Bayonne et les cartons enfoncent Toulouse

Rapidement réduit à 14, Toulouse est tombé pour la cinquième fois consécutive ce vendredi à Bayonne (35-19). Vincent Clerc regrette que les décisions de l’arbitre aient influencé le match.

Le Stade Toulousain a concédé sa cinquième défaite à Bayonne (35-19). Une défaite qui fait mal, avec un carton rouge pour le talonneur Correy Flynn dès la 22e minute et un match qui bascule. Le carton jaune très sévère infligé à Yoann Maestri avait déjà retourné la situation. alors que les hommes de Guy Novès menaient 10 à 0. Derrière, difficile de faire une analyse, si ce n’est qu’ils n’ont jamais lâché, même si Bayonne marque le bonus offensif à quatre minutes du terme. Les Toulousains ont un sentiment d’injustice, qui est amplifié par la période noire qu’ils vivent, inédite sous l’ère moderne de ce club. Pour preuve, la blessure aux côtes du talonneur Christopher Tolofua qui s’ajoute à la future suspension de Flynn. Le Stade Toulousain n’a peut-être plus de talonneur de métier pour les semaines à venir, obligé de faire jouer le pilier Baille à ce poste.

Après le match, les visages étaient marqués. Si Novès envoyait les Anglophones Edwin Maka et Joe Tekori en conférence de presse en forme de pied de nez, il restait lui-même extrêmement combatif. Vincent Clerc, même s’il gardait espoir, apparaissait moralement touché. Le 2e ligne Yoann Maestri restait longtemps prostré dans le vestiaire, cherchant le réconfort dans une accolade avec le préparateur physique Zéba Traoré. Les Toulousains sont piqués au vif, même si certains d’eux voient dans le match de ce soir un début de rébellion face à la fatalité. Réponse à venir lors des deux prochains week-ends, à domicile face au Stade Français et Toulon. 

Vincent Clerc, quel sentiment vous laisse ce match ? 

C’est très amer. A 14 contre 15, on n’a pas démérité. Les matchs de rugby sont compliqués et jouer à 14 pendant 70 minutes, c’est quasi mission impossible. Pour avoir fait des petits sondages (à propos des cartons, ndlr), j’ai l’impression que c’est dur. Il y a un gros déblayage à côté du ruck. Il y a un geste d’énervement de Yoann (Maestri), mais comme il y en a 100 par match. Et il n’y a un carton jaune que d’un côté. Corey Flynn, visiblement, a la tête dans le regroupement. Je veux bien qu’il marche sur une cheville, mais est-ce que ça mérite un carton rouge ? Chacun l’interprète comme il le veut. Mais ça me paraît dur. Ça fausse complètement le match. Et il y a un essai à la fin du match, on se demande pourquoi il n’est pas accordé. Ça fait beaucoup de choses. C’est une accumulation. Il n’y a pas grand-chose qui tourne en notre faveur.

En voulez-vous à l’arbitre ? 

Je ne sais pas. Il faudra revoir ça, analyser. Je trouve quand même que globalement, ça a été dur contre nous. On a tout de suite appelé à droite, à gauche, parce qu’on avait envie de se rassurer. Et globalement, les ressentis… Les gens ont trouvé l’arbitre dur avec nous.

Arrivez-vous à retirer du positif de ce match ? 

Il y a dix bonnes minutes. Et on s’est quand même accroché. On a fait des choses intéressantes malgré tout dans ce match, au niveau de l’engagement, de l’état d’esprit. Mais renverser un match à un de moins, c’est dur. Il n’y a pas grand-chose à analyser.

Les ambitions sur cette saison sont-elles déjà modifiées ? 

Pour l’instant, on n’a pas d’ambitions. On a envie de gagner des matchs, de reprendre de la confiance, de se remettre la tête à l’endroit parce qu’il y a énormément de déception et de frustration. On verra ce qu’on peut espérer dans ce championnat.

Terminer dans les six premiers, ça reste jouable ? 

On a fait sept journées, il en reste un paquet. On s’est beaucoup déplacé. On ne sait pas comment sera l’autre partie de saison. C’est sûr que pour ambitionner de se qualifier, il va falloir vite relever la tête. On a deux énormes réceptions qui nous attendent (le Stade Français et Toulon, ndlr). Notre saison, elle va sûrement commencer la semaine prochaine. Il ne faudra pas rater le coche.

Ne risquez-vous pas d’être touché par une forme d’abattement ? 

Je crois qu’au contraire, ce match-là va nous faire redresser la tête. On avait fait un mauvais match à La Rochelle. Mais là, un match comme ça, c’est dur d’accepter de le perdre. Honnêtement, avec l’investissement qu’on a eu, le début de match qu’on a fait… Je crois qu’on n’avait pas toutes les armes ce soir. On a maîtrisé ce qu’on a pu. On n’a pas été irréprochable, attention, dans la discipline, etc. Mais je pense qu’il va nous piquer dans notre orgueil. Et nous permettre de montrer les mêmes valeurs, avec plus de discipline, plus d’égalité, j’espère. En souhaitant un meilleur résultat.

Toulouse n’est pas au bord du gouffre ?

Je ne sais pas. On est mal parti, on ne va pas le cacher. Je crois qu’il y a un gros état d’esprit de compétition dans cette équipe, des valeurs. Il y a l’envie de montrer à pas mal de monde qu’on vaut mieux que ce début de saison. C’est à nous de nous le prouver à l’intérieur du groupe. On travaille dur. On fait le dos rond.

la rédaction avec Wilfried Templier à Bayonne