
Guirado: "Le rugby passe vraiment au second plan"
Guilhem, comment vivez-vous cette période de confinement?
Plutôt bien. Comme tout le monde, je m’adapte à la situation. C’est un peu délicat car nous ne sommes pas habitués à ça. Mais quand on voit les infos, on essaie de se tenir à cette discipline afin d’éviter de propager le virus. Le sport et notre métier restent bien secondaires quand il se passe de telles choses.
Les discussions sur la reprise du Top 14 paraissent parfois un peu dérisoires…
Oui, bien évidemment. Ce n’est pas du tout ce que je regarde en priorité. Ce qui nous importe le plus, c’est la santé et qu’il y ait le moins de décès possibles en France. On sait que l’économie globale, notamment du sport, va en payer les conséquences. J’ai du mal à penser au rugby quand on voit les infos et qu’on se dit que nos proches sont susceptibles d’être touchés. Le rugby passe vraiment au second plan. Même nous, on déconnecte complètement aussi.
Certains clubs ont lancé des cagnottes pour soutenir le personnel hospitalier, mais pas encore Montpellier. Qu’attendez-vous pour le faire?
(Rires) Je pense qu’on va s’y projeter aussi. Nous avons délivré un message relayé par monsieur Makinson, qui est médecin infectiologue à Montpellier, afin de responsabiliser les gens pour qu’ils respectent les mesures exceptionnelles du confinement. On va essayer d’œuvrer pour aller tous dans le même sens. On sait que nous sommes des privilégiés. Ceux qui jouent les matchs tous les jours en ce moment, ce sont les membres du secteur médical.
Comme vos partenaires et le reste du Top 14, vous êtes actuellement au chômage partiel. Comment le vivez-vous?
C’est particulier mais, encore une fois, nos cas passent après la santé de tout le monde. Nous ne sommes pas à plaindre, loin de là. Ça nous permet justement de relativiser par rapport à tout ce qui se passe.
On parle beaucoup d’une éventuelle baisse de salaires dans le monde du sport. Quelle serait votre réaction en tant que sportif et membre de Provale (syndicat des joueurs) si on vous le demande?
Je ne sais pas par quelle mesures nous allons être obligés de passer. Tout le monde sera impacté et devra prendre des responsabilités. L’économie nationale sera impactée, mais ce sera le cas aussi à notre niveau. A quel degré? On ne sait pas encore. Mais il est encore trop tôt pour se projeter et savoir ce qui va se passer. Ça ne sert à rien de se précipiter, on sait en tout cas que ce sera un moment charnière dans nos carrières et dans nos vies. Seriez-vous prêt à le faire? Bien évidemment, mais toute proportion gardée. S’il faut faire des efforts, il faudra avancer dans ce sens-là et j’en ferai évidemment partie. Mais il faut vraiment prendre le temps de tout poser sur la table et de réfléchir à toutes les situations. On ne doit pas aller trop vite et se précipiter. C’est un sujet assez tabou mais toute l’économie va être concernée.
Mais entre les membres de Provale, parlez-vous de cette possibilité?
On se réunit régulièrement, une à deux fois par semaine. Nous sommes dépendants de certaines décisions. C’est juste une éventualité et on attend de voir. On aura le temps d’en discuter une fois que le confinement sera fini, que la santé des Français ne sera plus en jeu et qu’on pourra reprendre une certaine activité.
Pour revenir sur votre confinement, comment occupez-vous vos journées hormis l’entretien physique?
Cela me permet de travailler et d’étudier puisque j’ai repris mes cours, un Bachelor à l’école de de commerce (l’Edhec). Je rattrape un peu le temps perdu durant la préparation de la Coupe du monde. Durant ces quatre mois et cette expérience incroyable à vivre, je ne pensais qu’au rugby. Maintenant, je peux bosser et surtout me reconcentrer sur ma famille après avoir beaucoup voyagé ces dernières années, notamment avec l’équipe de France. Je m’occupe aussi des enfants, et ce n’est que du bonheur. On en profite. Ça fait du bien.