
Le rugby français s’organise après la fuite d’un document qui pourrait chambouler le calendrier mondial

France Ecosse - ICON SPORT
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe vendredi soir. Comme révélé par nos confrères de Rugbyrama, Paul Goze a réuni en urgence les présidents de Top 14 puis ceux de Pro D2 aujourd’hui pour présenter un document confidentiel qui pourrait tout changer dans les mois et les années à venir. Au programme: une révolution des calendriers nationaux et internationaux partout sur la planète qui pourrait profondément changer la donne. Et ainsi obliger le Top 14 et la Pro D2 à éventuellement débuter leurs saisons en janvier et non plus en septembre. World Rugby, qui gère le rugby mondial, prendrait de fait la main et imposerait ses conditions. Mais il faut rester encore très prudent comme nous l’ont confirmé plusieurs sources.
Car il s’agit d’abord d’un document de travail remis à un membre de l’EPCR, qui gère les compétitions européennes, qui l’a ensuite transféré à ses membres, dont les Français. "Mais ce n’est pas une transmission officielle, nous a-t-on indiqué vendredi soir. En politique, parfois on fait fuiter pour voir la réaction. Je pense qu’ils vont la recevoir…" "C’est un énième projet de modification avec plein de scénarios possibles, selon un autre proche du dossier. C’est une tempête dans un verre d’eau." "Si ce document de travail reste en l’état, ce n’est pas réjouissant", dit-on cependant. Mais quand ce projet pourrait-il voir le jour? Dès 2021? Cela semble compromis selon ce que l’on nous a rapporté. Il faut plutôt se projeter sur 2023, mais pas avant, après la Coupe du monde organisée en France.
"Il y a plusieurs options et si le projet voyait le jour, ça mettrait tous les championnats domestiques en même temps. Le pays le plus touché serait la France, avec le Top 14 et la Pro D2." Mais à la LNR, on estime qu’il se passera encore beaucoup de choses avant que ce projet ne se mette en place. "Nous avons la capacité de réagir", assure-t-on fermement. "Il y a zéro chance que ça se passe l’année prochaine", nous affirme un dirigeant français. Les Français et les Anglais devraient ainsi monter au front et parler d’une même voix après avoir communiqué aujourd’hui de manière officieuse cette éventualité. Les Ligues vont d’ailleurs écrire à World Rugby avant une réunion d’ores et déjà programmée le 15 juin sur les calendriers.
Une déclaration de guerre?
En revanche, un forcing de World Rugby, notamment de son vice-président Bernard Laporte, pourrait se mettre en place afin d’organiser davantage de matchs internationaux en octobre-novembre, mettant fin ainsi aux tournées d’été, alors que le Tournoi et le Rugby Championship pourraient être organisés à l’avenir aux mêmes dates, en mars-avril. Mais côté français, on n’entend pas tout bouleverser d’un seul coup. Et de souligner: "Les propositions qui sont faites ne sont pas recevables en l’état, sinon on met en danger nos championnats et on tue quasiment le rugby professionnel." De l’extérieur, ça ressemble pourtant à une déclaration de guerre avec la volonté de World Rugby d’instaurer sa domination sur les Ligues et les clubs…
Evidemment, selon nos informations, la LNR, via la voix de son président Paul Goze, a réagi en créant un groupe de travail composé de présidents de Top 14 et Pro D2 pour réfléchir aux conséquences de ce que le rugby français a appris aujourd’hui. En parallèle, la Ligue étudie la suite à donner si cette "éventuelle déclaration de guerre" venait à se concrétiser pour les mois à venir. "Mais nous avons tout à fait la capacité à contrer cette position de World Rugby", nous assure-t-on. Mais personne n’entend sur-réagir aujourd’hui. Car une fois encore, cette montée d’adrénaline ne vient pas d’une transmission officielle de World Rugby.
Enfin, ces dernières semaines, on a beaucoup entendu parler de CVC qui a officialisé son partenariat avec le Pro 14, regroupant des équipes celtes, italiennes et sud-africaines, en attendant d’en faire de même dans le Tournoi des VI Nations. Selon les informations de RMC Sport, les dirigeants de la LNR auraient récemment rencontré des représentants du fonds d’investissement. Ce n’est d’ailleurs la première rencontre entre les deux parties mais "c’est dans le cadre de l’ECPR", nous dit-on.