
Lapasset : "Le vainqueur ne gardera pas le trophée"

Bernard Lapasset - AFP
Le niveau sportif en hausse
"On a aujourd’hui une dimension sportive de très haute qualité, avec un nombre de nations de plus en plus fortes, qui se développent, qui se structurent. Les écarts entre les pays deviennent de plus en plus faibles, donc c’est une richesse pour nous. On voit que le rugby prend de l’importance. Et la qualité du jeu est en train d’évoluer au plus haut niveau. C’est vraiment une richesse extraordinaire pour nous. Et l’accompagnement économique, ainsi que des médias, est fantastique."
Des records d’audience…
"On a battu tous les records. En matière d’audience télé, le Japon a vraiment crevé le plafond avec 25 millions de téléspectateurs pour le match contre l’Ecosse. C’est extraordinaire. Les médias japonais nous disent que pour le prochain match du Japon, on sera à 30-35 millions. Les partenaires économiques sont là, aussi. On est aujourd’hui à hauteur de 150 millions de livres pour la Fédération internationale sur les quatre prochaines années. Ça permettra d’avoir un modèle financier qu’on va étendre entre les Fédérations du premier et du deuxième niveau, pour donner un peu plus à chacun. Ça permettra d’avoir une permanence dans leur formation et leur performance."
… et de billetterie
"On a battu tous les records avec 97% de billets vendus. On était autour de 93% en France, en 2007. A Wembley, le temple du football, on a battu le record avec 85 000 spectateurs pour le match Irlande-Roumanie. C’est vraiment extraordinaire. Sans oublier les fans zones. Même après la défaite de l’Angleterre, on a été très surpris par la présence de tous ceux qui voulaient voir ces matchs et avec l’accompagnement qui s’oblige ici, la bière, qui participe à la fête. On compte 1 à 1,5 million de spectateurs qui sont venus, peut-être un peu plus maintenant, se joindre à l’atmosphère extraordinaire qui a régné tout au long de la compétition."
Un problème avec l’Angleterre et de la France
"C’est un signal. Autant l’hémisphère nord a des capacités financières avec les marchés français et anglais qui sont encore 80% des ressources de la Coupe du monde, autant la dimension sportive est dans le Sud et ailleurs. Malheureusement, en France et en Angleterre, on n’a pas su évoluer correctement. C’est un problème qui se pose pour l’équilibre du sport au niveau international. On a vraiment besoin de retrouver de la sécurité, de la maturité, dans la façon d’aborder le monde professionnel en France et en Angleterre."
Le prix élevé des billets
"La politique tarifaire a été dosée. On savait que le marché en Angleterre, il est potentiellement fort, costaud. La livre anglaise a un niveau permettant d’avoir, en effet, des tarifs de billetterie plus élevés qu’ailleurs. Mais on a dosé cela. On a mis aussi des billets à 12, 15 livres pour permettre à chacun de venir voir des matchs. La référence financière a été bien gérée. Il y a eu un très bon suivi, un très bon équilibre. Tous les marchés ne sont pas au même niveau. On n’aura pas les mêmes références au Japon (en 2019, ndlr). Il faut savoir adapter le niveau de billetterie au marché."
Les temps de repos pour les petites nations
"C’est un vrai sujet d’équilibre dans la compétition. Déjà, sept semaines, c’est long. Donc il faut peut-être rééquilibrer ces sept semaines en fonction de priorités qu’on peut apporter sur le match qui est proposé et la façon dont les deux équipes ont été préparées. Je crois qu’il y a un bilan à faire, pour qu’on puisse avoir un équilibre plus serein pour la sécurité des joueurs, qui reste la préférence. On a vu une relative stagnation des blessures, voire une petite baisse, par rapport à 2011. On a un service médical bien adapté. Le monde professionnel s’organise. C’est du très haut niveau partout, y compris dans le Tier 2. C’est une obligation de suivre ces pays un peu plus dans le détail dans les années qui viennent. Et en même temps, c’est une sécurité réaffirmée pour les joueurs parce qu’on leur offre la capacité d’accompagnement leur permettant d’exercer leur métier dans des conditions tout à fait raisonnables."
Le troisième sacre de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie
"Le trophée ne sera pas gardé par la nation victorieuse. On garde ce privilège d’avoir un trophée qui est identifié par le nom, Webb-Ellis, le label sur le socle, "International rugby football board". On est vraiment dans la tradition. On est encore un petit jeune dans le monde professionnel pour pouvoir rentrer dans le domaine du « je m’approprie la coupe, je la garde, elle est pour moi ». Elle est encore pour tout le monde. Beaucoup de nations ont à vivre avec cette Coupe du monde. On a de nouvelles nations qui arrivent. Sachons les faire profiter du bonheur de voir ce trophée."