
LNR-FFR: "Notre destin est lié", assure Tingaud
Alain Tingaud, comment s’est déroulée votre nouvelle réunion du comité d’orientation stratégique avec la Fédération ce jeudi matin?
Très bien. Cela a été très court, très bref mais très bien (ndlr, une dizaine de minutes seulement selon les informations de RMC Sport).
C’est donc positif?
On attendra les validations des prochains jours. La Fédération Française doit avoir un bureau exécutif en fin de semaine (ndlr, il se tiendra ce vendredi comme on l’a confirmé à RMC Sport).
Cela veut dire que les clubs de Top 14 et Pro D2, qui ont voté à l’unanimité mercredi pour le maintien des mêmes formats sans aucune montée de Fédérale 1, ont été entendus?
Non, cela veut dire que les positions ont été figées telles qu’elles sont. Nous sommes dans le statu quo. La Ligue confirme sa position et celle du vote. Le bureau fédéral prendra position quand il va se réunir. Le comité stratégique rassemble Bernard Laporte, Serge Simon, Paul Goze et moi. Nous ne sommes pas décisionnaires, contrairement au bureau fédéral et au comité directeur. Mais encore une fois, ça s’est bien passé ce matin. Il n’y a pas eu clash.
On a cependant senti beaucoup de tensions entre la LNR et la FFR ces derniers jours. L’intérêt est-il de calmer la situation?
La Fédération Française et la Ligue Nationale de Rugby doivent fonctionner ensemble. La Fédération a besoin d’une Ligue très forte. Toute idée de faire en sorte un jour que la LNR n’existe pas est une bêtise. Elle continuera. Elle est affaiblie aujourd'hui mais sortira très forte de cette crise, et les clubs aussi. Cette Ligue a vingt ans, elle est bien dirigée. Elle sait où elle va et elle a fait face à cette crise sans précédent. Elle a trouvé financièrement des moyens pour régler cette crise au moins pour 2019-2020.
La Fédération a, selon moi, besoin de clubs professionnels très forts avant la Coupe du monde 2023 en France. Sans un championnat très fort et des clubs très forts, il y aura des dangers pour l’équipe de France. De notre côté, nous avons aussi conscience que les clubs amateurs doivent avancer et trouver des équilibres. Notre destin est lié. De temps en temps, on sort des sentiers battus mais quand on prend le temps d’analyser les choses avec sérénité, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de solutions sans compromis ni discussions intelligentes.
Ces derniers jours, beaucoup de dossiers sportifs ont avancé du côté de la LNR…
Oui, c’est vrai pour le sportif mais le plus gros dossier est de sauver nos clubs. Ce qui empêche tous les dirigeants du rugby français de dormir est de savoir comment on va sauver nos clubs et comment va y contribuer. Si beaucoup de gens voulaient être présidents d’un club de Top 14 ou Pro D2 voilà quelques mois, personne n’envie la place de ceux qui l’ont aujourd'hui. Dieu sait si je peux en parler puisque je l’ai été. C’est très compliqué. Les deux prochains mois vont être cruciaux pour préparer les clubs à démarrer la saison prochaine. Sincèrement, notre plus gros challenge aujourd'hui est de sauver le rugby professionnel et les clubs professionnels.
L’inquiétude est grande…
Oui, elle est légitime. On n’imagine pas démarrer le championnat 2020-2021 à huis clos, voire à jauge réduite sans hospitalités, sans partenariats, etc…Les clubs ne tiendront pas. Quand les produits réduisent de 30 à 40%, il faudra réduire les charges aussi de 30 à 40%. Je ne vous ferai pas de dessin. Il faudra trouver des solutions pour que la dette et la charge puissent être renégociées pour les clubs sinon on ne va pas s’en sortir. Nous sommes dans une période de crise inconnue et unique. Il n’y a pas de solutions toutes faites, il faudra les trouver en impliquant tout le monde, l’Etat, les institutions, les actionnaires, les partenaires, les joueurs et les entraîneurs mais aussi tous ceux qui aiment leurs clubs, comme les abonnés, ainsi que les diffuseurs.
Où en sont justement les discussions avec Canal+?
Les relations avec Canal sont exceptionnelles. Très, très bonnes. Canal a toujours été derrière le rugby depuis vingt ans. Ils ont toujours fait ce qu’il fallait. Aujourd'hui, les discussions sont saines mais les décisions n’ont pas encore été prises. Je ne doute pas que nous trouvions pas une solution intelligente avec Canal et nous avons aussi conscience que le distributeur a ses propres problèmes.
Vous parlez comme un vice-président de la LNR et peut-être aussi comme un potentiel candidat à la présidence?
(Rire) Ce sujet n’est absolument pas d’actualité. Les statuts de la Ligue nous donne la possibilité d’élections jusqu'en mars 2021. On a un peu de temps, mais ce n’est pas le sujet aujourd'hui.
Mais est-ce que cela vous intéresse?
Si vous me demandez si j’ai aimé m’impliquer depuis sept ans à la tête de la Ligue, oui. Est-ce que j’ai envie de m’impliquer dans l’avenir? Oui. On verra bien comment ça se passe. Je ne ferme jamais de portes. Ce qui m’intéresse c’est d’aider le rugby et je n’ai pas d’ambitions autres que celles-là.