
Deffins : « Je me sens trompé, trahi et bafoué »

Le président du club de Montpellier n'aura pris les mannettes du club héraultais que 26 jours. - -
Philippe Deffins vous avez donc démissionné mardi. Dans votre communiqué, vous déclarez être inquiet concernant la situation financière, juridique et fiscale du club. Peut-on avoir des précisions ?
Moi j’ai découvert lundi soir qu’il y avait un courrier de la DNACG réclamant 250 000 euros pour homologuer le contrat du second ligne australien Alistair Campbell, recruté en novembre. Le gendarme financier demandait aussi des explications sur une somme qui s’élève à 600 000 euros de dépenses sans recettes. Il y a aussi 400 000 euros de risque fiscal et social à la suite des contrôles de l’URSSAF plus un contrôle des douanes sur la billetterie. Là-dessus, se rajoute 500 000 euros de droit à l’image sur les joueurs non budgétisés. L’addition de ces chiffres (presque 1,5 millions) donne le vertige.
Vous avez donc décidé de jeter l’éponge…
Il est hors de question que je mette en danger mon entreprise et moi-même personnellement pour ce genre de gymnastique. C’est inadmissible surtout qu’on se connait depuis très longtemps avec Thierry Pérez (l’ancien président). La moindre des choses, c’était qu’il me parle de tout ça. On a eu une explication musclée lundi soir. Je me suis donné la nuit pour réfléchir. Mardi, j’ai décidé de me retirer complètement du club (administrateur de la SAOS avec 2.5% et sponsor maillot) tant que Pérez sera dans les murs. Je ne peux pas acter ce genre de chose. Il est hors de question qu’un amalgame soit fait entre ces trous et mon entreprise. Et puis je ne peux pas sortir 1 million 5 de mon bénitier contrairement à ce que pense Pérez.
D’ailleurs, lors de la conférence de presse, Thierry Pérez a déclaré que votre décision était due à des difficultés personnelles liées à la crise…
Ma société se porte très bien. Je viens de racheter une entreprise à Amiens et j’ouvre une nouvelle agence à Bayonne. Il est hors de question que je me laisse faire, que je laisse mon entreprise être salie. Je me sens trompé, trahi et bafoué aujourd’hui. Je ne peux pas le supporter.
Comment les joueurs ont-ils réagi ?
J’ai rencontré une délégation de joueurs mardi soir qui voulait une explication. Ils sont complètement désemparés et c’est ça le plus dramatique. Eux, ils étaient séduits par mon projet. Ils savent très bien que j’étais là parce que je suis passionné par le rugby. C’est pour ça que j’avais réussi à garder les jeunes et à les associer à un projet ambitieux pour la suite. Donc aujourd’hui, dans cette histoire je passe pour un guignol. J’annonce qu’on joue le titre dans trois ans. Et quinze jours après je démissionne. Ça ne fait pas sérieux.
Est-ce que vous regrettez d’avoir affiché vos ambitions (demi finale cette année et titre dans trois ans) ouvertement ?
Communiquer en interne comme ça c’est bien, en externe, c’est beaucoup plus compliqué car les équipes adverses s’en servent pour galvaniser les joueurs. Donc je n’agirais plus de la même manière. D’ailleurs, après la défaire face à Clermont, j’ai déclaré que j’avais ma part de responsabilité en ayant mis trop de pression par rapport aux objectifs. On a failli mais on était prêt à repartir. Le projet se faisait avec l’adhésion de tout le monde.
Philippe Deffins sera l'invité du Moscato Show jeudi 15 janvier.