
XV de France: pourquoi la révolution attendra

Pascal Papé, Scott Spedding et le XV de France - AFP
Un manque d’union
En utilisant près de 90 joueurs en quatre saisons de mandat, Philippe Saint-André a dilué les capacités de révolte du XV de France. A part les indéboulonnables trentenaires Mas, Dusautoir, Papé, Michalak, Szarzewski et les joueurs lancés et fidèlement conservés par le sélectionneur comme Fofana, Maestri, Bastareaud ou Talès, le groupe n’a finalement que peu de repères communs. La valse des allers et venues en sélection n’a pas contribué à donner une cohésion au groupe ou encore des liaisons internes susceptibles de contrebalancer le pouvoir des coaches. A la place ? Une forme d’inertie, qui confine au manque de caractère vu de l’extérieur.
Le moral des troupes au plus bas
Et c’est là le problème du XV de France aujourd’hui. PSA doit préparer ses troupes à jouer un incroyable quart de finale de Coupe du monde face aux All Blacks… alors qu’il a en face de lui des joueurs qui ont le moral dans les chaussettes. Entre les habitués de la feuille de match et les « coiffeurs » qui ont décroché depuis longtemps, la dynamique du XV de France est proche du zéro. « C’est plat », avoue même un joueur sur le sujet.
Où sont les cadres ?
A priori, impossible de voir les joueurs prendre les clés du jeu comme ce fut le cas en 2011, après la défaite du XV de Marc Lièvremont face aux Tonga et avant le quart de finale contre l’Angleterre. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, c’était une équipe de « capitaines » qui officiait. Les Servat, Mas, Nallet, Papé, Dusautoir, Bonnaire, Harinordoquy, Yachvili, Traille, Rougerie ou Clerc n’avaient pas besoin qu’on leur montre le chemin. Or, cette équipe de France 2015 est à des années lumières de cette maturité. Non seulement trop de jeunes vont continuer la route après cette Coupe du monde et seront toujours coachés par Yannick Bru (détail qui a son importance en cas de révolte présumée), mais en plus, ces mêmes jeunes n’ont pas les moyens de mener une rébellion.
De la friture sur les lignes… arrières
Mis en cause par des joueurs - spécialement durant et après la tournée calamiteuse en Australie - le technicien avait quitté le terrain d’entraînement avec pertes et fracas. Ses colères et son exigence agaçaient au plus haut point à la fois les tauliers et les nouveaux - Patrice Lagisquet était sur la sellette. Mais au lieu de prendre du recul (comme Emile Ntamack courant septembre 2011 durant le Mondial) ou d’être purement et simplement débarqué, il avait été conforté par la nomination en septembre 2014 de Serge Blanco comme chaperon au-dessus de Philippe Saint-André. Seulement, son rapport avec les joueurs en a souffert. L’animation offensive des Bleus souffre de la comparaison avec les meilleurs, comme ce fut criant dimanche au Millennium Stadium. Les joueurs sont bien sûr mis en cause mais, quand les micros s’éteignent, ils affirment, pour certains, ne pas se retrouver dans le plan de jeu. « On est nuls » lâche même un trois quart, de dépit. Un plaquage à l’encontre de Lagisquet.
Un débriefing musclé ?
La dernière chance que des choses bougent au sein du XV de France se situe ce lundi soir, lors de la grosse séance de débriefing vidéo entre le staff et les joueurs, prévue au Celtic Manor. Les mots choisis par l’encadrement, volontairement piquants, comme l’a promis Philippe Saint-André, et qui s’opposeront à la frustration des joueurs mais aussi la mise en cause appuyée ou non de certaines individualités auront certainement des conséquences. C’est de là que peut jaillir l’étincelle susceptible de secouer le groupe France et allumer l’incendie. Ou non.