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Champions Cup : pourquoi Twickenham sonnera creux pour la finale Toulon-Clermont

Twickenham

Twickenham - AFP

A moins de cinq mois de la Coupe du monde, voilà une publicité dont se seraient bien passés les Anglais. Twickenham, l’antre du rugby d’outre-Manche, sera très loin de faire le plein samedi pour la finale de la Champions Cup entre Toulon et Clermont.

Samedi, Twickenham ne sera pas assailli de monde. La principale raison n’est pas forcément sportive et n’a pas grand-chose à voir avec l’affiche 100% française entre Toulon et Clermont. Si la présence d’un représentant britannique aurait sûrement sauvé les meubles, c’est surtout la politique tarifaire de l’EPRC, l’organisateur de la compétition, qui a refroidi les ardeurs des supporters. Avec des tarifs allant de 54 à 112 euros, soit les tarifs habituellement pratiqués lors du Tournoi des VI Nations, la vente des billets n’a pas explosé. Au contraire.

Un match à 500 euros pour le supporter toulonnais

Twickenham sera à moitié plein. 35 000 billets, seulement, ont pour le moment été écoulés. Et pour cause… du côté de Toulon par exemple, il faut débourser au minimum 400 euros par tête (transport et place comprise) pour assister à la finale. « Les supporters ont envie d’être présents et de vivre ce moment historique si Toulon fait le triplé. Mais c’est un match à 500 euros la journée, souligne Jérôme Lecompte, le président de l’association de supporters « les fils de Besagne ». Ça freine. Les saisons sont longues et depuis près de quatre saisons, le RCT dispute une finale. Pour le porte-monnaie, c’est compliqué. » Même son de cloche du côté de Clermont où les tarifs sont sensiblement les mêmes pour faire le déplacement à Londres.

Si la politique tarifaire est un premier frein très important, le délai entre les demi-finales et la finale de la Champions Cup est également très court pour s’organiser et remplir Twickenham. Avec seulement quinze jours de battement, la billetterie n’a pas eu le temps de s’affoler. « Nous aurions certainement dû nous donner une semaine supplémentaire pour l’organiser, a reconnu Paul McNaughton, patron par intérim de l’EPCR (organisateur de la coupe d’Europe). La saison prochaine nous sommes tombés d’accord pour organiser la finale le 14 mai. Ça nous aidera. » Pour tenter de minimiser ce fiasco, l’EPCR a tenté de réagir. Car après avoir rapatrié la finale en Angleterre alors qu’elle avait initialement été programmé en Italie, voir Twickenham à moitié plein serait un sacré bide pour la popularité de la Coupe d’Europe nouvelle formule… mais surtout un mauvais coup financier pour l’EPCR, qui a loué à prix d’or le temple du rugby.

Pour sauver les meubles, des places à… zéro euro !

L’instance européenne a donc mis en place, dans l’urgence, des mesures pour garnir un peu plus les travées de Twickenham. Plusieurs opérations séductions ont été lancées auprès du grand public et des amoureux du rugby avec l’offre « un place achetée, deux places offertes » proposée aux clubs. Dimanche, on pouvait même trouver des places à 0 euros… ou plutôt 1,40 euros pour frais de gestion, avec un maximum de deux places par personne. Le site de Var Matin a fait le test et obtenu deux « précieux » sésames en tribune Est. Cette démarche de l’EPCR a eu le don de déchaîner les supporters sur les réseaux sociaux. On comprend pourquoi. Avec cette finale, l’organisateur de la Coupe d’Europe enchaîne les camouflets. Et ce n’est pas cette centaine de places « gratuites » - qui ont trouvé « preneur » - qui permettront de faire le plein à Twickenham.

La Fédération anglaise (RFU), avec le soutien de la Ligue anglaise (Aviva Premiership), a également tenté de sauver les apparences avec une autre offre : « Une place pour la finale du championnat anglais achetée = une place pour la finale de la Coupe d’Europe offerte ». Mais là encore, l’engouement n’a pas pris car les supporters anglais ne se passionnent pas pour une finale franco-française.

La première édition de la Champions Cup va donc se conclure sur un flop. Sans oublier que l’EPCR, qui avait, sous l’impulsion des britanniques et au détriment des celtes, fait le forcing pour récupérer l’organisation de la prestigieuse compétition, avait annoncé lors de la création de la compétition l’arrivée de cinq gros sponsors. Un an plus tard, seul Heineken, partenaire historique, est au rendez-vous. « Nous avons décidé que nous n’annoncerions pas de nouveaux sponsors en cours de saison, a tenté de justifier Paul McNaughton. Notre deadline est désormais le début de la saison prochaine, que nous avons fixé au mois de novembre. » Mais en attendant, il va bien falloir assumer le fiasco de samedi

Maxime Raulin (avec L.D)