
Moscato : « Supérieurs aux Anglais »

« Supérieurs aux Anglais » - -
J-J B : Richard Pool-Jones, les Anglais sont un peu prétentieux, non ?
R P-J : Ils ne sont pas prétentieux mais tout à fait objectifs.
J-J B : Vous ne trouvez pas l’équipe anglaise prétentieuse, avant le match de demain ?
R P-J : Non je ne pense pas. On est une équipe revenue de nulle part qui s’est formée dans la difficulté. On sait le mal qu’elle a depuis quatre ans. Elle est championne du monde en titre mais ce titre est devenu très théorique… Jusqu’à la semaine dernière. Maintenant, je pense qu’on a une réelle chance de victoire.
J-J B : Il faudra quand même battre les Français…
V M : C’est vrai que depuis 2003, ce titre est devenu un fardeau pour l’équipe anglaise qui a eu du mal à le traîner, à rebondir sur ce poids de médiatisation. Là ils reviennent très rapidement, depuis environ un mois, et ils sont de plus en plus menaçants. Après la dernière gifle prise contre les Sud-africains, ils se sont remis dans le coup, ils ont retrouvé une charnière et ça les remet sur rails. Mais il faudra qu’ils passent d’abord sur les français.
J-J B : Nous avons appelé Daniel Servais, préparateur physique de l’équipe de France.Comment est l’équipe de France physiquement ?
Daniel Servais : Les joueurs commencent seulement à récupérer vraiment depuis hier matin et je pense qu’ils seront disponibles et frais pour le match de samedi.
J-J B : Il a vraiment fallu récupérer après ce match contre les Blacks. Vous avez annulé des séances d’entraînement ?
D S : Non ça n’a pas été nécessaire. Sauf peut être individuellement pour un ou deux joueurs.
J-J B : Comment va Betsen ?
D S : Ça va bien. Apparemment il a retrouvé tous ses moyens. Sortir aussi vite a été un inconvénient mais aussi un avantage, dans le sens où il n’a pas été épuisé par l’intensité de la bataille qui a eu lieu à Cardiff. C’est peut être l’avantage. Quant à l’inconvénient c’est de ne pas avoir vécu ce rythme intense, qui, lorsqu’on en a récupéré, remplace tous les entraînements du monde.
J-J B : Pas de blessures de dernière minute ?
D S : Non pas du tout. Un petit passage viral, mais très modeste, pour Christophe Dominici mais rien de plus, ça n’a duré que 12 heures.
R P-J : On sait Daniel, que ton domaine est la préparation physique. Mais tu vis avec les joueurs… Tu vois aussi leur état psychologique. On dit souvent que l’équipe de France a du mal à supporter deux grosses performances de suite. Est-ce qu’elle est dans le doute, est-ce qu’elle va pouvoir relever le défi, être mentalement aussi forte que la semaine dernière ?
D S : Pour l’état psychologique, je crois qu’il n’y a pas tant de changement que ça. Les joueurs, la semaine dernière, étaient plus dans un état de révolte lié à leur mauvaise entame face à l’Argentine dont ils voulaient absolument se relever. J’ai eu plus l’impression qu’ils étaient empreints d’une détermination vraiment conséquente plutôt que dans le doute. Cette semaine, effectivement, tout le monde revient sur ce que tu dis, tu as raison d’en parler. Sur cette difficulté de devoir rééditer deux matchs difficiles à une semaine d’intervalle. Les joueurs sont dans un état de résolution mentale qui est un petit peu différent de ça. Ils ne sont pas non plus libérés car ils sont très humbles. Pas dans une euphorie démesurée, non plus. Ils sont raisonnés et rationnellement déterminés.
J-J B : Messieurs, est-ce que la France joue à l’anglaise en ce moment ?
V M : Je ne crois pas que ce soit jouer à l’anglaise, je crois que c’est jouer sérieusement. Le jeu de rugby contient de la défense. Il faut être très performant pour être champion du monde dans ce secteur là. Je crois justement qu’on est meilleur en défense que les anglais.
R P-J : Je pense que même la semaine dernière, l’équipe de France jouait contre une équipe qui était plus forte a priori. Elle a décidé de jouer avec une stratégie très fermée, elle a attendu de façon superbe toutes les opportunités. Je pense qu’elle ne va pas changer les choses radicalement contre l’équipe d’Angleterre même si c’est une équipe a priori moins forte que les Néo-Zélandais. Ils vont temporiser, attendre leurs occasions et ça pourra venir dans les vingt dernières minutes du match.
J-J B : L’idée c’est de ne pas faire de faute ?
V M : D’abord c’est de défendre et ensuite de ne pas faire de faute.
J-J B : Est-ce que la force de l’équipe de France ce n’est pas d’avoir un bon banc ? Sept joueurs sur le banc de grande qualité, au moins aussi bons que ceux qui sont sur le terrain. Alors que peut être l’équipe d’Angleterre n’a pas un banc de la même qualité…
V M : Certainement, je crois que depuis le début de la compétition, le staff technique de l’équipe de France nous parle d’une équipe de trente joueurs qui sont pratiquement à égalité en compétence. Donc oui, le banc est très fort. L’injection de gars comme Michalak à la soixantième minute, ou Chabal, ça donne énormément de qualité de jeu à cette équipe de France.
R P-J : Effectivement, je pense que l’équipe d’Angleterre n’a pas autant de possibilités derrière la mêlée, c’est un secteur qui est problématique pour cette équipe depuis quatre ans. Ce n’est pas parce que l’Angleterre a battu les Australiens, la semaine dernière, que ça change. En revanche, quand on voit des garçons comme Matt Stevens, le pilier droit qui a fait une coupe du monde très forte, on peut dire que devant, le banc de l’équipe d’Angleterre est fort.
J-J B : Le temps sera sec, c’est important ?V M : Oui c’est important et je crois que l’équipe de France a une capacité à se déplacer, à jouer énormément derrière, à pouvoir créer le danger au large. Donc le temps sec est bien entendu très important pour les appuis, les passes. Les anglais préféreraient qu’il pleuve.
R P-J : S’il pleut on va effectivement chanter !
J-J B : Ça se jouera sur quoi, demain ?
V M : C’est la capacité devant, comme toujours au rugby. Dans le combat. D’avoir toujours beaucoup le ballon, mais aussi dans la concrétisation. Est-ce que l’équipe de France va pouvoir envoyer du jeu ? J’ai confiance parce qu’ils ont toujours fait de gros matchs devant les Anglais. Je suis persuadé qu’on va améliorer la touche. Je suis persuadé que l’équipe de France sera performante. Derrière on a quand même des armes supérieures à celles des anglais.
R P-J : Je pense que ça dépend beaucoup de qui mène au score en début de match. Si l’équipe de France commence à mener au score dans la première partie du match, elle pourra se débrider et faire valoir le « french flair ». Malgré les prévisions de certains, qui disaient qu’elle jouerait le match de façon assez fermée comme la semaine dernière contre les All Blacks.