
Novès : "Je ne pars pas de Toulouse avec le sourire"
Guy Novès, quel est votre sentiment après votre nomination à la tête du XV de France ?
C’est un énorme plaisir, un grand honneur qui m’est fait de représenter le rugby français. J’essaierai de m’y investir comme j’ai pu m’investir au Stade Toulousain depuis 40 ans. C’est une tâche qui sera ardue mais encore pendant une semaine et peut-être plus, mes pensées vont aller au Stade Toulousain car j’ai avec mon staff, mes joueurs, mes dirigeants, mon président, une demi-finale (de Top 14 contre Clermont) à préparer.
C’était le bon moment ?
Je ne sais pas s’il y a un bon moment. Ce qui est certain, c’est qu’on dit que la porte ne s’ouvre jamais deux fois. En ce qui me concerne, elle s’ouvre une seconde fois. Lorsqu’on a proposé ce challenge, je me suis effectivement positionné et j’ai été retenu. J’ai évidemment une pensée sincère vis-à-vis de tous ces techniciens qui ont tous des compétences énormes et je les salue très sincèrement. Après, j’espère que l’a confiance qui m’est faite, je saurai la renvoyer aux joueurs, avec mon staff, et à la Fédération française de rugby.
Qu’est-ce qui a changé par rapport à il y a quatre ans, quand vous aviez refusé le poste ?
Je pense que je n’étais pas prêt dans ma vie personnelle. Je ne vais pas vous donner de détails mais les choses ont avancé, des gens ont mûri, d’autres ont grandi, mon père est parti en juillet dernier, le Stade Toulousain s’est préparé… Il y a un tas de facteurs qui font qu’aujourd’hui, j’ai peut-être un peu plus de sérénité et de liberté. Et peut-être aussi la capacité de m’impliquer à fond, ce que je n’aurais pas pu faire à l’époque.
Manage-t-on différemment le XV de France par rapport au Stade Toulousain ?
Je ne vais pas vous parler de quelque chose que je n’ai jamais fait. Pour le moment, il s’agit toujours d’êtres humains : manager, c’est s’adresser à des hommes. Je crois qu’il ne doit pas y avoir d’énorme différence, même si certains disent que c’est un autre métier.
Certains disent que sélectionneur, c’est le poste suprême…
Je ne sais pas. J’ai toujours fonctionné en équipe avec tous les staffs qui ont travaillé à mes côtés, les joueurs qui ont joué à mes côtés ou sous mes ordres. Il s’agit toujours d’hommes. J’ai l’impression que je vais faire partie d’une équipe. Je vais essayer de donner le meilleur, en profitant aussi des compétences de ceux qui m’entourent.
La distance qu’implique ce nouveau poste va-t-elle vous poser quelques difficultés, vous qui êtes proches des joueurs ?
Il m’est arrivé quelques fois, rarement, de me mettre en haut des tribunes. On voit les choses différemment. Mais quand on a confiance en ceux qui sont au bord du terrain, les choses doivent se réaliser sans problème. Le tout, c’est qu’on puisse réagir rapidement.
Est-ce dur de refermer cet immense chapitre Stade Toulousain ?
Ce qui est dur, c’est que je quitte le Stade Toulousain sans le quitter. Tous nos supporters, ceux qui m’ont toujours fait vibrer en fait, parce que j’ai toujours été très à l’écoute des gens autour du terrain, mes dirigeants que j’aime évidemment, au-delà de mes joueurs. Oui, c’est dur de quitter ces gens-là, cette atmosphère. Ma voiture partait de chez moi pour aller au stade sans que je la conduise ou presque (sourire). Oui, c’est très dur de quitter ce club. Je ne pars pas avec le sourire. Si ça en fait sourire certains… Les deux personnes qui voulaient que je parte doivent être très heureuses aujourd’hui, je suis ému pour elles.
Est-ce un adieu ou un au revoir ?
Je ne sais pas trop. Je vais quand même remercier mon président M.Bouscatel, qui m’a accompagné pendant 22 ans, qui a toujours été droit avec moi. Je pense l’avoir été avec lui. Je lui dois peut-être mon parcours et je tiens à le remercier.
A quoi ressemblera l’équipe de France de Guy Novès ?
J’en parlerai plus tard. L’équipe de France a une Coupe du monde à préparer. Je connais l’état d’esprit des joueurs et on a encore vu hier (en barrages contre Oyonnax samedi, ndlr) Thierry Dusautoir : je sais comment il va mener ses troupes.