
Sella : « Cette rivalité ne date pas d’aujourd’hui »

L'ancien centre en a connu des belles contre les Anglais... - -
Philippe Sella, que représente un France-Angleterre ?
C’est toujours un match particulier. Ce sera très différent de ce qu’on a pu voir la semaine dernière de la part des Anglais contre les Ecossais (15-15). J’en suis persuadé. Chacun rehausse son niveau sur cette rencontre. La France a la faveur des pronostics, mais le plus important est de préparer le coup d’envoi, les premières actions, comment mettre du rythme, de la pression sur l’adversaire. Après seulement on parlera de Grand Chelem.
En quoi cette rencontre est-elle si différente ?
Il y a une histoire. La volonté de supériorité européenne. Cette rivalité ne date pas d’aujourd’hui. Il y a toujours de la méfiance et de l’incertitude sur ces rencontres, alors que tout est fait pour prévoir l’imprévisible. Mais rien n’est jamais fait à l’avance.
« Le Tournoi 1992 ? Un cauchemar »
Quels souvenirs gardez-vous de ces rencontres ?
Le meilleur et le pire. Et à chaque fois, cela va très loin dans les deux sens (rires). Le pire c’est ce Tournoi 1992 (défaite 31-13 au Parc des Princes) où je sors KO et où nous avons deux joueurs exclus. Un cauchemar ! Le meilleur, c’est ce début de carrière, où on domine les Anglais, notamment lors de mon premier match en 1983 à Twickenham (19-15). C’est aussi ma 111e sélection à Pretoria pour une troisième place de Coupe du monde, un échange de maillot avec Will Carling et un « sorry good game » plutôt agréable.
Pouvez-vous nous raconter cette fameuse anecdote ?
(Rires) Quand il a commencé à gagner à partir de 1989, Will Carling, le capitaine de l’équipe d’Angleterre, est venu voir les joueurs, leur taper sur l’épaule et leur dire « sorry good game » à la fin des rencontres. C’était sa manière de saluer les joueurs après les matchs. Je peux vous dire qu’à Pretoria un paquet de joueurs est allé le voir pour lui dire la même chose.
Que peut-on souhaiter pour cette rencontre ?
Qu’il y ait un respect mutuel entre les deux équipes, un gros combat et de la volonté d’entreprendre. Et qu’une haie d’honneur se fasse à la fin. Le respect passe par tout cet engagement sur le terrain. Il y aura des poignets de main, c’est sûr, mais qu’elles soient plus toniques et joyeuses du côté français.
On a aussi le sentiment que cette rencontre rentre peu à peu dans le rang…
Ça dépend des hommes aussi. Il y a eu des personnages qui ont rendu les avant matchs un peu plus virulentes. Il y a peut-être moins d’anecdotes, de petits moments cinématographiques, mais les acteurs sont avant tout des joueurs du rugby qui doivent se recentrer sur leur match et s’éclater sur le terrain. Le reste, c’est du cinéma qui a existé.