-vous pas l’impression que votre club stagne. Vous n’avez disputé aucune finale…

On est toujours dans la construction. On manque peut-être un peu de maturité comme le prouve notre défaite en quart de finale face aux Saracens à la dernière minute. Je trouve qu’on progresse. L’effectif est stable. Je pense qu’on n’est plus très loin du très haut niveau. Est-ce que ça va payer cette année ? Je l’espère.

Pourquoi le Racing est plus fort que le Stade Français et va gagner son barrage ?

Va gagner, je ne m’y engagerai pas. On va essayer de gagner. On n’aura aucune circonstance atténuante car on est prévenu depuis trois semaines. Si on ne gagne pas, ça voudra dire que le Stade Français aura été meilleur. Aujourd’hui, on les craints beaucoup. 

Ne craignez-vous pas que la polémique sur l’expulsion de Parisse joue en votre défaveur ?

Non, on ne va pas polémiquer sur le sujet. C’est passé. Tout le monde a vu ce qui s’était passé. C’est derrière.

Qu’est-ce que vous craigniez le plus du Stade Français ?

Il y a le staff qui est très compétent (Quesada et Raiwalui sont passés par le Racing-Métro). Thomas Savare a bien fait de les recruter. Je rappelle que nous avons accepté de les libérer avant la fin de leur contrat. On n’a pas de regret. On les retrouve en face de nous. C’est comme ça. Il y a aussi de très bons joueurs comme Morné Steyn qui retrouve son meilleur niveau. Ils ont une grosse première ligne. Ils sont bons partout, ils ont un très bon banc. Ce sont deux belles équipes qui s’affrontent. Ça va être un très beau match. 

Si vous pouviez recruter un joueur du Stade Français vous choisiriez lequel ?

Parisse est très bon. Mais il a vécu une grande aventure avec le Stade Français, il va finir sa carrière là-bas. Mais on a de très bons joueurs au Racing. Et je peux l’annoncer, l’an prochain, il n’y a aucun joueur du Stade Français qui jouera au Racing et inversement. Ce sera une année calme, sans motif de friction. 

Pour finir, comment jugez-vous vos relations avec Thomas Savare ?

Elles sont comme deux présidents engagés dans une compétition très compliquée. Après, on se dit bonjour quand on se voit, mais je crois qu’il n’a pas envie de partir en vacances avec moi. Et réciproquement.

Y a-t-il un match dans le match entre vous et Thomas Savare, une question d’égo et de fierté ?

D’égo et de fierté non, pas de mon côté. Et je ne pense pas du sien non plus. C’est toute une équipe qui perd ou qui gagne. Je suis un président de victoires et de défaites, mais on n’a pas encore perdu.

Dans ce cas, vous serez en vacances…

Et elles seraient moins agréables !

Maxime Raulin et Julien Richard