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"Il a pris trois balles dans le dos", l’avocat du clan Aramburu rejette la thèse de la "légitime défense"

Un an après la mort de Federico Martin Aramburu, tué par balle à Paris, l’avocat de la famille de l’ex-rugbyman argentin s’est exprimé ce mercredi dans Le Parisien. Selon lui, les auteurs présumés, proches de l’extrême-droite, n’ont pas agi en état de "légitime défense", comme l’ont laissé entendre leurs représentants.

Le monde de l’ovalie est encore sous le choc. Le cœur serré. Il y a un peu plus d’un an, Federico Martin Aramburu est mort dans les rues de Paris à l’âge de 42 ans. L’ex-rugbyman argentin, passé par Dax, Biarritz et Perpignan, a été tué par balles au cours d’une soirée marquée par une altercation dans un établissement de la capitale. Interrogés par Le Parisien, l’avocat de la famille Aramburu, Yann Le Bras, et celui de son ami Shaun Hegarty (présent à ses côtés lors du drame), Christophe Cariout-Martin, ont balayé la possibilité que les auteurs présumés (Loïk le Priol et Romain Bouvier) aient agi en état de légitime défense, comme l’ont avancé leurs représentants.

"Une espèce de légitime défense, ça ne peut pas aboutir à dix balles tirées à une cadence effrénée, explique Me Le Bras. La réalité de ce dossier, c’est que Federico Martin Aramburu a pris quatre balles de Loïk Le Priol, dont trois dans le dos. Par son passé militaire, on sait qu’il a une maîtrise absolue du maniement des armes. Il sait où et ce qu’il vise. Sa présentation des faits à cette audience est juridiquement irrationnelle et humainement obscène."

"Une désinhibition de l’extrême-droite violente"

Me Cariout-Martin s’étonne également du manque de solidarité affiché par les représentants de l’État dans cette affaire. En rappelant sa dimension politique vu le profil des auteurs présumés, proches de l’extrême-droite: "Le silence et l’absence de réaction de la classe politique après ces coups de feu en plein Paris dans une rue touristique m’ont marqué. Il n’y a pas eu de condamnation du ministre de l’Intérieur à l’époque, ni d’Emmanuel Macron ou de Jean Castex. Il y a depuis quelque temps une désinhibition de l’extrême droite violente (…) Il y a un élan électoral vers le Rassemblement national. Je ne confonds pas ces extrémistes violents avec les électeurs qui portent leur vote sur ce parti, mais ils en profitent. Ce sont parfois des groupuscules qui servent de support logistique à certains partis."

Me Le Bras pointe aussi les failles du système de surveillance des personnages jugées dangereuses en France, ce qui était le cas de Loïk le Priol et Romain Bouvier: "Factuellement, ces individus avaient interdiction d’être ensemble et de porter des armes. La réalité, c’est qu’ils sont ensemble, qu’ils portent des armes et qu’ils détiennent un impressionnant arsenal de plusieurs dizaines d’armes. La surveillance en fiche S et leurs contrôles judiciaires (mis en place dans le cadre d’un autre dossier) ont manqué leurs effets. On sait qu’il ne peut y avoir un policier derrière chaque activiste, mais est-ce qu’on avait pris la mesure de leur dangerosité?"

https://twitter.com/AlexJaquin Alexandre Jaquin Journaliste RMC Sport