
La part d'ombre du rugby français

L'affaire Camborde illustre les zones d'ombre du rugby français - -
La mise en examen du préparateur physique Alain Camborde, le 12 octobre, par le parquet de Pau pour « importation et détention de marchandises prohibées, exercice illégal de la profession de pharmacien et mise en danger de la vie d’autrui », a relancé les soupçons de dopage dans le rugby. Si l’Ovalie défraie moins la chronique que le cyclisme et, il y a quelques années l’athlétisme, force est de constater que, chiffres à l’appui, l’« autre grand sport collectif » n’est pas à l’abri des écarts de conduite. Dans son rapport d’activité 2010, l’Agence pour la lutte contre le dopage (AFLD) note qu’avec 21 cas positifs (18 pour le rugby à XV, 3 pour le rugby à XIII), le rugby compte pour plus de 8% de la totalité des infractions (245 [259 avec le dopage animal]).
On se souvient du cas de Yogane Correa, le pilier albigeois, en ProD2, qui écope en 2005/2006 de 2 ans de suspension pour anabolisants. En 2008, la Pro D2 et la Fédérale 1 sont secouées par plusieurs affaires révélant la consommation d’anabolisants, de diurétiques, et de corticoïdes. En 2011, le pilier des Espoirs perpignanais, Davy Galand, prend quatre ans après une descente des douanes judiciaires à son domicile et la saisie de stéroïdes anabolisants (nandrolone, boldénone et trenbolone). Toujours cette année, l’international bayonnais Yoann Huget « tombe » après trois manquements au devoir de localisation… Probablement plus de légèreté que de vice dans cette dernière affaire largement médiatisée à la veille de la Coupe du monde, mais après tous ces (contre-)exemples, nul ne peut dire que le rugby est propre.
Camborde contacte le label Wall-protect
Dans un sport de plus en plus exposé aux caméras, et où les charges de travail obligent joueurs et encadrement à d’interminables contorsions, les autorités montent au créneau. De concert avec l’AFLD, la Fédération et la Ligue regardent ainsi de très près la complémentation alimentaire. Les clubs et la sélection intègrent désormais cet aspect dans la préparation. Mieux vaut contrôler de l’intérieur que de chasser, sans garantie de succès, à l’extérieur. Pour la Coupe du monde disputée en Nouvelle-Zélande, Julien Deloire, architecte de la préparation, intègre les compléments alimentaires dans son programme. « En période de lourde charge, c’est essentiel, explique-t-il. L’alimentation ne suffit plus. Alors, on prend des compléments, mais on les teste, et ils sont certifiés. »
La certification, réponse à toutes les dérives ? Le label Wall-protect, qui travaille avec les syndicats Provale et l’UNFP pour le football, note un nombre croissant d’appels. Dans l’affaire Camborde, Dorian Martinez, le fondateur du label, a ainsi vu depuis 3-4 ans « beaucoup de joueurs, d’entraîneurs et d’institutionnels nous appeler pour savoir s’ils pouvaient recourir aux produits vendus » par l’ex-préparateur physique de la Section Paloise et des Pumas argentins. Des internationaux tels Damien Traille, Jérôme Thion, Maxime Mermoz (cliquez ici pour lire l'interview) ou l'Argentin Patricio Albacete ont eu recours à ses services. Il y a 2 mois, Camborde, sentant le vent du boulet, demande à Wall-protect de certifier ses produits. Trop tard. L’étau judiciaire s’est depuis refermé, laissant juste le temps au label d’inspecter l’usine du fabricant espagnol.
Le titre de l'encadré ici
+50% de contrôles pour le rugby !|||
Hausse spectaculaire des prélèvements effectués dans le rugby par l’Agence française pour la lutte contre le dopage (AFLD). En 2010, le gendarme français de la lutte antidopage a procédé à 855 contrôles, soit une hausse de 50% par rapport à 2009. Rugby et football ont fait l’objet d’un effort particulier. Les deux sports ont représenté environ 20% des contrôles réalisés en 2010. Toutes les catégories du championnat sont ratissées par l’AFLD. On se souvient du raid spectaculaire opéré dans les rangs de l’équipe première de l’USAP à la fin de l’année.