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A quoi joue le Stade Français?

Sylvain Marconnet

Sylvain Marconnet - AFP

Alors que le président Thomas Savare s’était voulu rassurant au début du mois, l’exode des cadres se poursuit au Stade Français. L’inquiétude grandit en coulisses et chez les anciens joueurs..

Ils s’en vont les uns après les autres. Comme Rabah Slimani (Clermont), Raphaël Lakafia (Toulon), Geoffrey Doumayrou (La Rochelle), Hugo Bonneval a, lui aussi, décidé de quitter le Stade Français l’été prochain pour rejoindre le RCT. Et dans quelques jours La Rochelle va officialiser la signature de Jérémy Sinzelle qui s’est d’ores et déjà engagé pour trois ans avec le club maritime. Où il retrouvera donc son ami Douymarou... De l’extérieur, l’inquiétude grandit devant la fuite de ces forces vives. « Le Stade Français va forcément les remplacer par des joueurs moins bons », estime un agent. Un de ses confrères ajoute : « Les dirigeants sont en train de cibler des jeunes joueurs JIFF (joueurs issus des filières de formation) moins expérimentés pour pallier ces départs ».

« Je n’ai jamais trop compris la stratégie de Thomas Savare »

Début novembre, le président Thomas Savare avait réuni ses joueurs pour réaffirmer ses ambitions. Avec l’objectif annoncé de terminer régulièrement dans les six premiers. Mais cette vague de départs associée aux résultats médiocres depuis le début de saison (ndlr : le club parisien est 10e après 12 journées de Top 14 avec déjà six défaites pour cinq victoires et un match nul) n’incite pas franchement à l’optimisme. Et ce malgré les récentes prolongations d’Antoine Burban, Julien Arias et Meyer Bosman. « Pour moi, le président n’a pas vraiment clarifié la situation, regrette Sylvain Marconnet, qui a passé treize saisons à Paris. Je suis inquiet. Thomas (Savare) est parvenu à sauver le club mais je n’ai jamais trop compris sa stratégie, s’il y en avait une, et ses motivations. J’étais très content du titre de champion de France en 2015 car c’était un investissement. Mais aujourd’hui, je le répète, je suis inquiet. Car des garçons comme Bonneval devaient incarner la nouvelle génération du Stade Français, comme Jules Plisson. Son départ n’est pas un bon signal. Le travail va être colossal en perdant ce type de joueurs qui devaient être des éléments moteurs du projet»

Certains avaient heureusement rempilé la saison dernière, comme Plisson et Danty. « Ils ne le referaient peut-être pas aujourd’hui vu le contexte, estime un proche du club. Le Stade Français ne semble plus en mesure de pouvoir rivaliser avec les grosses écuries du Top 14. » A l’image de Raphaël Lakafia, certains ont accepté des offres « qu’ils ne pouvaient pas refuser. » Mais à Paris, où les dirigeants ne veulent pas tomber dans une surenchère, le projet sportif patine. Et Marconnet, quintuple champion de France avec le Stade, d’insister : « C’est bien de dire qu’on veut jouer les premiers rôles, mais ça me parait compliqué en sachant qu’une partie des cadres s’en va. La jeunesse dorée du club devait être l’ossature de l’équipe. »

Gonzalo Quesada encore dans le flou

Le facteur X se nomme désormais Gonzalo Quesada. L’avenir du manager argentin conditionnera en grande partie la décision d’autres cadres dans les mois à venir. Si aucune des deux parties ne dénonce la clause optionnelle (dont la date limite est courant décembre), l’ancien Puma sera toujours à la tête du club la saison prochaine. Mais pour le moment, il n’a toujours pas rempilé. « Je pense que tous ces départs doivent très certainement entrer dans sa réflexion, selon Marconnet. Mais ça ne sont pas des bons signes. Thomas Savare a le droit de s’être trompé et de s’être rendu compte que ça représente beaucoup d’argent pour peu de résultats. Je ne sens pas sa volonté de bousculer les choses alors que c’est un garçon d’entreprise. Je suis persuadé qu’il est très conscient de la situation. A-t-il envie de consacrer autant d’argent dans ce club ? Il n’avait pas forcément cerné ça en reprenant le club mais le rugby coûte cher (une vingtaine de millions d’euros sur les cinq dernières années) ». Au point de vendre le club dans les mois ou les années à venir ? « Aujourd'hui, il n'y a aucun projet concret ni imminent, avait déclaré Thomas Savare le 6 novembre sur Canal +. Dans le futur, si on pense que c'est la meilleure manière de pérenniser le club, ce qui est notre objectif, peut-être qu'on le vendra. »

Jean-François Paturaud