
Novès : « Je ne veux pas décevoir les joueurs »

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Guy Novès, quelle est votre définition du manager ?
C’est quelqu’un de dur, sensible, exigeant, tolérant. Il doit être ouvert aux autres, mais doit être capable de prendre ses responsabilités. Il bat la mesure. C’est un rôle très compliqué, mais tellement riche.
Doit-on se munir d’une carapace ?
On peut mettre une carapace quand les balles sifflent trop près. Mais il faut savoir aussi être perméable et ne pas être bloqué sur ses propres idées. Il faut avoir de l’écoute, que ce soit auprès des joueurs, du staff, et même des médias pour s’en servir pour faire avancer son groupe ou le réveiller.
Comment expliquez-vous votre longévité à Toulouse ?
Il ne faut pas se leurrer. On a eu des résultats assez éloquents dans la durée. Même si on a connu quelques échecs, comme le week-end dernier en Coupe d’Europe. Mais d’après ce que j’entends dire, les résultats sont ceux qu’aucun entraîneur n’a jamais eus. Quand on a des résultats, on a la confiance du patron, des joueurs, du staff et quand on est honnête et qu’on donne le meilleur, le patron se dit que plutôt changer, avec Guy Novès, le Stade s’en sort bien.
L’année dernière, vous êtes victime d’un accident de la route avant le match de Cardiff. Et pourtant, deux jours après, on vous voit au bord du terrain. Vous êtes un dur au mal…
J’ai été élevé dans une famille où tout n’a pas été facile. Tant qu’on respire, on peut avancer. Tant qu’on peut prendre le drapeau et sortir le premier de la tranchée devant ses soldats sans qu’ils réfléchissent, il faut le faire. Ce tempérament m’a toujours animé. Je veux que les joueurs aient une confiance en moi. Je ne veux pas les décevoir. Ce n’est pas une fracture d’une épaule qui m’empêchera d’aller au bord du terrain.
On sent que vous iriez au feu pour eux…
Tout le temps. Ils vont au feu sur le terrain pour défendre le club. Mon rôle est de les accompagner. Je leur parle vrai et leur dis ce que je pense. Même si c’est parfois dur à entendre.
Est-ce une histoire d’amour ?
Oui, mais ma vie personnelle est plus importante avec ma femme, mes trois enfants, la famille, des amis très importants. Chaque être doit être animé de quelque chose de fort pour avancer et être heureux. Moi, je suis heureux dans la compétition. Ce challenge de la victoire m’apporte toujours un peu plus chaque matin, quand je me lève. J’ai tout donné à ce club, en dehors de ma vie privée et ma vie familiale. Je ne vois pas pourquoi je quitterais ce bateau aujourd’hui.
Guy Novès a donc encore de belles histoires à vivre avec le Stade Toulousain…
Un moment, je me dirai que c’est l’heure d’arrêter et que je peux stopper ma vie professionnelle. Je serai quasiment sûr que les personnes qui prendront ma suite seront dignes du Stade Toulousain. C’est mon prochain challenge : passer le flambeau.
Quels sont vos plus gros regrets ?
Je sais que je ne peux pas tout gagner. On a déjà gagné plus que les autres et c’est déjà pas mal. Maintenant, on a joué deux finales de Coupe d’Europe qu’on a perdues. La première contre les Wasps, on l’a perd sur une erreur d’arbitrage (ndlr, un ballon qui rebondit sur la ligne de touche n’est pas signalé sorti). La deuxième, on la cède de trois points contre le Munster. On a notre part de responsabilité, mais l’arbitrage est incompréhensible sur les dernières minutes.