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LNR: "Tout le monde est revenu à la raison", se félicite Alain Tingaud

Entretien RMC SPORT - Vice-président de la LNR et membre du comité d’orientation stratégique une nouvelle fois réuni mercredi matin, Alain Tingaud est satisfait de la validation du calendrier de la saison prochaine par la FFR. Mais le président d'Agen reste ferme, comme les clubs, pour la fenêtre internationale de cet automne et la réforme du calendrier.

Alain Tingaud, la FFR a entériné ce matin le calendrier de la prochaine saison de Top 14. Est-ce un soulagement?

Oui, c’est une bonne chose. Nous avons perdu un peu de temps. Pour nous à la Ligue, il y avait une vraie déconnexion entre l’approbation du calendrier de Top 14 et les problèmes des matchs internationaux en octobre-novembre. Tout le monde est revenu à la raison. Je suis très satisfait, je pense que tous les présidents de Top 14 aussi. Tout le monde était en train de lancer la saison 2020-2021 et les campagnes d’abonnement. Sans avoir la certitude du calendrier, ça posait beaucoup de problèmes. On va pouvoir passer autre chose.

Les oppositions des rencontres, elles, seront communiquées dans une dizaine de jours?

Oui, on avait dit qu’on le ferait avant le 14 juillet. Avant la fin de la semaine prochaine, je pense que ça devrait être fait. Tout est parti aujourd’hui.

Comment s’est déroulée la réunion du comité d’orientation stratégique entre la LNR et la FFR un peu plus tôt aujourd’hui?

Elle a été rapide, même pas trente minutes. La Fédération nous a fait un compte-rendu de la réunion de hier à World Rugby. Bernard Laporte a confirmé la fenêtre internationale que nous connaissions et que la règle 9 (de mise à disposition des internationaux) va pouvoir s’appliquer sur cette fenêtre. Maintenant, on va devoir travailler sur comment on aide l’équipe de France sur cette période octobre-novembre sans pénaliser le championnat et nos clubs. Il faut que les intérêts des clubs soient préservés et qu’on trouve un moyen de collaborer pour l’équipe de France. Car contrairement à ce que beaucoup disent, les clubs de Top 14 veulent une équipe de France performante. Ils y contribueront mais pas au détriment du Top 14. Sans un grand championnat, on n’a pas de joueurs et d’équipe de France.

Avec la fenêtre validée par World Rugby du 24 octobre au 5 décembre, les sélections pourraient jouer six matchs…

Oui, mais cela n’est pas la proposition très claire que nous avons faite et qui a été validée à l’unanimité par tous les présidents, y compris de Pro D2. C’est d’avoir cinq dates, cinq matchs incluant le France-Irlande, le dernier match du Tournoi. La Fédération, elle, voudrait six matchs, dont France-Irlande, soit cinq plus un, dont trois à la maison pour remplir les caisses. Nous, ce qui représente déjà un gros effort, on a proposé quatre plus un. On comprend la volonté de la FFR mais nous sommes aussi en plein milieu d’une crise terrible pour le rugby professionnel. On ne peut pas mettre tout en danger. On va discuter et trouver un compromis et la solution la moins pénalisante pour nos clubs.

"Nous ne sommes pas la sécurité sociale du monde"

Sentez-vous un climat plus apaisé avec la FFR ou chacun est prêt à sortir les crocs?

La Ligue est dans une optique de gestion d’une situation compliquée en essayant de protéger les intérêts de tout le monde. On comprend bien que Bernard Laporte, en tant que vice-président de World Rugby, a une double responsabilité pour la France et le monde, et donc les pays du Sud qui sont dans une situation certainement encore plus compliquée que les fédérations française, anglaise et celte. Nous en sommes tous conscients mais ils doivent aussi s’organiser pour être un peu moins dépendant des pays du Nord. J’ai cru comprendre qu’ils allaient refaire des compétitions entre eux, tant mieux. Mais qu’ils arrêtent de vouloir casser les championnats des clubs professionnels en Europe parce qu’ils ont des problèmes. On essaie de trouver des solutions à nos problèmes, ce serait bien qu’il fasse de même de leur côté. Nous ne sommes pas la sécurité sociale du monde. Il faut que chacun prenne ses responsabilités. A la LNR, nous sommes parfaitement conscients de la situation mondiale du rugby, qu’on arrête de dire le contraire. On demande depuis des années à être intégrés à toutes les négociations afin de donner notre avis et faire des propositions. Nous avons d’ailleurs fait une proposition d’équilibre qui permet à tout le monde de survivre et de vivre correctement. Mais on ne nous écoute pas. Si on ne veut pas nous écouter, on fera ce qu’il faut.

C’est-à-dire?

Je n’en dirai pas plus. A force de nous chauffer les oreilles, on va se fâcher. Pour le moment, on ne s’est pas fâché, et on a dit qu’on voulait collaborer et étudier la meilleure des solutions possibles. Quand les gens font la sourde oreille, n’écoutent même pas nos propositions et ne nous intégrèrent pas, à un moment cela fâche.

Quelle est la suite?

On va travailler sur la fenêtre de l’automne, la mise à disposition des joueurs, combien de matchs, etc… Pour l’instant, il y a des propositions mais pas d’accord. Ensuite, on va travailler sur l’avenir, la refonte du grand calendrier mondial, tout ce qu’ils veulent faire. Il n’est pas question d’accepter le diktat qui nous a été imposé, en tout cas présenté comme quelque chose qui serait le futur.

Propos recueillis par Jean-François Paturaud