
Le chômage gagne du terrain

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Selon les prévisions de l’Unedic, la France comptera 639 000 chômeurs de plus en 2009. Une hausse significative qui touche également le monde du rugby professionnel. Alors que le marché des transferts s’est achevé le 30 juin, plus de soixante joueurs se retrouvent sans club. Un record depuis les débuts du professionnalisme en 1995. Chaque année, en moyenne, 30% des effectifs sont renouvelés parmi l’élite. Mais cette saison la crise est passée par là. De nombreux clubs ont été contraints de revoir leur budget à la baisse. Certains ont resserré leurs effectifs afin de réduire leur masse salariale de 25%.
Après avoir dépenser de manière discontinue durant plusieurs années, le rugby français tente désormais de se refaire une santé. « Les salaires ont doublé en l’espace de quatre ans (cette saison le salaire moyen en Top 14 était de 11 000 euros brut ndlr). Ca a peut-être été un peu trop vite. Les joueurs en fin de contrat avec des rémunérations élevées sont aujourd’hui en difficulté », analyse Gaël Arandiga, directeur général de Provale, le syndicat des joueurs de rugby professionnel. Dans un souci d’économie, les équipes se tournent de plus en plus vers les jeunes des centres de formation pour remplacer les éléments sur le départ. L’afflux massif de joueurs étrangers – notamment en provenance de Grande-Bretagne - pousse également de nombreux titulaires sur la touche. « C’est un phénomène qui augmente de façon exponentielle depuis trois, quatre ans. C’est un problème de riches. Maintenant que l’Angleterre subit la crise de plein fouet, on a le championnat qui propose les émoluments les plus importants donc forcément on est plus attractif », constate Arandiga.
Résultat, sur les 1161 rugbymen sous contrat la saison passée, ils sont de plus en plus nombreux à se retrouver sans travail cet été. Jeunes ou confirmés, internationaux français ou étrangers, le phénomène n’épargne personne. Découragés par cette situation, certains se sont résignés à prendre leur retraite comme Ludovic Valbon ou Brad Fleming. D’autres ont signé en Fédérale 1 (troisième division). Mais la plupart, comme Nicolas JeanJean, Sorin Socol, Olivier Grimaud ou encore Mohamed Dridi, ont choisi de prendre leur mal en patience. « Ca fait vraiment bizarre, explique ce dernier. Quand est un jeune joueur on s’imagine mener une carrière de dix ans. Moi je n’ai que 26 ans et je suis déjà en danger donc j’ai un peu de mal à l’accepter ». Miné par les blessures depuis un an et demi, l’ancien troisième ligne de Biarritz a démarché plusieurs clubs ces derniers jours. En vain. « J’ai même appelé le Métro Racing et Montpellier pour leur proposé de jouer gratuitement car je ne voulais pas être coupé du monde professionnel. Je ne leur demandais ni logement, ni repas, explique-t-il. Ca m’a au moins permis de comprendre que le social n’existe pas dans le sport. »
En attendant de trouver un point de chute, Dridi s’entraîne dans sa ville natale de Toulon avec deux préparateurs physiques. Le 7 août, il sera peut-être présent parmi « l’équipe des chômeurs » qui affrontera Dax au cours d’un match amical organisé par Provale. Dans l’espoir qu’un club le repère et puisse ainsi lui éviter une reconversion anticipée.